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François Gabart et Armel Le Cléac’h remontent l’Atlantique Sud à bonne allure. Jean Le Cam a franchi le cap Horn.
Mardi après-midi, face à des vents de secteur nord mieux établis, François Gabart (Macif) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire) remontaient l’Atlantique Sud au près entre 13 et 14 noeuds. Une cadence élevée à ces allures face au vent qui convenait à Gabart. « Ça va pas mal, on fait tout pour que ça se passe bien en tout cas. On n’est pas complètement au près mais pas loin et ça va durer quelques jours. On n’a pas des vitesses extraordinaires mais on fait route vers les Sables, c’est le plus important ». Un leader qui compte désormais 103 milles d’avance sur Le Cléac’h. Un écart qui devient significatif car Banque Populaire est maintenant calé dans le sillage de Macif.
Lundi noir pour Dick
Relégué à 447 milles de Gabart, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) n’est pas prêt d’oublier sa journée d’hier. « C’était un lundi noir. J’ai rarement vécu une pire journée en mer. A 2h30 du matin, mon étai a cassé. L’accroche du bas, le loop, a cédé. L’étai principal du bateau, qui tient le mât, n’était plus là donc j’ai été obligé d’abattre et d’essayer de le remettre en place. Avec les vagues, c’était incroyable. Il a fallu toute une journée pour essayer de remettre ça en place. Je suis à peu près arrivé à faire quelque chose de satisfaisant. Il faut repartir mais c’est dur et pour le classement c’est forcément négatif ». 178 milles derrière Virbac-Paprec, Alex Thomson (Hugo Boss) n’a pas franchement profité des malheurs du Niçois car le britannique est décalé dans l’ouest, englué dans une bulle anticyclonique qui lui barre la route. Mardi à 16 heures, Hugo Bosse remontait péniblement l’Atlantique Sud à 6,7 noeuds.
Souvenirs du Horn pour Le Cam
Emu et heureux, Jean Le Cam a franchi ce matin (à 8h19) le fameux cap Horn, après 58 jours et 19 heures de mer, soit 6 jours et demi après François Gabart. Les souvenirs se bousculaient dans la tête du skipper de SynerCiel. « Je suis passé à un mille du cap Horn (rires). Au lever du jour, juste au bon moment. J’ai eu un cul bordé de nouilles, incroyable. Je me suis régalé, j’ai fait des vidéos. C’était top. J’ai une histoire avec ce cap Horn. La dernière fois je l’ai passé en double avec Vincent. Pour une course en solitaire, ce n’est pas banal. En 2004, je l’ai passé en tête avec Bonduelle et en 82, je faisais mon service militaire sur Euromarché. Ça fera certainement partie de mes plus beaux souvenirs de ce Vendée Globe ».
Stamm ravitaillé en mer
Moins gai sera le passage de la pointe de l’Amérique du Sud pour Bernard Stamm, qui va se faire ravitailler en gasoil mercredi ou jeudi par le voilier Pakea Bizcaia de son ami basque Unai Bazurko, lequel avait participé au précédent Vendée Globe (abandon dans la descente de l’Atlantique). Ce dernier est en effet à Ushuaia pour une expédition scientifique. Sitôt l’opération terminée, Stamm sera déclaré hors course pour cette assistance extérieure. Malgré tout et avec un bateau qui aura retrouvé toute son autonomie énergétique, le skipper suisse poursuivra sa route vers la France comme il en a exprimé l’intention. L’Anglais Mike Golding (Gamesa) sera le sixième à doubler le Horn dans les prochaines heures. Derrière lui, ce sera au tour de Dominique Wavre (Mirabaud) de mettre le clignotant à gauche. Dans ce groupe de cinq, Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) et Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered), séparés par 25 milles seulement, continuent de se livrer un beau duel pour le gain de la neuvième place. Enfin, en queue de peloton, Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) approchent de la porte Pacifique-est dans des conditions musclées de navigation avec des vents de sud-ouest de plus de 30 noeuds, tandis qu’Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) remonte sans difficulté vers la porte Pacifique-ouest à 16 noeuds de moyenne.
LES VOIX DU LARGE
François Gabart (Macif) : « Ca m’arrive de penser aux retrouvailles, c’est une source de motivation. L’arrivée et la fin sont des moments importants. Il m’arrive d’y penser en me reposant, en m’endormant. Il me tarde d’être dans le chenal des Sables ».
Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Tout va bien, il fait beau. Le cap Horn c’est dans 40 heures, il reste 450 milles. J’espère pouvoir passer assez près et qu’il fera jour pour pouvoir faire de belles photos. Avec Javier c’était sympa parce qu’il y avait très peu de visibilité, pas mal de grains et d’un coup j’ai eu un flash jaune derrière moi. On s’est parlé à la VHF et je lui ai demandé s’il lui restait des cookies parce que je savais qu’il en avait embarqué mais il n’en avait plu. Il m’a félicité pour ma remontée et on s’est dit qu’on allait partir à la chasse à Mirabaud et Gamesa. On se disait que c’était bien de se tirer la bourre à deux. On va plus vite à deux que tout seul dans son coin ».
Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) : « J’ai pu apercevoir Akéna brièvement. La première chose que je vois en 2 mois, autre que des baleines, de l’eau, ou des oiseaux. C’était bien de me retrouver avec quelqu’un à ces latitudes. J’ai laissé Cali me doubler dimanche juste pour qu’il prenne une photo d’Acciona. Je savais que ça allait lui faire plaisir (c’est une blague !!!) il m’a dépassé car il avait une bonne météo depuis 10 jours, il a fait de bons choix tactiques, pour ma part, j’ai eu aussi des petits soucis à bord, mais ce ne sont pas des excuses. Nous nous sommes parlés sur la VHF hier, on a rit un moment. Je l’ai félicité pour sa belle remontée mais j’espère que ça ne va pas continuer, et que je vais me retrouver devant un petit peu ».
Mike Golding (Gamesa) : « Il y a de nouveau un grain et il faut que je sois prudent. Ça a été calme pendant un moment et j’ai empanné au classement de 4h00. Je suis à environ 60 milles de la côte. J’aurais aimé être un peu plus près mais ce n’est pas sûr que les conditions eues été meilleures. Donc je vais continuer. Ce sera très certainement mon dernier passage du cap Horn en solitaire. Je suis conscient qu’il y a beaucoup de choses que je fais sûrement pour la dernière fois, mais ça ne me pose pas de problème. Je fais une bonne course, je n'ai pas à me plaindre. J’aimerais donc en profiter et avoir des conditions favorables pour ça. J’aimerais que ce soit spécial ».
Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) : « Très belle journée de rentrée à bord d'Initiatives-Coeur, le soleil est arrivé pour le déjeuner...A force de ne pas voir le soleil, on oublie qu'il se couche derrière nous puisqu'on va vers l'est ! La dernière fois que j'ai eu plusieurs heures de soleil d'affilée, c'était le 20 décembre dans l'indien...Le vent monte et j'ai réduit la voilure pour la nuit (petit gennaker et 1 ris dans la GV avec 25 noeuds). Alors les enfants, cette rentrée ? Sympa de retrouver les copains ? ».
CLASSEMENT
Positions du 08/01 à 16 heures : 1. François Gabart (Macif) à 5 260 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 103,8 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 447,6 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 625,5 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 669,4 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 1 898,9 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 1980,6 m; 8.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 2 013,2 m; 9.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 234 m; 10.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 259,2 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 582,6 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 860,2 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 682,8 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).