
Les premiers concurrents sont attendus lundi sur l'île de Saint-Barthélemy.
Triste scénario pour les légendes de la course au large française. Après 18 jours de course, l'ensemble des concurrents de la Transat AG2R La Mondiale, partis le 6 avril de Concarneau, ont lancé le sprint final vers l'île de Saint-Barthélemy, dans les Caraïbes. Mais la transat à armes égales a une nouvelle fois accouché d'un scénario hitchcockien qui a conduit les stars de la course au large tels Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam ou encore Kito de Pavant à favoriser une option nord, qui leur a été fatale, tandis que les jeunes talents de la classe Figaro Bénéteau sont allés chercher des alizés profonds très au sud et galopent maintenant vers une victoire assurée.
Jeudi, les trois premiers duos, Lunven-Peron (Generali), Delahaye-Richomme (Skipper Macif) et Gahinet-Meilhat (Safran-Guy Cotten) enchaînaient ainsi les empannages afin de se placer pour un dernier bord sur l'Atlantique. Celui-ci doit leur permettre, à partir de ce vendredi soir, de réussir leur atterrissage sur l'arc antillais. Et ils n'ont aucun droit à l'erreur avant l'arrivée prévue lundi. «Nous essayons de maintenir notre position mais ce ne sera pas facile jusqu'à l'arrivée», expliqua Nicolas Lunven, leader avec Eric Peron toute la semaine avant de se faire doubler au classement de 16 heures. Par Fabien Delahaye et Yoann Richomme, auteurs d'une très belle remontée. «Nous nous sommes remis en question à bord car nous n'allions pas assez vite par rapport à nos concurrents, analysa Delahaye. Nous avons changé des petits trucs à bord, comme le matossage ou la durée de nos quarts pour être les plus performants possibles.»
En revanche, la déception est de taille pour le groupe des nordistes dont l'option s'est avérée contre-productive. Trois anciens vainqueurs, Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam et Kito de Pavant, tentent maintenant de sauver la mise. «Concernant l'option nord, on peut toujours la regretter, commenta le double vainqueur du Vendée Globe et triple vainqueur de la Solitaire, actuellement en avant-dernière position. Quand nous avons passé les Canaries, nous avons vu quelques opportunités. Si on ne jouait jamais, on ne gagnerait pas souvent. Évidemment, nous sommes déçus mais, au moins, nous avons essayé quelque chose.» Kito de Pavant rappela de son côté à la vacation de la mi-journée que le palmarès impressionnant de la flotte des nordistes «rassurait quelque part» au moment du choix. Maintenant, les retardataires bataillent entre eux pour «ne pas récupérer la cuillère en bois», selon l'expression de Michel Desjoyeaux.