
Desjoyeaux, Le Cam, Jourdain et de Pavant seront au départ à Concarneau, le 6 avril, vers Saint-Barth.
Il n'y a que la course au large pour offrir cela. Michel Desjoyeaux, 48 ans, Jean Le Cam, 54 ans, Roland Jourdain, 49 ans, et Kito de Pavant, 53 ans, prendront le départ, le 6 avril prochain, de la Transat AG2R La Mondiale. Le Vendée Globe, la Route du rhum, la Solitaire du Figaro... Ces marins ont remporté les courses les plus prestigieuses. Ils ont également déjà gagné cette transat en double: Desjoyeaux en 1992 (1re édition), de Pavant en 2006, et le duo Jourdain-Le Cam en 1994. Mais ils reviennent tous sur cette course qui est la seule transat à armes égales (tous les marins naviguent sur un monotype Figaro Bénéteau 2) avec une passion intacte. «Nous remarquons cette année que la moyenne d'âge est plus élevée que d'habitude, explique Yvon Breton, directeur général délégué d'AG2R La Mondiale, le partenaire de la course depuis 22 ans. Cet échange d'expérience entre des grands marins d'expérience et des skippers plus jeunes est assez révélateur de l'état d'esprit et des valeurs de ce sport.»
Cette transat, réputée très tactique, emmène les concurrents de Concarneau à Madère où ils doivent passer une marque de parcours avant de mettre le cap vers Saint-Barthélemy dans les Caraïbes. La difficulté stratégique vient de la position de l'anticyclone des Açores qui peut encalminer la flotte au large du Portugal ou au contraire imposer un choix entre une route nord et une route sud après Madère. «La course au large nous donne la chance de naviguer sur plein de types de bateaux différents et de faire que le changement soit source d'enrichissement et de progrès: à chaque navigation, je continue à apprendre des choses», résume Michel Desjoyeaux qui embarque aux côtés du jeune et talentueux Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel). Les «anciens» de l'édition 2014 de la transat ont eu l'occasion de traverser l'Atlantique à 15 noeuds de moyenne en 60-pieds Imoca ou à plus de 20 noeuds en multicoque: ils vont devoir réapprendre la régate à 8 noeuds de moyenne sur un petit monocoque mais ne devraient pas ronger leur frein tant le niveau technique et l'engagement physique sont poussés à leur paroxysme sur cette course.
Seul bémol à ce plateau de légende, le nombre d'inscrits - 15 bateaux - qui rappelle que la crise est bien là. «Je regrette qu'il n'y ait pas plus de concurrents, confie Kito de Pavant (Made in Midi). Mais cette course est passionnante: il n'y a pas de recherche et développement à terre, tout se passe entre marins sur l'eau.»
Face à eux, les quatre «anciens» auront de la concurrence car les prétendants à la victoire sont nombreux. Parmi eux, les piliers et les jeunes loups du circuit Figaro: les tenants du titre Gildas Morvan et Charlie Dalin (Cercle Vert), Thierry Chabagny et Erwan Tabarly (Gedimat), Fabien Delahaye et Yoann Richomme (Macif) ou encore Nicolas Lunven et Eric Péron (Generali). «Dans un autre sport, on se dirait que c'est triste de voir revenir nos aînés et sans doute le fait de la crise, explique Nicolas Lunven. Mais en fait, ce scénario est magique: ils reviennent par passion, pour l'intérêt sportif de cette course et pour se confronter aux jeunes talents de demain.» Verdict les 27-28 avril environ à Saint-Barthélemy.