
Les deux marins ont remporté la 12e édition de la Transat AG2R La Mondiale, au terme de 22 jours d’une bataille navale intense.
Un grand soleil et une brise généreuse ont accueilli ce lundi, à 19 h 30, Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat (Safran-Guy Cotten), vainqueurs de la Transat AG2R La Mondiale à Saint-Barthélemy. Après 22 jours, 6 heures et 17 minutes de course, Gahinet peut se réjouir d’avoir triomphé lors de sa première « AG2R », avant même ses trente ans. Belle performance pour un nouveau venu très attendu sur le circuit Figaro.
Le marin, reconnu par ses pairs depuis 2011, avec sa victoire sur la Mini-Transat, est le fils du double vainqueur de la Solitaire du Figaro, Gilles Gahinet, disparu en 1984. Piqué par le virus de la compétition à l’adolescence, Gwénolé est monté en puissance progressivement, prenant le large après une solide expérience en architecture navale. Sur cette transat, il s’est entouré d’une autre force tranquille, Paul Meilhat, 31 ans, heureux de pouvoir inscrire son nom tout en haut du podium pour sa troisième participation. D’autant que la bataille fut rude. « On s’est bien battu, on mérite cette victoire, s’est félicité Gwénolé Gahinet. C’est un résultat inespéré pour ma première sur le circuit Figaro. On le doit en grande partie à l’expérience de Paul. Cela a été une expérience géniale et très formatrice pour la Solitaire du Figaro qui part dans un peu plus d’un mois (8 juin) ».
22 jours de course à couteaux tirés
Après un envol sportif et maîtrisé, le duo a pris les commandes de la flotte au large de la Bretagne. Un début de course impressionnant pour Gwénolé Gahinet qui découvrait alors le comportement de son bateau et évoquait pudiquement des « moments assez forts » à la vacation. Puis, les deux marins ont choisi d’aller chercher les alizés au sud, prenant le risque de dégringoler au classement général provisoire, avant de finalement galoper en tête de flotte à l’approche de l’arc antillais. Un investissement à long terme pour une bataille de stratèges qui laissa en queue de peloton des marins au palmarès impressionnant comme Michel Desjoyeaux ou Jean Le Cam. Les jeunes loups ont mené la danse.
Puis vint le temps de la régate au contact. À cette échéance, nombreux étaient les tandems à être agacés par la vitesse insolente du bateau jaune et blanc. « Le fait qu’il y ait des bateaux autour maintient l’adrénaline », témoignait Paul Meilhat le week-end dernier, en jouant au chat et à la souris avec le tandem Fabien Delahaye-Yoann Richomme (Macif), finalement deuxième (1 heure et 6 minutes derrière) à Saint-Barth. Le duo Barrier-Pellecuer (30 corsaires) a réussi lui à grimper sur le podium pour 87 secondes aux dépens de Jourdain-Le Pape (La Cornouaille).
Un minuscule écart à l’échelle de l’Atlantique et de trois semaines de course, sorte de marque de fabrique de ces transatlantiques à armes égales du circuit Figaro qui créent chaque année des scénarios hitchcockiens et des faibles différences à l’arrivée. La preuve : juste derrière les vainqueurs, plus de la moitié de la flotte est attendue sur la ligne d’arrivée en moins de 24 heures.
Les héros du jour restent modestes et évoquent, tout sourire, l’enrichissement mutuel de cette transatlantique. « On se faisait vraiment confiance. J’ai passé trois semaines super agréables », a confié Paul Meilhat, très heureux de son triomphe avec Gwénolé Gahinet, ce nouveau venu qui s’est fait un prénom.