
L’aventure de la traversée océanique reste, malgré tous les progrès des voiliers et de la connaissance météo, chargée de tous les suspens entretenus par la compétition. Nul ne peut partir gagnant. Le skipper sait qu’une condition sine qua none pour prétendre à la victoire est déjà d’arriver. Pour cela, il doit déjouer les pièges des dépressions, plus ou moins violentes, qu’il peut croiser dès la sortie de la cité corsaire. Il doit monter aux fronts, lignes de conflits entre masses d’air de natures différentes, pour chercher les bascules de vent les plus favorables dans un état de mer que l’on souhaite le moins défavorable possible. Il doit négocier les petites zones de calmes mobiles qui engluent les bateaux entre deux batailles aux fronts. Il doit contourner le vaste anticyclone des Açores pour rejoindre l’alizé, ce fameux vent poussant régulièrement, ou presque, dans la bonne direction. Il doit, une fois arrivé en vue de la Guadeloupe, faire le tour de l’île car, ainsi en a voulu le créateur de la course, le vent doit réserver ses surprises jusqu’à la dernière minute. Le passage sous le vent de l’île, à l’abri du volcan, peut rebattre toutes les cartes. La Soufrière semble ne culminer à 1467m que pour rejeter l’alizé à une altitude d’où il ne redescendra que très loin des côtes. Le vent, seul moteur de la course, a des ratés et le skipper est obligé de déchiffrer subtilement la surface de la mer pour tenter d’attraper les faibles risées tombées d’un nuage ou dégoulinant dans l’axe des vallées. L’aventure, ayant quitté le domaine du périlleux pour celui du hasardeux, se poursuit jusqu’à la ligne d’arrivée.
« Les rayons solaires traversent alors l’atmosphère au plus court et chauffent la surface avec une efficacité redoutable »
L’évasion est la fuite vers la promesse des tropiques. Chacun imagine la fameuse végétation luxuriante et son climat tropical sous un soleil qui, été comme hiver, monte haut et rapidement sur l’horizon. Les rayons solaires traversent alors l’atmosphère au plus court et chauffent la surface avec une efficacité redoutable. La date de la course a été savamment choisie pour que l’évasion ait lieu après la saison des dépressions tropicales et avec les prémices de la belle saison aux Antilles. En novembre, les cyclones deviennent moins menaçants avec une mer suffisamment refroidie pour ne plus fournir de carburant à ces machines infernales qui répandent vents tempétueux et pluies diluviennes. La belle saison est la période sèche appelée Carême qui, de décembre à mai, contraste avec la période des pluies, appelée Hivernage, installée sous la chaleur de juillet à octobre. En fait, le climat des Antilles n’est pas aussi indépendant du climat de nos régions tempérées qu’il n’y parait. C’est l’anticyclone des Açores qui commande. Durant l’hiver de l’hémisphère nord, il se déplace vers le sud-ouest et permet à l'alizé, arrivant directement du nord-est, d’être plus franc et sec. Durant l’été, l'anticyclone remonte vers le nord-ouest et laisse l'alizé emprunter un long parcours maritime qu’il effectue mollement et en s’humidifiant beaucoup.
« L’alizé joue son rôle de ventilateur en limitant la hausse des températures et l’importance des développements nuageux… »
L’île baigne par principe dans l’eau et par disposition (ici sa latitude) dans l’alizé. La température de la mer ne varie pas beaucoup sur les plages de Guadeloupe. Elle ne descend pas en-dessous des 27°C au cœur de l’hiver et tutoie les 30°C en juillet et août. Les températures de l’air varient un peu plus avec des moyennes passant de 24°C à 28°C au rythme de ces mêmes saisons. Difficile de ne pas se baigner. Mais c’est le vent qui décide du changement d’humeur du temps, entre la belle et la moins belle saison.
Pendant le Carême, l’hiver en métropole, l’averse est sympathique. Elle essaye d’intervenir une fois par jour en fin de journée pour apporter une relative fraîcheur et faire retomber la poussière. Elle est très attendue par la nature qui a soif. L’alizé joue son rôle de ventilateur en limitant la hausse des températures et l’importance des développements nuageux.
« Les nuages se développent considérablement jusqu’à devenir des cumulonimbus agressifs »
L’Hivernage, l’été en métropole, est moins engageant. L’alizé abandonne souvent les Antilles et le manque de vent se traduit par des températures de 3°C à 4°C plus élevées, mais surtout par un temps lourd et humide. Les nuages se développent considérablement jusqu’à devenir des cumulonimbus agressifs. Les grains sous orages n’ont plus rien à voir avec les délicates averses de Carême. Il pleut tous les jours et le tambourinement des petites ou grosses averses devient vite un peu trop lancinant.
Il est donc préférable de choisir sa saison pour aller en Guadeloupe et ne pas oublier que c’est un archipel composé de multiples îles. Certaines plus rugueuses (les Saintes), accrochent les alizés et les nuages, ce que ne font pas, ou peu, d’autres (Marie-Galante, La Désirade) plus plates et donc plus arides. Le plus fort contraste se trouve sur l’île de la Guadeloupe elle-même. A l’ouest la plus grande aile du papillon porte le nom de Basse-Terre, alors que c’est elle qui est montagneuse. Très humide, elle est recouverte d'une forêt tropicale très dense. A l’est, la Grande-Terre est plus petite ! Sans relief notable, elle est plus sèche. Plus accueillante aussi et ses plages de sable blanc prétendent former La Riviera !
