
2) CONSERVATION :
2-1 LE CONTENU :
Sainte-Lucie, décembre 2017 : deux jours après PretAixte accoste face à son étrave un Swan 48 parti avec lui et l’ARC+ il y a dix-sept jours. Ambiance morose à bord de ce beau bateau, un équipier débarque très rapidement du navire norvégien. Le propriétaire outrepassant les recommandations du constructeur du dessalinisateur à orienté l’écope de puisage d’eau de mer vers l’avant : au moins, pensait-il, y’aura du débit ! La belle pompe de gavage du tout neuf dessalinisateur n’a elle absolument pas apprécié la plaisanterie. Fin du water maker. Le problème est que l’eau dans les tanks avait tourné, par pullulation microbienne. On n’était pas loin de la mutinerie, il a fallu quasiment cadenasser les bouteilles d’eau de secours. Deux leçons et un addendum à en tirer:
1) Il est bien que la sortie d’eau douce du dessalinisateur puisse être isolée du circuit général, réservoir tampon ou clarinette de distribution.
2) J’emploie depuis très longtemps Aquaclean de Yachticon, un produit stérilisant à verser dans les tanks, c’est à base de sel d’argent, absolument sans odeur et sans effet secondaire. Avant chaque traversée, comme lors de longues stations sans utilisation, l’eau est traitée. Il en est de même de l’eau en bidon.

3) Et pourquoi pas de l’eau de Javel ? Ce n’est pas tant pour le gout que par respect pour les membranes du dessalinisateur qui n’apprécient pas du tout le chlore, chaque rinçage avec l’eau des tanks les détruirait.
2-2 LE CONTENANT :
2-2-1 Les réservoirs : l’avantage du métal est l’absence d’odeur. Il faut au moins deux réservoirs indépendants, isolables par des vannes et des clarinettes, avec éventuellement un réservoir tampon pour le Dessalinisateur. Le volume est, on l’a vu, affaire de tempérament. Disons que le confort relatif commence à au moins 300 litres pour ce genre de programme
2-2-2 Les bidons : deux jerrycans de 20 litres pleins d’eau traitée à l’Aquaclean semblent raisonnables et suffisants comme secours : 40 kilos
2-2-3 L’eau en bouteille : pour faire joli, et surtout de la pétillante, c’est plus gai ! 12 bouteilles de 1,5 litres : 18 kilos
2-2-4 L’eau de rations de survie : quatre packs en poches plastiques sont à poste, à côté du radeau de survie, ils peuvent coulisser le long du bout d’amarrage pour être récupérés en cas d’abandon : 4 kilos.

2-2-5 Au total :
Avec ces 62 litres d’eau de secours, hors les réservoirs donc, cela représente l’équivalent de 24 rations individuelles (2,5 litres/jour/personne).
On peut donc tenir une semaine à quatre équipiers, sans compter le Survivor 35…les bières et le vin, c’est donc largement suffisant et peu pénalisant pour la sécurité du bateau ces 62 kilos !
Rappelons que les « World Sailing OSR » recommandent comme eau de secours en réserve : 9 litres dans un récipient scellé, et 1 litre par personne et par jour en l’absence de dessalinisateur ou 0,5 litre par personne et par jour si un dessalinisateur est à bord.
Ainsi selon ce schéma des OSR : pour une traversée Galápagos/Marquises qui dure en moyenne 21 jours il faut à trois personnes prévoir 72 litres sans dessalinisateur soit ((1x21x3) +9) litres et 41 litres avec dessalinisateur soit ((0.5x21x3)+9)litres.
Nos réserves de secours sont donc suffisantes pour cette plus longue des traversées.

3) DISTRIBUTION :
3-1 MESURE DES CONSOMMATIONS :
Le Chantier X-Yacht installe un compteur d’eau sur le circuit de distribution, c’est bien, mais imparfait, car il s’agit d’un compteur individuel d’habitation dont l’unité est le mètre cube. Depuis 25 ans, je fais installer sur chacun de nos bateaux de croisière, systématiquement, un compteur d’eau dont la lecture, en litre, et la remise à zéro se font à la table à cartes. INDISPENSABLE pour gérer quotidiennement et efficacement l’eau.
Cette gestion de l’eau doit être serrée, la consommation et la production étaient notées chaque jour sur le livre de bord : il est ridicule de terminer une traversée les tanks pleins…Les cinq derniers jours je laissais 100 à 150 litres seulement en réserve sur les 550 que nous avons.
3-2 DES FILTRES :
3-2-1 Sur notre circuit un filtre fin et installé par le chantier, il a été régulièrement contrôlé et nettoyé pour éviter la pullulation microbienne durant le voyage.

3-2-2 Mais le champion c’est le filtre Nature Pure d’Aquapure. Il s’agit d’un filtre céramique inventé pour les besoins de la NASA et le recyclage de l’eau usée à bord des engins spatiaux. Il trouve une place de choix à bord de nos bateaux. En pratique le circuit part d’une clarinette alimentée par l’eau des tanks, qui est amenée par une pompe à pied jusqu’au filtre céramique (de la taille d’une bouteille de lait de 50 cl), puis est distribuée sur l’évier de cuisine par un petit col de cygne lui aussi en céramique et qu’un robinet commande. L’eau est bactériologiquement absolument saine et sans aucun goût ! Fini les corvées d’eau en bouteille et les poids inutiles. Chaque équipier à un verre jetable (pas de vaisselle donc) marqué à ses initiales et qu’il remplit à son gré en pompant avec le pied et qu’il change à sa guise. Il n’y a bien sur aucune nécessité d’électricité bien que sur certains bateaux charters ces filtres soient montés en amont de chaque lieu de puisage. Nous consommons environ un filtre tous les six mois : cela rend l’eau potable à un prix ridicule. INDISPENSABLE +++
3-3 DES POMPES :
3-3-1 Electrique, c’est celle du groupe d’eau, sur PretAixte le chantier l’a installée à côté de la pompe d’eau de mer (deck wash pump) qui peut pallier en cas de défaillance uniquement en changeant les branchements des canalisations. Avant le départ du WARC nous avons fait cependant l’acquisition en Martinique d’une pompe supplémentaire de rechange qui n’a pas eu à être utilisée. Mais c’est sans regret, elle remplace maintenant la pompe qui a fonctionné durant deux ans.
3-3-2 A pied, pour l’eau douce elle a été déjà citée pour le filtre Aquapure pour d’évidentes raisons de sécurité et d’autonomie. Comme la vaisselle est grande consommatrice d’eau nous avons donc aussi une pompe à pied d’eau de mer sur l’évier de la cuisine, cela me semble indispensable en grande croisière. Ces deux pompes sont bien sur identiques. Une pompe à pied de rechange n’était pas superflue tant la qualité de ces matériels n’est plus ce qu’elle était. Pour ce qui concerne l’eau de mer, elle se décompose trés vite sous ces climats chauds quand elle stagne. Au retour, à La Rochelle, nous avons donc installé un robinet trois voies en aval du passe coque de puisage pour pouvoir rincer au vinaigre d’alcool et désinfecter ainsi la tuyauterie régulièrement.

3-4 DES CANALISATIONS :
Il faut du rechange : du tube rouge, du tube bleu et des raccords adaptés. Ce qui n’empêche pas d’avoir quelques morceaux de tuyaux armés de différents diamètres, quelques éléments de raccord en cuivre et des colliers, ainsi que la panoplie complète des raccords Gardena. Ce n’est pas lourd, peu encombrant et il y a bien un moment où on va en avoir besoin.



3-5 DU BALLON D’EAU CHAUDE :
C’est un animal fragile qui peut faire perdre beaucoup d’eau par rupture du réservoir. Il faut pouvoir le shunter et aussi shunter la dérivation qui assure le chauffage par le circuit de refroidissement du moteur.
Voilà, c’est tout pour l’eau. Bien sûr en navigation océanique nous coupons le circuit de la pompe électrique au moins la nuit pour ne pas avoir de mauvaises surprises au petit matin.
Et maintenant si on allait boire un coup ?
Si vous n'avez pas encore lu la première partie, n'attendez plus c'est par ici !