
Distancé au cap Horn, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) n’a pas réussi à refaire son retard sur François Gabart. Où et quand a-t-il perdu le Vendée Globe ? Explications.
Alors qu’ils ne s’étaient pas quittés dans les mers du Sud, François Gabart (MACIF), qui a été le premier a doubler le cap Horn, a réussi a prendre l’ascendant sur Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) dès le 4 janvier. « Armel a perdu le contact à l’approche du cap Horn, dans la dernière ligne droite dans le Sud. C’est là que s’est fait l’écart. Il avançait un ou deux nœuds moins vite que François, car il est resté sous toilé, commente Charles Caudrelier. Armel est revenu un peu sur François après le cap Horn, mais il a du avoir un souci de voile, et a reperdu 50 milles. Ensuite, il n’a pas eu beaucoup d’opportunité pour revenir, d’autant que François a rencontré de meilleures conditions. Il n’a jamais pu recoller. François a souvent été un peu plus audacieux, et un peu plus vite, sûrement grâce à ses choix de voile et sa façon de naviguer. Il a toujours donné le rythme. Il a l’insouciance de la jeunesse. Je suis pas sûr qu’Armel aurait fait la même course devant. François a bénéficié de la culture de Michel Desjoyeaux qui a gagné deux Vendée Globe, même s’il a fait aussi ses propres choix. Au delà du résultat, ils ont fait tous les deux une super course et sont allés très vite ». Pour Charles Caudrelier, si le skipper de Banque Populaire a pu grappiller quelques milles à l’Equateur, l’écart perdu au cap Horn a été fatal à Armel Le Cléac’h.
« A l’Est des îles Faulkland, au sortir d’une dépression dans des vents d’Ouest, Armel Le Cléach a choisit de serrer plus le vent et de remonter autant que possible vers le Nord, analyse de son côté Eric Mas, Directeur de l’information pour Météo Consult La Chaîne Météo. Il a maintenu son cap pendant plus de 24h, avant d’enfoncer le clou dans la journée du 5 en insistant sur un bord tribord amure, qui, dans du vent de Nord, l’a mené encore plus à l’Ouest. Armel a justifié son option en exprimant son analyse et son souhait de pratiquer une route moins engagée que celle de François, pour conserver plus de liberté dans une situation s’annonçant complexe ». Pour Eric Mas, cette stratégie est en fait une non décision. « Il a souhaité rester ouvert à toute éventualité. Sa stratégie est basée sur le fait que les prévisions reçues à bord sont très changeantes et donc peu fiables ». En choisissant d’emprunter le chemin le plus court, Armel Le Cléach, s’est retrouvé décalé latéralement de 160 milles par rapport à François Gabart en fin de journée le 5 janvier. Si à ce moment là, aucun n’a de réel avantage, les dés semblent pourtant déjà jetés. « Tout le monde sait que lorsque le vent de Nord commencera à donner un peu dans le Nord-Est, François aura gagné. Plus proche des hautes pressions, il verra le premier l’état de la mer s’arranger, le vent devenir plus régulier et pourra allonger la foulée devant Armel, souligne Eric Mas ». Un scénario qui se confirme le 9 janvier. François Gabart effectue son dernier virement de bord le 10, pour remonter plein Nord dans de l’alizé et filer vers la victoire.