
Pourquoi une plaisance écologique ?
Naviguer, cela signifie forcément, en tout cas en plaisance, être à l’écoute de son environnement, ne serait-ce que pour une question de sécurité. Et ce milieu est particulièrement fragile et en grand danger. Alors, si dans notre pratique régulière, on peut éviter d’aggraver la situation, c’est déjà cela de pris ! Quelques gestes simples peuvent suffire à faire la différence. Oui, on peut vouloir « naviguer propre » au sens écologique du terme, dans le but de sauvegarder notre espèce mais aussi, plus prosaïquement, pour continuer à profiter de cet exceptionnel terrain de jeu que nous offrent les océans. La connaissance de ce milieu fragile et sa préservation font maintenant partie intégrante du « bon sens marin », tout comme gérer sa météo, la sécurité à bord et la navigation !
Des solutions pour naviguer « plus propre » ?
Pour limiter la pression sur certaines zones sensibles et/ou remarquables, les mouillages, la pêche et les accès y sont régulés. Et cela fonctionne. Les mérous sont revenus en nombre à Port Cros et quand on trouve une place pour mouiller aux Tobago Cays, aux Baths ou aux Lavezzi, on en profite pleinement, sans être entassés les uns sur les autres. Et que dire des réservoirs à eaux grises et noires qui nous permettent, dans les mouillages sur-fréquentés, de profiter des baignades sans arrières pensées ?
C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Le constructeur de catamarans Fountaine-Pajot a réalisé une étude des impacts sur l’environnement de ses bateaux. Le résultat conclut que 20% des émissions de gaz à effet de serre dans la vie d’un bateau sont liés à sa construction. Il reste donc 80% pour l’utilisation ! Il est donc essentiel de construire des bateaux selon des normes plus écologiques mais aussi de les imaginer pour qu’ils soient moins émetteurs dans leur exploitation au quotidien et dans leur fin de vie...

Quelle construction nautique pour demain ?
A quelques rares exceptions, les bateaux de plaisance construits aujourd’hui sont quasiment tous en composite. Cette méthode est simple et permet de produire des navires en grandes séries. On applique dans un moule une résine - souvent polyester - renforcée par de la fibre de verre, du kevlar ou encore du carbone. Des produits tous dérivés du pétrole et qui, une fois assemblés, sont quasiment impossibles à séparer et donc, à recycler efficacement. L’industrie nautique développe des solutions, comme des résines intégrant un certain pourcentage d’éléments recyclés, ou des fibres naturelles comme le lin ou le bambou en lieu et place de la traditionnelle fibre de verre. Le groupe Bénéteau propose déjà des unités (comme le Jeanneau Sun Fast 30 One Design) fabriquées à base de résine recyclable. L’objectif affiché du groupe est de réduire ses émissions de CO2 de 30% d’ici à la fin de la décennie via des solutions technologiques en utilisant des résines biosourcées mais aussi des foils ou encore de nouvelles motorisations : électriques, hybrides, etc.
Diesel, électrique, pile à combustible... : quelle énergie choisir pour son bateau ?
Marc Van Peteghem, célèbre architecte naval - dont les bateaux ont gagné toutes les courses possibles depuis 40 ans, mais aussi concepteur des Lagoon, Outremer, etc. - a une formule qui résume tout : « Light is green ». Que l’on pourrait traduire par « la légèreté est la véritable écologie ». Et oui, un bateau léger a besoin de moins d’énergie pour avancer, il est donc important de limiter les équipements pléthoriques - et lourds - à bord. C’est vrai pour les voiliers, c’est encore plus le cas pour les bateaux à moteur. Des moteurs qui sont de plus en plus efficients et qui peuvent être alimentés maintenant par différentes énergies, comme le gasoil, l’électricité ou, pourquoi pas, une pile à combustible.

Si les moteurs diesel émettent moins de CO2 que ceux à essence, ils restent alimentés par un combustible fossile particulièrement polluant et nocif pour notre climat (NDLR : on parle ici d’un fait scientifique et non pas d’une opinion). Les moteurs électriques sont une solution intéressante dans le cadre d’un voilier qui n’a besoin de propulsion que pour les manoeuvres de port. Ils peuvent être rechargés par des énergies renouvelables (panneaux solaires - éoliennes - hydrogénérateurs). Par contre, cela ne peut suffire, aujourd’hui, à remplacer le gasoil sur les bateaux à moteur qui ont besoin d’une bonne autonomie. La pile à combustible pourrait être une solution intéressante. Mais la production de méthanol ou d’hydrogène pour l’alimenter est essentiellement réalisée à base de charbon ou de gaz... Le méthanol produit avec des résidus agricoles n’aura jamais une production suffisante pour répondre aux besoins de la plaisance. Et oui, rien qu’en France, on compte 13 millions de plaisanciers. Et, chaque année, 12 000 nouveaux viennent rejoindre cette cohorte de passionnés.
Une utilisation des bateaux plus cohérente ?
La réalité de l’utilisation des bateaux de plaisance par ces millions d’utilisateurs est assez compliquée à appréhender. Les études documentées sur le sujet sont rares et assez anciennes. En 2014, 54% des plaisanciers déclaraient, par exemple, sortir en mer entre 10 et 40 jours par an. Cette sous-utilisation des navires de plaisance associée à un coût d’acquisition et d’entretien important et au manque de places dans les ports a ouvert la voie à de nouvelles pratiques. La location, la copropriété ou la co-navigation, le fluvial et la création de services de location entre particuliers ou via des « clubs de propriétaires » par des plateformes spécialisées sont en plein essor.

Ces nouvelles pratiques sont-elles une solution pour limiter l’impact de la plaisance sur notre environnement ? Pas forcément, mais elles répondent à une réalité : la demande croissante de plus en plus d’utilisateurs pour des activités multiples et différenciées et non plus centrées sur une seule passion... Espérons que ces nouvelles manières de vivre la mer permettront aussi d’imaginer une industrie nautique plus écologique !
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