
Les 41 skippers ont quitté l'estuaire de la Gironde dimanche, direction Porto, terme de la première étape.
Zéphyr débonnaire d'une dizaine de noeuds et ciel d'un bleu rayonnant étaient au rendez-vous à 13 heures ce dimanche lorsque le comité de course a lâché les chevaux devant le petit port de plaisance de Pauillac. Une carte postale idéale pour débuter cette 44e édition de la Solitaire du Figaro Éric Bompard Cachemire. Mais, après une trop longue attente pour ce moment crucial, nul ne semblait avoir l'envie de s'adonner à la contemplation. Sur un petit parcours les faisant remonter la Gironde, qu'ils optent pour une voie le long des berges du Médoc ou de celles de Blaye, suivant les papilles du moment, ils ont en effet ferraillé ferme pour d'entrée marquer leur territoire. Frédéric Duthil (Sepalumic) se montrait le plus véloce pour enrouler en premier la marque Geolink. Restait alors à rejoindre l'océan en louvoyant au près pour saluer le phare de Cordouan après 25 milles d'eaux saumâtres.
Une fois l'étrave plongée dans le golfe de Gascogne, après le passage de la bouée Radio France en fin de journée à la pointe de Grave, et avant d'apprivoiser leur première nuit en solitude, les conditions étaient annoncées des plus réjouissantes, un flux de nord-est d'une quinzaine de noeuds devant s'établir. De quoi ravir Jérémie Beyou (Maître Coq): «Les conditions vont être plutôt cool pour débuter le golfe, sous spi, même si cela restera technique. Mais rien de dangereux. Il va falloir s'attendre à des petites différences de trajectoires malgré tout. C'est surtout la vitesse qui va compter car le vent se renforcera à mesure que nous nous rapprocherons de la pointe occidentale de l'Espagne.»
Frédéric Duthil avait, lui aussi, la même soif de cavalcade avant de larguer les amarres et de prendre part au groupe de tête composé de Beyou, Paul Meilhat (Skipper Macif 2011), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Gildas Morvan (Cercle Vert) ou encore Michel Desjoyeaux (TBS): «Cela va être tonique. Une route vers le cap Finisterre avec quelques empannages mais, grosso modo, on sait quand la bascule aura lieu. Il va falloir aller vite tout en sachant trouver pour ces premières 24 heures des petites plages de repos. Car le passage du cap, lundi soir, sera plutôt délicat. Avec cette fois-ci une brise pouvant dépasser les 30 noeuds. Il faudra éviter de faire des vracs et surtout de déchirer le spi, indispensable jusqu'à la fin.»
Entre drague en activité, bois flottants et concurrents se croisant de part et d'autre du long cheminement vers l'Atlantique en un ballet cadencé, les sens étaient exacerbés. Ils espéraient tous garder la même acuité durant les 530 milles qui les séparent de l'arrivée à Porto, prévue mercredi soir.
Le jeune skipper Simon Troel (Les Recycleurs Bretons) a tenté une option en dehors du chenal de la Gironde et s'est échoué dans la vase. Dimanche en fin de journée, il attendait que la marée remonte pour pouvoir repartir.