
Francis Joyon est détenteur des quatre grands records océaniques en solitaire: le tour du monde, l'Atlantique nord, la Route de la Découverte de Cadix à San Salvador et la plus grande distance parcourue en 24 heures. Pour recompenser cette performance, il a reçu ce mercredi une nouvelle distinction sportive: l'Ultimate Trophy.
Le brouaha de la foule parisienne et les tapis moelleux du très chic hôtel Bristol ne sont pas les conditions préférées du marin mais celui-ci se plie avec le sourire et la voix toujours douce à ces rituels mondains. Et comme on ne remporte pas le grand chelem tous les jours... Le 16 juin dernier, Francis Joyon a pulvérisé le record de la traversée de l'Atlantique nord en solitaire en améliorant de 16 heures le temps établi en 2008 par son compatriote Thomas Coville. Au cours de cette traversée entre New York et Brest sur son maxi-trimaran Idec, le marin a tenu une moyenne horaire de plus de 26 noeuds soit 48.15 km/heure, tutoyant son propre record de la plus longue distance parcourue en 24h (666,2 milles, soit 1.233,4 km). Toujours en 2013, le 15 février, le marin avait déjà - avec le même bateau, dessiné par l'architecte britannique Nigel Irens - amélioré son propre record sur la Route de la Découverte de plus de 24 heures. Une très belle année pour le skipper, déjà désigné Marin de l'année en 2008, année de son record du tour du monde à la voile en solo en 57 jours, 13 heures, 34 minutes. "Tous ces records, cela représente beaucoup de bonheur pour moi. Mais le tour du monde, c'est le truc le plus fort, a-t-il assuré ce mercredi soir. J’ai dû descendre très Sud, dans des zones d’iceberg, en faisant face à des conditions météo extrêmes. La remontée entre le cap Horn et la Bretagne a également été compliquée, avec pas mal de petites avaries. Et malgré ce parcours exigeant, il fallait aller vite, longtemps." Pour son dernier record, sur l'Atlantique, Francis Joyon avait dû surmonter son appréhension après son chavirage lors de sa précédente tentative. "Je ressentais de l’appréhension mais je voulais à tout prix effacer ce mauvais souvenir. Là encore, il faut être constamment très rapide, à fond sur les réglages pour que le bateau file tout le temps à plus de 25 nœuds. On ne dort quasiment pas pendant cinq jours et on arrive terrassé." Mais le plus dur finalement, c'était sans doute New York avec son bruit et sa pollution a-t-il lancé dans un sourire.
Francis Joyon a maintenant les yeux tournés vers la Route du Rhum 2014. Il a aussi affirmé que si Thomas Coville améliorait son record du tour du monde en solo, il "sera content pour lui mais un peu vexé quand même et obligé d'y retourner". Après deux tentatives infructueuses, le skipper de Sodebo est prêt pour un nouveau départ.