
Voilà 20 ans, Gildas Morvan (Cercle Vert) prenait part à sa première Solitaire du Figaro. Avec les angoisses légitimes du jeune bizuth. De l’eau a depuis froncé ses étraves et cette semaine passée le long des quais de la Garonne se déroule comme un long fleuve tranquille.
Alors que le cru 2013 de la Solitaire du Figaro-Éric Bompard cachemire débute dimanche depuis Pauillac, les 41 inscrits de cette 44e édition affûtent leurs armes au port de la Lune. Si certains skippers préfèrent s’isoler loin du tumulte pour mitonner leur futur périple en quatre étapes, laissant le soin à leur préparateur de bichonner leur coursier, d’autres ont décidé de profiter pleinement du cadre exceptionnel proposé par la ville de Bordeaux toute cette semaine. Le long des quais de la Garonne, Gildas Morvan, celui que d’aucun surnomme le géant des Abers, est de ceux-là. Pour sa 18e participation à l’épreuve reine, la pression n’est pas encore au rendez-vous : « Cette semaine à Bordeaux n’est pas une contrainte. Et puis, une ville qui se plie en quatre pour avoir un départ de la Solitaire mérite qu’on s’y attarde un peu. Si nos sponsors sont heureux d’avoir une bonne visibilité tout au long de ces journées, le succès populaire du week-end dernier a démontré que notre sport a un capital sympathie vis-à-vis du grand public. Ce mercredi, nous allons même leur offrir un beau spectacle avec un run de 9 bateaux entre le pont de Pierre et le tout nouveau pont levant Jacques Chaban-Delmas. Comme cela se déroule en équipage, j’ai invité quelques amis bordelais ».
Le stress n’est donc pas de mise pour celui qui a terminé récemment deuxième de la Transat Bretagne-Martinique. Le sourire en plus. « Je commence à bien connaître la péloche. L’angoisse, je la laisse aux autres. Il y a donc piscine tous les matins, de bonnes siestes, des promenades à vélo dans la ville, des obligations avec l’organisation et de petits tours de temps en temps sur le bateau où Pierre-Louis Pillot, mon préparateur, termine les derniers fignolages de mon Cercle Vert. Comme il est spécialiste des 60 pieds, il était chef de projet de Vincent Riou sur le dernier Vendée Globe, j’ai l’impression qu’il fait cela une main dans le dos. Cela ajoute aussi beaucoup à la sérénité », explique le solide breton tout en précisant que cette attitude doit demeurer sa philosophie jusqu’au terme de l’épreuve.
L’étude de la météo à venir sur cette première étape devant le conduire à Porto deviendra sa priorité totale à partir de vendredi seulement : « C’est encore trop tôt ce mardi pour tirer des plans sur la comète. Grosso modo, nous devrions être en bordure anticyclonique ce qui nous offrirait un vent soutenu tout du long. Mais comme on dit, le temps change tout le temps ».
Quant au plateau exceptionnel de skippers proposé cette saison, Gildas Morvan ne se met pas martel en tête. Lui qui s’est offert quatre podium mais n’a jamais réussi à décrocher la timbale : « La Solitaire n’est jamais facile. Et je pense que cela n’arrivera jamais. Il y a toujours de gros calibres, du beau gibier, qu’ils soient jeunes loups ou vieux briscards ayant déjà gagné. Une chose est certaine, cela fait du bien à la valeur de cette course. Nous aimons tous nous battre comme des chiffonniers. Ce qui n’existe pas sur d’autres courses. Les anciens vainqueurs viennent donc retrouver avant tout cette magie unique de la Solitaire ».
Gildas Morvan, entre les averses, va donc nonchalamment déplacer sa carcasse dans les rues de Bordeaux jusqu’à samedi matin, l’appareillage vers Pauillac étant prévu vers 14 heures. Avec sans aucun doute et une fois de plus en tête des rêves de victoires pour décrocher enfin la lune.
LIRE AUSSI :
La Solitaire : Un apprentissage qui compte
Sur le Blog de Michel Desjoyeaux / TBS : Pas de hiérarchie prévisible sur cette 44è édition de la Solitaire