
Le responsable technique de l'équipe Macif, Antoine Gautier, revient sur sa collaboration avec François Gabart. Avant d'embarquer à la rencontre du skipper, il nous a confié ses impressions sur la course.
Comment se passe le travail avec François ?
Jusque là cela se passait plutôt bien, il fait facilement confiance aux gens. La preuve, l'équipe de Macif est plutôt jeune, on a tous la trentaine, à peine (ndlr: François Gabart de son côté a 29 ans). Il nous laisse faire notre travail simplement. Après le doute que nous avons c'est de savoir si à son retour, avec l'expérience qu'il a engrangé, il nous laissera peut-être un peu moins faire notre boulot sachant qu'il aura plein de nouvelles idées... Mais bon, je ne me fais pas trop de souci, je plaisante évidemment !
Quel est le point fort de François Gabart sur ce Vendée Globe ?
Je pense que François est celui qui a le plus navigué du plateau. S'il a autant navigué c'est aussi parce qu'il en avait besoin, comparé à tous ses concurrents qui étaient beaucoup plus expérimentés que lui. Et surtout, il est sorti dans des conditions de vent fortes parce qu'il savait que c'était son point faible et que dans le Sud il allait rencontrer beaucoup d'air. Donc tous les entraînements qu'on a pu faire à Port-la-Forêt, depuis le mois de juin, étaient tournés vers cet objectif là: sortir dans de grosses conditions. Et après côté météo c'est pareil, il a beaucoup travaillé. Je pense qu'il a fait "dix tours du monde" en météo!
Est-ce qu'il avait des inquiétudes par rapport au Grand Sud qu'il ne connaissait pas encore ?
C'éatit pas de l'inquiétude, plus de la curiosité. Je pense notamment à une super vidéo envoyée au passage du cap de Bonne-Espérance quand il voit pour la première fois un albatros et là c'était vraiment un regard de gamin. Donc pas d'appréhension particulière mais savait que devait garder un rythme important pour garder la tête de la flotte et il s'était préparé pour cela.
Quelle était la fréquence de ses appels ?
Et bien il a été particulièrement autonome dans la gestion de son bateau, il a peu appelé. Donc là aussi c'était, entre guillemets, une inquiétude que nous avions au départ. On savait qu'il serait performant mais petit doute sur le fait qu'il arrive au bout et qu'il arrive à gérer son bateau. Et nous avons été bluffé ! Il a fait preuve d'une grande autonomie pour réparer son bateau.
A quoi ressemblaient ses appels ?
Cela dépend en fait. Parfois il avait besoin d'un renseignement précis donc c'était bonjour et à peine au-revoir, il avait déjà raccroché pour retourner au boulot. Et parfois, il appelait pour un point de moindre importance et la discussion s'engageait facilement: comment ont avancé les travaux de sa cuisine cet hiver ? Quels sont les derniers résultats de surf ?
A quelques heures, quelques minutes de l'arrivée, comment se sent-il ?
Je pense qu'il est beaucoup plus serein que nous car il gère tandis que nous sommes vraiment spectateurs. Samedi, il a tenu de grandes vitesses alors qu'on pensait qu'il allait un peu se calmer mais non. Il est à fond, fidèle à son tour du monde.
Quel est le moment qui vous a le plus tendu ?
A terre, nous avons commencé à nous tendre avec la remontée de l'Atlantique car le bateau pouvait commencer à fatiguer . Et puis aussi parce qu'il était premier donc dans un sens il avait tout à perdre à partir de ce moment. Du coup ça a changé totalement la façon dont on a vécu cette dernière partie de course.