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Armel Le Cléac’h grapille de nouveau des milles à François Gabart, tout en reconnaissant que le leader est dans une position plus favorable pour la fin de course.
A l’approche des Açores qu’ils devraient laisser à bâbord, François Gabart (Macif) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) continuent de jouer au chat et à la souris. La lecture du classement de mercredi matin laissait penser que Gabart s’échappait inexorablement en grappillant de précieux milles…et dans l’après-midi, c’était au tour de Le Cléac’h de regagner du terrain en remontant l’Atlantique Nord à 15 noeuds, soit trois de plus que le jeune leader. A 16 heures, le skipper de Banque Populaire ne pointait plus qu’à 89 milles du tableau arrière de Macif. Dans un flux de l’ordre de 15 noeuds de sud-ouest, les deux hommes ont choisi une route pratiquement directe pour rejoindre la France.
Samedi aux Sables
A 1 380 milles des Sables d’Olonne, François Gabart évoque son arrivée. « Je fais route le plus rapidement possible vers la France. La mer est quasi plate, je suis au portant sous spi avec 15-17 nœuds. Il y a encore du soleil et les conditions météo sont parfaites. Je pense qu’il va y avoir de la mer dans les jours qui viennent. Bien sûr, il ne sera pas question de ralentir le rythme. Je pense arriver ce week-end aux Sables, à priori avant le front froid assez violent de dimanche. Je pense arriver samedi en fin de journée ou début de nuit. Samedi matin, ça me parait un peu compliqué si on regarde la situation météo mais si c’est possible, avec plaisir ».
Le Cléac’h guère optimiste !
De son côté, Armel le Cléac’h ne semble pas très optimiste sur l’issue de son duel avec Gabart. « Avec François, il y a un écart d’une dizaine d’heures. On va essayer de grappiller dans les prochains jours mais les conditions ne sont pas à mon avantage et il devrait gagner du terrain dans les prochaines heures. Tout peut encore arriver et on va donner le maximum. Il y a des conditions dépressionnaires pour finir donc ça va être un peu tonique. Il y a quatre ans, j’avais eu une arrivée difficile. Cette année, il faudra encore être prudent ».
La belle allure de Dick
550 milles derrière Macif, Jean-Pierre (Virbac-Paprec) continue de remonter l’Atlantique Nord à 11 noeuds. Une vitesse étonnante pour un bateau privé de quille et dont l’équilibre précaire ne repose que sur la dérive centrale, les deux safrans et des ballasts remplis jusqu’à la gueule. On comprend le dilemme du Niçois qui ne sait toujours pas s’il va tenter de rejoindre les Sables d’Olonne, ou bien s’il va stopper l’aventure aux Açores pour préserver sa monture. 130 milles derrière Dick, Alex Thomson (Hugo Boss) revient à 16 noeuds sur Virbac-Paprec et devrait s’emparer de la troisième place du podium dans les trois prochains jours.
Bientôt l’équateur
A l’approche de l’équateur le long des côtes brésiliennes, Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa) sont toujours à la lutte pour la cinquième place car le Finistérien ne possède que 23 milles d’avance sur le marin britannique. 339 milles derrière SynerCiel, en septième position, les conditions de progression sont plus compliquées pour Dominique Wavre (Mirabaud), toujours au près serré dans un vent faible de nord-nord-est et une mer relativement formée. Il progresse tout de même à une dizaine de noeuds, toujours sur une route médiane entre Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered) à l'est et Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à l'ouest.
De Broc se rapproche de Boissières
A 259 milles du Sablais, le sort météorologique de Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) est bien différent. Dans un bon vent de sud-est de 15-16 noeuds, le skipper bigouden file sur la route directe à 12,7 noeuds de moyenne depuis vingt-quatre heures, et un rapprochement significatif devrait s'opérer à l'approche de l'équateur avec les retardataires du club des cinq. L'écart avec Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) est maintenant passé à 365 milles. Le skipper au grand coeur est maintenant dans la longitude exacte de Bertrand de Broc, avec Rio de Janeiro en latitude à équidistance entre les deux bateaux. Les deux skippers devraient conserver une route près de la côte brésilienne et être confrontés prochainement à une baisse significative du vent. Quant à Alessandro Di Benedetto (Team Plastique), il est un peu ralenti à l'approche d'une zone sans vent. Une période de calme peut-être bienvenue pour le skipper franco-italien qui vient de subir une série d'avaries et de blessures douloureuses ces derniers jours.
LES VOIX DU LARGE
François Gabart (Macif) : « C’est évident que je ne vais pas faire du grand spi dans 35 nœuds, je ne vais pas prendre des risques inconsidérés. On va tout faire pour faire des manœuvres propres comme je l’ai fait depuis le début. Je vais naviguer prudemment, ne pas forcer outre mesure et ne pas aller naviguer au-delà de ce que je sais faire. Mais si Armel avait été 10 milles devant moi, je n’aurais pas tenu ce discours et je pense que j’aurais été plus agressif ».
Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « Il y a un peu de trafic mais les conditions sont assez agréables pour avancer. Le vent va se renforcer en progressant un peu dans le nord. Derrière, on va traverser l’anticyclone et avoir de nouveau un front fort pour faire route vers les Sables ».
Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Ça va bien. Les conditions depuis une heure sont magnifiques. Le vent s’est enfin établi et de manière stable. Il fait chaud en plus donc ce n’est pas désagréable. Je profite de ces moments car j’étais loin des côtes brésiliennes et les conditions étaient très instables. Désormais, c’est un peu plus cool parce que ces derniers jours, j’étais sans arrêt à la barre et en train de faire des réglages. Je regarde Mike (Golding) et Jean (Le Cam) qui montent au nord progressivement. J’ai un virement de bord à faire et il faut que je choisisse le bon moment. Pour l’équateur, on verra un peu plus tard. Je suis ravi de rentrer bientôt et je sais que tous les concurrents vont avoir un super accueil. Moi j’ai hâte de rentrer car je suis très proche des Sablais et je me sens vraiment comme chez moi là-bas ».
Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) : « La remontée de l’Atlantique Sud se passe bien. En ce moment, ça va plutôt pas mal mais il reste encore un bout à du tricotage pendant quelques jours et j’espère que ça va bien se passer. On pense forcément un peu à l’arrivée même si tant que la ligne n’est pas franchie, rien n’est fait. On garde les pieds sur terre et il faut rester vigilant jusqu’à l’arrivée. Il faut rester concentré même dans les derniers milles ».
CLASSEMENT
Positions du 23/01 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 1 383 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 89,8 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 550,7 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 680,4 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 2 238,7 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 261,7 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 577,3 m; 8.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 636,1 m; 9.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 711 m; 10.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 2 970,5 m; 11.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 335 m; 12.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 136,9 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB); Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat).