Essai Leopard 42, partie 1 : un style et de l'ambition

Vu de l’extérieur, l’air de famille est immédiat, car il reprend les codes esthétiques initiés sur le Leopard 50. C’est tout d’abord une grande ligne de hublots de coques, très "géométrique" qui laisse imaginer une belle luminosité et une vision sur la mer plus que séduisante dans les cabines. Ce sont ensuite ces bordés sculptés dans leur partie haute jusqu’aux étraves qui limitent l’impact visuel d’un franc bord imposant. Enfin, ce sont ces vitrages de roof verticaux sans montants apparents, avec la longue casquette de roof qui s’avance pour s’assurer que les vitrages soient toujours bien à l’ombre. Il y a quelque chose de très contemporain, une vraie personnalité dans ce design qui se démarque avec subtilité de la production européenne.
Style extérieur : la géométrie de l’espace
C’est sur la Côte d’Azur, dans la baie de Saint-Raphaël, le fief de Leopard en Europe depuis 2010, que nous tirons les premiers bords du Leopard 42. Si les températures restent fraîches, les conditions sont idéales avec un vent oscillant entre 8 et 12 nœuds et une mer belle, bleu carte postale. Dès la sortie du port la logique du plan de pont apparaît limpide. Tout revient au poste de barre surélevé sur tribord, à l’arrière du roof. On y accède soit depuis le cockpit, soit depuis le pont. Toutes les manœuvres y reviennent sans exception, parfois au prix de multiples renvois, comme pour la bosse d’enrouleur. Malgré la qualité de l’accastillage, cela induit quelques efforts additionnels qui justifient pleinement les trois winches électriques, au lieu d’un en série, demandés par le propriétaire de cette unité. Une personne seule peut ainsi tout réaliser en solo, alors que rien ne viendra troubler le confort et surtout pas la sécurité du reste de l’équipage. Toute la philosophie Leopard est là, à l’image du double palan de grand-voile en lieu et place des traditionnels rails et chariots jugés sans doute trop risqués. Il faut dire que le roof est aménagé en un espace lounge qui a été le lieu de toutes les conversations durant notre demi-journée en mer. Bonne nouvelle, la bôme ne pourrait pas être plus basse sans ce lounge, il faut donc rester prudent en navigation, mais quel espace privilégié.
Un croiseur bien vivant
La brise est faible mais une fois les deux moteurs Yanmar de 45 CV éteints le Leopard 42 continue à avancer à 5 nœuds au près dans tout juste 10 nœuds de vent. Il faut dire qu’il n’a cédé ni à la mode du recul du mât ni à celle du solent auto-vireur. Une belle grand-voile à corne, un génois à recouvrement, un redan de coque à l’angle prononcé qui réduit la surface mouillée et un déplacement maîtrisé juste en dessous de 12.5 tonnes, ne le classent pas parmi les coureurs au large mais parmi les croiseurs vivants. Mais dans ce souffle léger il y a encore mieux pour sentir ce bateau vivre, un joli gennaker de 95m². Alors on prend la barre, ferme mais directe grâce à ses drosses, et on abat jusqu’au vent de travers. On sillonne alors la baie entre Saint-Aygulf et le rocher du Lion de Mer entre 6 et 7 nœuds. Mais si vraiment le vent vient à vous abandonner, vous pourrez toujours compter sur les hélices tripales pour rejoindre le mouillage le plus proche à 7,6 nœuds (vitesse de croisière à 2 300 tpm) voire 8,8 nœuds (vitesse max à 3100 tpm). Une fois à l’ancre, dont le chemin de chaîne sait se faire discret puisque le davier est en arrière du trampoline, en plus du lounge déjà évoqué, les espaces extérieurs ne manqueront pas pour profiter de tous les plaisirs sur l’eau : grande table de cockpit sur bâbord pour dîner « al fresco », méridienne sur tribord pour farniente, grandes jupes (1,60 m de large) pour se baigner et enfin immense bain de soleil avant pour bronzer.
Nous aurions aimé essayer le bateau dans des conditions plus musclées, une mer plus formée, pour valider notamment une hauteur sous nacelle mesurée à un petit 62 cm à l’aplomb de la poutre arrière. A défaut nous rentrons au port apprécier les deux prises de quai disponibles en série, une à l’arrière de chaque coque et essayer le bossoir basculant sur treuil électrique capable de soulever 200 kg, sans vraiment de limite de longueur pour l’annexe qui est en arrière des jupes. Dès l’extérieur, qu’il s’appelle Leopard pour les clients privés ou Moorings dans les flottes de location, ce 42 pieds nous surprend plus qu’agréablement. Si l’intérieur fait aussi forte impression que l’extérieur, comme le ramage se rapporte au plumage, il justifiera pleinement que 50 exemplaires aient été déjà commandés dans le monde alors qu’il n’a encore été présenté officiellement qu’aux Etats-Unis. Alors rendez-vous jeudi dans Figaro Nautisme pour découvrir des aménagements… qui ont tout d’un grand !
Fiche technique
Longueur hors-tout : 12,67 m
Longueur flottaison : 12,44 m
Largeur hors tout : 7,04 m
Tirant d'eau : 1,40 m
Hauteur de mât : 20,68 m
Motorisation : 2 x Yanmar 45HP Diesel saildrive
Carburant : 600 l
Eau : 660 l
Surface de grand voile (standard) : 66,6 m²
Surface de grand voile à corne : 70,1 m²
Surface de génois : 46,5 m²
Surface de spi : 154,5 m²
Code 0 : 62,8 m²
Gennaker : 94,9 m²
Déplacement : 12467 kg