
La Solitaire du Figaro Éric Bompard entamera dimanche prochain, 2 juin, son odyssée 2013 sur la Garonne. Du jamais-vu.
La flotte Figaro a jeté l'ancre au port de la Lune, en plein coeur de Bordeaux, à près de 100 km de l'Atlantique par l'estuaire de la Gironde. Les 42 voiliers en lice pour la 44e édition de la Solitaire sont amarrés au ponton d'honneur, celui des visiteurs, rallongé de 200 m pour l'occasion. Les quais sont en ébullition: la 8e Fête du fleuve (biennale organisée en alternance avec la Fête du vin) bat son plein. Le village Figaro pavoise au milieu des animations orchestrées sur plus d'un kilomètre. Samedi prochain, 1er juin, le départ des bateaux sera le point d'orgue des festivités. Devant le palais de la Bourse, ils s'élanceront pour le prologue de la course, jusqu'au pont d'Aquitaine, ultime trait d'union, avant la mer, entre les deux rives de la Garonne. Puis l'armada fera escale à Pauillac, sur l'estuaire. C'est là, face aux vignobles du Médoc, que sera donné, dimanche 2 juin, à 13 h 02, le coup d'envoi de la grande odyssée. Ce long prélude inédit s'inscrit bien au nombre des 1 938 milles marins du parcours 2013. Car le fleuve pas si tranquille, avec ses courants et ses marées: 4 m à 4,50 m de marnage, ce n'est pas rien.
- Le fleuve retrouvé
Qui n'a pas vu Bordeaux depuis longtemps ne la reconnaîtra pas. Son architecture XVIIIe (un joyau) était noire: la voici blanche après le premier ravalement de son histoire. Concentrée rive gauche de la Garonne depuis toujours, la cité ne regardait ni la rive d'en face, ni même le fleuve: des friches portuaires bouchaient l'horizon. Disparus, les vieux hangars du centre. Restaurés, ceux des Chartrons (l'ancien fief des négociants) et ceux de l'ex-quartier chaud de Bacalan. À l'intérieur: une enfilade de boutiques (Quai des Marques), de cafés avec terrasses en bas et, à l'étage, des écoles supérieures (7 000 étudiants).
D'un bout à l'autre de la ville, les quais, naguère inaccessibles au public, s'enchaînent sur 4,5 km dévolus aux promeneurs, joggeurs, patineurs et internautes (Wi-Fi gratuit). Au milieu du parcours, devant la place de la Bourse, un miroir d'eau de 3 450 m2 (le plus grand du monde) crée l'attraction: il brille, se vide, se nappe de vapeur, puis scintille à nouveau, sans arrêt, de 10 heures à 22 heures. Le tramway a ralenti la circulation automobile. Ligne A, la chenille gris et bleu ardoise s'aventure rive droite, par le pont de pierre. Début mai, des navettes fluviales sont venues conforter cette liaison. Depuis la mi-mars, l'élégant pont levant Jacques-Chaban-Delmas offre une sixième voie pour traverser la Garonne. Et l'on pourra bientôt, du haut d'une de ses piles, embrasser la ville et son fleuve retrouvé.
- Au fil de l'eau
À ne pas manquer, une croisière à la journée sur l'estuaire de la Gironde avec l'agence Gens d'Estuaire, en petit comité à bord de la vedette Silnet. À douze passagers, le monde vous appartient sur ces eaux peu fréquentées. La sensation d'isolement est totale, surtout à marée basse quand vignobles et châteaux, Médoc rive gauche, côtes de Bourg et de Blaye rive droite, disparaissent de la vue. Quand les berges se résument à deux traits verts ponctués de carrelets, hautes cabanes de pêcheurs montés sur pilotis. On découvre des îles, une dizaine, presque totalement désertes. Telle, juste en face de Pauillac, Patiras, 300 hectares et deuxième plus grand îlot de l'estuaire: juste un petit phare datant de 1869 (panorama sur l'archipel après 129 marches d'escalade) et, depuis 2007, un refuge design où l'on picorera, debout, de fameux produits locaux, mules, crevettes, lamproies, artichauts de Macau... Retour à Bordeaux après une escale-dégustation sur Margaux, petite île viticole. Jusqu'à fin octobre, départ chaque samedi du ponton d'honneur, 135 EUR, déjeuner compris.
Cet été, l'agence proposera également un nouveau périple, en amont cette fois, cap sur les vignobles de Sauternes et de Graves. Du 5 juillet au 30 août, 149 EUR, avec le déjeuner au château Guiraud (grand cru classé), aller en bateau, retour en minibus. Tél.: 05 56 39 27 66 et www.gensdestuaire.fr ou www.bordeaux-tourisme.com
- Quarante ans d'art contemporain
Jacques Chaban-Delmas avait joué les avant-gardistes en inaugurant, en 1973, un Centre d'arts plastiques contemporains (CAPC) dans un ancien entrepôt de denrées coloniales. Pari osé, à l'époque, que cette métamorphose d'un lieu de négoce d'autrefois en temple de la culture d'aujourd'hui. Quarante ans plus tard, on jurerait que le site vient d'ouvrir, tant son style colle à la tendance actuelle. Hauteur, volume, fraîcheur, l'antre du CAPC a tout d'une nef de cathédrale. Ses grand-messes 2013 sont l'exposition-anniversaire «La sentinelle», puzzle de textes et d'images, jusqu'au 8 décembre. Et jusqu'au début septembre: «Un oeil viscéral», rétrospective Sylvia Sleigh ; Markus Schin- wald ; Pauline Boudry/Renate Lorenz. Entrepôt Lainé, 7, rue Ferrère,de 11 heures à 18 heures (20 heures, le mercredi, fermeture le lundi). Entrée : 5 EUR. Tél.: 05 56 00 81 50 et www.capc-bordeaux.fr
- Notes d'hôtel
Design. Face aux hangars du Quai des Marques, le Seeko'o («amas de glace» en inuit), un 4-étoiles taillé comme un iceberg ; 45 chambres à partir de 199 EUR, vue sur le fleuve aux derniers étages, 243 EUR avec terrasse et 398 EUR en suite panoramique. 54, quai de Bacalan, tél.: 05 56 39 07 07 et www.seeko-hotel. com
Charme. La Maison Fredon (Châteaux Hôtels de Collection), un petit immeuble XVIIIe redistribué en cinq grandes chambres d'hôtes raffinées, avec des meubles et objets griffés des années 1950 à 1980 ; à partir de 180 EUR, petit déjeuner 16 EUR au Café de la Tupina voisin ou en room service. 5, rue Porte-de-la-Monnaie, tél.: 05 56 91 56 37 et www. latupina.com
Classique.Ancré face au Grand Théâtre, le Grand Hôtel de Bordeaux (Leading Hotels of the World), luxueux paquebot XIXe relooké par Jacques Garcia ; 148 chambres et suites, à partir de 525 EUR; table étoilée, 600 références de vins et gigantesque spa Nuxe débouchant sur une terrasse panoramique - la plus belle vue sur la ville - aménagée sur le toit de l'hôtel. Ambiance «bassin d'Arcachon» dès 19 heures, avec massages sur le sable et DJ jusqu'à 1 heure du matin. 2-5, place de la Comédie, tél.: 05 57 30 44 44 et www.ghbordeaux. com
- Nourritures terrestres
Déjeuner. Face au miroir d'eau, à La Robe, bonne formule à 20 EUR et, pas banal, rien que des vins (une centaine de références) produits par des femmes. 3, quai Louis-XVII, tél.: 05 56 69 04 80 et www.la-robe.fr. Au bord du fleuve, à la terrasse planté de palmiers de l'Ibaïa Café: 18 EUR l'assiette de l'écailler, crevettes, bulots et huîtres du cap Ferret. Quai des Chartrons, tél.: 05 56 00 45 35 et www.ibaiacafe.fr
Dîner.Rue Porte-de-la-Monnaie, fief de Jean-Pierre Xiradakis avec cinq restaurants, dont la fameuse Tupina. Pour changer, direction La Kuzina, le dernier-né, et ses délices de poissons et légumes en version grecque (menu à partir de 27 EUR). Tél.: 05 56 74 32 92 et www.latupina.com. Option gastronomie au Gabriel, la table étoilée (1 macaron) de François Adamski: bar de ligne poché au nori, noix de caviar pour spécialité, situation royale place de la Bourse (demandez la vue sur le fleuve) mais cadre un brin tristounet (environ 100 EUR).Tél. : 05 56 30 00 80 et www.bordeaux-gabriel.fr
Bruncher.Samedi et dimanche, de 12 heures à 14 h 30, au Café Andrée Putman, perché au dernier étage du CAPC, fresques Richard Long, meubles Putman et terrasse d'une zénitude absolue. Formule buffet à 29 EUR (enfants 14 EUR). Tél.: 05 56 44 71 61 et www.cafeandreputman.com
Pique-niquer. Place de la Comédie, sur les marches du Grand Théâtre, «the place to be» pour grignoter un sandwich à l'heure du déjeuner.