
Après une nuit confortable, les 41 concurrents progressaient ce matin sous spi en direction du cap Finisterre. Les écarts sur le plan d’eau restaient faibles.
Au passage de la pointe de Grave, tout en saluant Cordouan, le roi des phares, les skippers de la Solitaire du Figaro Éric Bompard Cachemire entraient enfin sur le tapis bleu de l’océan. Il était 18 h 05 hier, et Jérémie Beyou (Maître CoQ) ouvrait la marche à la bouée Radio France. Ainsi, ils achevaient tous leur pérégrination sur la Gironde en chenilles processionnaires, une grande première dans l’histoire de la course. Un exercice délicat dans un chenal pas toujours pavé de bonnes intentions où bateaux accompagnateurs, rondins de bois et objets flottants emportés par la crue de la Garonne, donnaient l’impression aux marins de faire une course de gymkhana. Avec parfois des surprises comme le précisait à la vacation de 5 heures ce matin Michel Desjoyeaux (TBS) : « Parfois on est inspiré… Le départ était catastrophique mais j’ai osé aller un peu plus près des côtes à chaque fois et cela a payé. Du coup, cela m’a permis de bien revenir dans le match. J’ai même failli m’arrêter comme Simon Troël. A un moment je me suis planté dans la vase dans un virement de bord. Heureusement le bateau avait fini de tourner et je suis reparti. C’était un peu chaud. A la fin, quand le vent de NNE est rentré un peu avant Royan, j’ai eu un peu de bol car j’étais du bon côté. »
A l’heure du laitier, alors que le croissant de lune allait s’endormir, la flotte naviguait par un vent de NE d’une quinzaine de nœuds. Les écarts étaient faibles en latéral, seulement 8 milles séparant les concurrents les plus extrêmes. Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) au Nord. Victime de la déchirure de son grand spi dès hier soir il avait été contraint de lofer. Devançant Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), Yann Éliès (Groupe Quéguiner-Leucémie espoir) menait les Sudistes. Et le Briochin semblait satisfait de sa progression : « Les conditions sont assez tranquilles et on en profite bien. La lune est apparue il y a deux heures et c’est une nuit qui prend fin parce que le soleil est déjà en train de se lever. C’est une bonne surprise car nos nuits seront assez courtes. Quand le vent a refusé, j’ai essayé de garder le spi pour continuer à aller vite, ce qui m’a amené à être un peu dans le Sud des premiers. L’objectif n’est pas un positionnement particulier mais de continuer à aller vite en attendant que le vent adonne ce qui est le cas actuellement.
Au centre des débats, alors que tout le monde avançait entre 8 et 9 nœuds, Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) était lui aussi tout en confiance, sa voix ne trahissant aucune fatigue pour l’instant : « On fait marcher pleine vitesse vers le cap Finisterre. Je suis juste à côté de TBS et Maître CoQ et on est situé à peu près en milieu de flotte pour l’instant. Le vent devrait adonner au fur et à mesure et on devrait se retrouver plein vent arrière, avec en fin de journée éventuellement les premiers empannages. Il va falloir surveiller tout ça, refaire un petit point sur les routages. Je pense qu’on va pouvoir bien se reposer sur le début de course car la fin ne va pas être facile ».
Le golfe clair restait donc leur unique horizon. Navigant quand même à vue, le sprint vers la pointe espagnole s’annonçait palpitant. Un golfe de pénitent pour Simon Troël (Les Recycleurs Bretons), toujours en course mais comptant près de 65 milles de retard après sa bévue vaseuse dans l’estuaire de la Gironde.