Les huiles moteur : quels sont leurs rôles ? Comment faire le bon choix ?

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Chez les accastilleurs et les motoristes, le rayon des huiles est l’un des plus fourni. Non seulement sont inscrites sur les bidons les références sur le type comme monograde, multigrade, de synthèse, de semi-synthèse ou minérale, mais aussi les normes API, ACEA, ainsi que des appellations propres à chaque marque. Pour vous y retrouver, nous vous donnons les conseils pour faire le bon choix en fonction de votre moteur 2T ou 4T.

Chez les accastilleurs et les motoristes, le rayon des huiles est l’un des plus fourni. Non seulement sont inscrites sur les bidons les références sur le type comme monograde, multigrade, de synthèse, de semi-synthèse ou minérale, mais aussi les normes API, ACEA, ainsi que des appellations propres à chaque marque. Pour vous y retrouver, nous vous donnons les conseils pour faire le bon choix en fonction de votre moteur 2T ou 4T.

Le rôle de l’huile : protection et refroidissement

Dans un moteur 4T, il y a un nombre important de pièces mobiles (paliers, cylindres, arbre à cames, etc.). Pour éviter que ces pièces en mouvement ne se grippent par contact métal sur métal, l’huile dépose entre elles un film protecteur et assure jusqu’à 40% de la fonction de refroidissement. Dans un moteur 2T, il y a deux solutions soit l’huile est mélangée au carburant soit le moteur possède un réservoir d’huile. Ce dernier va alimenter une pompe qui réalise le mélange essence/huile.

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Filtre à huile© Albert Brel

Les normes : les seules indications significatives

Pour définir la qualité d’une huile, il existe des normes précises qui sont indiquées sur les bidons : les américaines API (American Petroleum Institute) et les européennes ACEA (Association des Constructeurs européens d’Automobiles).

La norme API est caractérisée pour l’essence par la lettre S (comme spark qui signifie en anglais étincelle) et pour les diesels par C (compression). Ces lettres sont suivies d’une seconde lettre qui détermine le niveau de performance.

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Inscriptions sur le bidon© Albert Brel

Selon les normes API, nous avons :

Pour les moteurs essence

SG : répond aux exigences des constructeurs depuis 1988.

SH : norme SG plus une assurance qualité.

SJ : depuis 1996, norme SH plus une sévérisation en oxydation et phosphore.

• Pour les moteurs diésel

CD/CF/CE : pour moteur moderne avec ou sans turbo.

CF4 : CD/CF/CE avec addition d’un test de micro-oxydation.

CG4 : pour moteur fortement sollicité.

Selon la norme Européenne ACEA, trois lettres définissent les catégories de moteur :

A pour les moteurs essence,

B pour les moteurs diesel,

E pour les moteurs diesel turbo européens, E1 (rendement modéré), E2 (rendement élevé), E3/E4/E5 (rendement très élevé).

Quant aux chiffres qui suivent les lettres, le premier est lié à la qualité de l’huile : 1 (économise le carburant), 2 (rendement modéré) et 3 (rendement élevé) et les deux derniers donnent le millésime.

Par exemple, une huile marquée B2-23 signifie une huile pour moteur diesel (B), rendement modéré (2), millésime 2023 (23).

Fluidité : une affaire de température 

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Filtre à surveiller© Albert Brel

Une huile est plus ou moins fluide en fonction de la température. Pour empêcher les contacts métal sur métal, l’huile doit circuler très rapidement dans le moteur dès son démarrage. A chaud, l’huile ne doit pas être trop fluide pour éviter la rupture du film d’huile entre les pièces métalliques. L’indice de viscosité (le même dans toutes les normes) indique la fluidité de l’huile à froid et à chaud. Une huile marquée 10W-40 est une multigrade qui assure la lubrification à froid et à chaud. Plus le premier chiffre est petit, plus l’huile est fluide à froid et adaptée à une utilisation à basse température, plus le second chiffre est élevé plus l’huile est visqueuse à chaud et capable d’affronter de hautes températures. Pour une navigation en Manche-Atlantique, une 10W-30 est bien adaptée. En Méditerranée, on lui préférera une 10W-40 ou une 20W-50. L’huile monograde n’est pas recommandée sur un bateau.

Les grandes familles : minérale, de semi-synthèse, de synthèse 

Une huile est dite minérale lorsqu’il n’y a pas de transformation du produit d’origine, on y ajoute simplement des additifs (jusqu'à 25%) qui ont pour but de la rendre conforme aux normes. Une huile de semi-synthèse reprend la même formulation avec en plus une base synthétique dans des proportions de 10 à 30%. Une huile de synthèse est, quant à elle, obtenue à partir du pétrole brut dont on modifie la molécule par traitement chimique (plus onéreuse). Les pétroliers affirment qu’une huile de synthèse a une structure chimique très stable qui permet d’obtenir un indice de viscosité élevé qui reste stable avec le temps.

Bien acheter : ne se fier qu’aux normes

Les bons repères sont les normes. Les autres indications portées sur le bidon ne sont que commerciales. Toutes les huiles modernes sont miscibles entre elles. Vous pouvez sans danger mélanger une monograde avec une multigrade, une minérale avec une de semi-synthèse ou une de synthèse et cela toutes marques confondues. Le résultat que l'on obtiendra, sera celui de l'huile la moins performante. Quant aux huiles spéciales marines, elles sont censées repousser les agressions de l’eau de mer. Pour les spécialistes (chimistes) toutes les huiles à base pétrolière éviteraient la corrosion, seules les normes font foi. Pour les moteurs d’ancienne génération, les motoristes conseillent de la multigrade.

Le contrôle de l’huile moteur : important

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Le niveau d'huile doit être entre max. et min.© Albert Brel

Le contrôle du niveau d’huile à l’aide de la jauge doit être fait journellement avant de lancer le moteur. Lorsque l’on tourne la clef de contact, les voyants (huile, eau, charge) doivent s’allumer et s’éteindre dès que le moteur est lancé. L’idéal est d’avoir un indicateur de pression d’huile, il doit indiquer celle donnée dans la notice du moteur (3 à 5 bars) malheureusement s’il est présent sur la majorité des tableaux de bord des bateaux à moteur, il l’est rarement sur les voiliers. Si le voyant d’huile reste allumé, il faut immédiatement arrêter le moteur et en chercher la cause. Les plus probables sont : un manque d’huile, une fuite, la crépine encrassée ou un défaut de la pompe à huile. S’il manque de l’huile, il suffit de refaire le niveau et le moteur doit retrouver son fonctionnement normal. Les autres causes dues à une fuite soit au carter moteur cache culbuteur soit aux filtres, sont bien souvent difficiles voire impossibles à dépanner en navigation. Il faut impérativement couper le moteur pour ne pas risquer de blocage et de détériorations importantes.

Quand doit-on vidanger ?

Si vous naviguez toute l’année, il suffit de respecter le nombre d’heures indiquées par le motoriste en moyenne toutes les 100 heures pour la vidange et pour le changement de filtre une vidange sur deux. La majorité des plaisanciers hiverne leur bateau et la question se pose : doit-on vidanger en fin de saison ou après l’hivernage ? Sur ce point, les mécaniciens n'ont pas le même avis, certains prétendent que laisser l’huile sale qui peut être chargée de particules de métal pendant plusieurs mois, est nocif pour le moteur. Alors que d’autres considèrent que si l’on vidange en fin de saison, l’huile aura perdu ses propriétés au printemps. Que faire ? Nous avons vu que les huiles possèdent des additifs et peuvent rester plusieurs mois sans perdre de leur qualité. De ce fait, il est conseillé de vidanger et de changer les filtres en fin de saison. Cela permet de vérifier que tout est correct, pas de particules métalliques dans l’huile, état des filtres, fuites. Si vous constatez sur le bouchon de remplissage voire sur la jauge des trainées blanches (type mayonnaise), cela signifie qu’il y a présence d’eau dans l’huile.

Cas particulier sur les moteurs 2T

Sur les moteurs 2T, l’huile est mélangée au carburant. Bien que possédant des additifs pour assurer une bonne combustion et la lubrification, il est conseillé sur les moteurs travaillant avec du mélange de vidanger le réservoir à carburant en fin de saison, s’ils possèdent un réservoir à huile séparé, il faut le vidanger et mettre de l’huile neuve en début de saison.

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Un entonoir évite de renverser l'huile

Nos conseils

- Vérifier le niveau d’huile avant chaque sortie.

- S’assurer qu’il n’y a aucune fuite.

- Stopper immédiatement le moteur si le voyant d’huile s’allume ou l’indicateur de pression baisse.

- Avoir à bord un bidon d’huile et un filtre.

- Ne jamais lancer un moteur qui manque d’huile.

- Respecter les intervalles (vidanges, filtres) donnés par le constructeur du moteur.

- Prendre une huile conforme à votre zone de navigation.

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Vérifier qu'il n'y aucune fuite d'huile et d'eau© Albert Brel

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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