Gabart a-t-il course gagnée ?

Course au large
Par Figaro Nautisme

Après les Açores, le sprint final a débuté entre François Gabart et Armel Le Cléac’h, avec un avantage certain pour le skipper charentais.

Après les Açores, le sprint final a débuté entre François Gabart et Armel Le Cléac’h, avec un avantage certain pour le skipper charentais.

Après le passage des Açores dans des conditions idéales de navigation avec 20-25 noeuds de sud-ouest, François Gabart (Macif) et Armel le Cléac’h (Banque Populaire) accélèrent dans la remontée de l’Atlantique Nord sur la route directe vers Les Sables d’Olonne. Jeudi (16h) par le travers de Lisbonne, Gabart cavalait à 18 noeuds et Le Cléac’h à un nœud de moins. Légèrement décalé dans l’ouest, le skipper de Banque Populaire comptait alors un retard de 108 milles sur le jeune leader.

 

Gabart tient le bon bout

 

En possédant six heures d’avance à 1 067 milles de la ligne d’arrivée, Gabart a-t-il course gagnée ? Bien sûr que non ! Mais la balance penche de plus en plus en sa faveur car, pour s’imposer, le Finistérien devra naviguer 10 % plus vite que Gabart. Difficile challenge quand l’on sait que les deux monocoques 60 pieds Imoca de dernière génération sont des frères jumeaux, des plans VPLP -Verdier qui possèdent le même potentiel de vitesse. Surtout qu’apparemment, les deux bateaux n’ont pas l’air d’avoir le moindre handicap pour aborder le sprint final. En sachant aussi qu’il n’y aura pas de réelle option stratégique à prendre avant de retrouver la terre ferme. Peut-être encore quelques décalages pour tenter d’exploiter un angle de vent plus favorable, mais rien de radical. On ne peut pas exclure non plus une avarie majeure qui surviendrait pour l’un ou pour l’autre, ou encore un choc avec un objet flottant non-identifié qui ruinerait tout espoir de victoire.

 

Dick en pleine réflexion

 

Toujours troisième, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) tient la dragée haute à Alex Thomson (Hugo Boss) en progressant à une moyenne de 10 noeuds. Bien que privé de quille, le Niçois garde encore 69 milles d’avance sur le Britannique. « Pour l’instant je suis dans l’anticyclone donc au portant et il n’y a pas beaucoup de vent, ce qui n’est pas une allure facile pour mon bateau sans quille. Je m’interdis de mettre des voiles trop grandes pour éviter que le bateau ne se couche. La question est de savoir si je termine ou non. J’analyse tous les jours plusieurs fois la météo pour voir s’il y a une petite brèche pour venir jusqu’aux Sables. Les Açores sont prévus pour le dimanche 27 janvier et là, j’aurai vraiment une bonne notion pour savoir comment le bateau passe dans un peu de mer et je pourrai prendre la bonne décision ».

 

Le Cam et Golding à l’équateur

 

1 463 milles derrière Thomson, Jean Le Cam (SynerCiel) s’apprête à changer d’hémisphère à 14,5 noeuds de moyenne. « Les conditions sont plutôt assez sympas. Le bateau va vite et la mer est calme. Ce sont les dernières heures dans l’hémisphère sud et je pense passer l’équateur ce soir. Il m’aura fallu un peu plus de deux mois et un tour du monde pour inverser le positionnement entre Mike Golding et moi-même. A l’aller, on avait exactement les mêmes positions mais inversées. C’est long pour un écart de 38 milles…».
A 472 milles du tableau arrière de SynerCiel, Dominique Wavre (Mirabaud) a retrouvé du vent le long des côtes brésiliennes. Le vent n'est pas très fort mais il est maintenant de travers et permet une progression pile vers le nord à 13 nœuds de moyenne. 191 milles derrière, à la latitude de Salvador De Bahia, la situation s'améliore progressivement pour Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), même s'il progresse toujours au près dans un vent de nord-est de 10 nœuds. Le skipper sablais a viré de bord la nuit dernière et semble vouloir rester proche des côtes brésiliennes. Plus à l'est, à 230 milles de Wavre, l'Espagnol Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered), en proie à d'importants soucis électroniques et de girouettes cassées qui lui interdisent de recevoir toute information concernant la force et la direction du vent, progresse toujours à faible vitesse (8,3 noeuds) dans un flux de nord-est de 8 nœuds qui devrait bientôt passer à l'est, lui permettant d'ouvrir un peu les voiles et de faire route directe vers le nord.

 

Ça freine derrière

 

En queue de peloton et après une impressionnante remontée, Bertrand De Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) a retrouvé de l’air et filait dans l’après-midi à 11,4 nœuds. Toujours dans un flux portant, au reaching, Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), qui vient de passer la latitude de Rio de Janeiro, bénéficie d’un vent de sud-est léger qui le pousse actuellement à 8,3 noeuds. Enfin, à plus de 4 200 milles de François Gabart, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) progresse au près, dans la bordure ouest d'une zone de haute pression, au large de Buenos Aires (Argentine). Le skipper franco-italien, privé de trois voiles de portant (gennaker, petit et grand spi), va maintenant devoir adapter son parcours aux configurations de voiles qui lui reste...

 

LES VOIX DU LARGE

 

Dominique Wavre (Mirabaud) : « Les conditions sont très bonnes, ça glisse bien, avec du vent de travers et environ 15 nœuds. On a une belle mer bleue et on fait enfin route directe vers les Sables d’Olonne. Je serai à l’équateur dans moins de deux jours. A l’extérieur, il fait très chaud. C’est vraiment magnifique, c’est un très bel alizé. La remontée de l’Atlantique sud a été terrible. C’est la plus mauvaise de tous mes tours du monde ».

 

Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) : « Le comportement du bateau est un peu différent et il dérape un peu sur l’eau. Il faut réapprendre comment le bateau fonctionne, que ce soit avec les ballasts dans le centre du bateau quand je suis au portant ou autre. Nerveusement il faut tenir le coup. Je préfère ne pas trop tenter de choses ».

 

Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) : « Les températures remontent, 25 degrés, du soleil, et 22 degrés à l’intérieur, ce qui me permet d’être en maillot de bain et t-shirt. Ça fait du bien au moral et on se dit qu’on se rapproche des Sables d’Olonne. Le vent forcit, je suis au près avec pas loin de 10 nœuds, mais ça va être de plus en plus compliqué de sortir de l’Atlantique sud et de faire route vers le nord. (Sur son matériel) J’ai perdu des voiles. Je n’ai plus de grand gennaker, ni de spi de tête, ni de petit spi. Il me reste un code zéro mais que je ne peux pas envoyer car je n’ai plus de drisse. Tout ça va influencer mes choix et ma route car je vais essayer d’éviter au maximum les allures au portant avec des vents faibles ».

 

CLASSEMENT

Positions du 24/01 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 1 067 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 108,5 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 646,4 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 715,8 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 2 178,8 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 216,5 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 650,5 m; 8.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 841,8 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 880,5 m; 10.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 090,9 m; 11.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 375,1 m; 12.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 244,6 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB); Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat).

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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