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Dépité de voir la Coupe de l’America revenir en monocoque, le magnat américain s’est engagé à financer les cinq premières saisons de Sail GP. Chacun de ces catamarans volants monotypes équipés d’ailes rigides est confié à une nation différente, qui doit à terme assurer son indépendance financière. D’ici-là, la position d’organisateur-mécène peut parfois sembler interférer avec le management des équipes (remplacement de Billy Besson par Quentin Delapierre chez les Français par exemple) mais force est de reconnaître qu’elle n’impacte pas la direction de courses toujours de très haut niveau sportif. La montée en puissance se poursuit donc en 2022 puisque 10 équipes sont annoncées. Les départs et les croisements lors des régates en flotte s’annoncent bouillants, à l’image du découpage en règle du bateau japonais, par celui de l’Anglais Ben Ainslie en décembre à Sydney.
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5 équipiers à 100 km/h
Il faut dire que les catamarans F50 sont des machines de pointe, pour qui le surnom de véritables « Formule 1 des mers » n’est pour une fois pas galvaudé. Seuls des équipages d’élite sont capables de piloter, le terme barrer semblant ici anachronique, des bateaux qui dépassent en course les cinquante nœuds quand les conditions s’y prêtent. Ils sont cinq à bord de chaque bateau. Si le rôle du pilote, ou barreur, reste relativement classique, les décisions à prendre en termes de trajectoire et de tactique se font sous forte pression mentale quand les vitesses de rapprochement sont si imposantes, et les sorties du cadre imposé rédhibitoires si l’on vise la victoire. Plus inédit est le poste de contrôleur du vol qui a la lourde responsabilité de maintenir le bateau stable au dessus des flots. Son entente avec le pilote et le régleur de l’aile rigide, troisième poste clé à bord, est bien entendu primordiale. Enfin, deux équipiers sont aux moulins à cafés, ils mettent toute leur énergie à fournir la puissance nécessaire aux réglages, à tout instant.
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Premier rendez-vous à Chicago
Avec la dernière course de la saison 2, incluant la Grande Finale en match Racing, et les sept premiers événements de la Saison 3, les douze prochains mois vont certes être chargés pour les équipages, mais passionnants à suivre pour les amateurs. Cela débutera les 26 et 27 mars prochains par le Grand Prix des États-Unis à San Francisco. La célèbre baie accueillera les dernières courses en flotte de la saison 2, avant que les trois équipes alors en tête au classement ne s'affrontent lors de la grande finale. C’est seulement à ce moment que sera connu le grand vainqueur , laurat de la saison 2. Si Américains et Australiens ont d’ores et déjà assuré leur place en finale, le suspens reste entier pour savoir qui sera le troisième élu.
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Des Bermudes à Dubaï en passant par St Tropez
Mais à peine les bulles de champagne de la saison 2 envolées, la logistique parfaitement huilée du circuit aura déplacé l’ensemble des bateaux et de l’organisation aux Bermudes, site qui inaugurera la troisième saison moins d'un mois plus tard. C’est aux Bermudes que les équipes Suisses et Canadiennes rejoindront le circuit portant à dix le nombre de catamarans sur les lignes de départ. Avec en moyenne un événement par mois entre mai et novembre, dont deux en septembre, l’année s’annonce particulièrement intense. D’autant que fidèle à son concept de choisir des stades nautiques assez exceptionnels, les sites retenus par SailGP pour accueillir la saison 2022 laissent rêveurs. Peu après le coup d'envoi de la saison 3 aux Bermudes, SailGP se rendra ainsi pour la première fois à Chicago sur le lac Michigan, puis après le traditionnel rendez-vous de Plymouth au Royaume-Uni, direction Copenhague au Danemark en août. Si les étapes suivantes de Saint-Tropez et Cadix ne sont pas des surprises, le premier Dubaï Sail Grand Prix des Émirats Arabes Unis en novembre s’annonce quant à lui carrément exotique.
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Que ce soit en direct depuis la côte, sur les plans d’eau ou via les retransmissions web et TV dont la réalisation emprunte beaucoup aux effets de réalité virtuelle des sports américains, cette saison 3 s’annonce en tous cas passionnante. Alors qu’on ne sait toujours pas où se déroulera la prochaine coupe de l’America, 2022 pourrait être l’année qui donne raison à Larry Ellison. Avec à la barre des F50 des cadors de la trempe de Tom Slingsby pour l’Australie, Ben Ainslie pour le Royaume Uni, Nathan Outteridge pour le Japon, Peter Burling le kiwi, Jimmy Spithill pour les USA, sans oublier le Français Quentin Delapierre, ce n’est plus la ligue des nations mais la ligue des champions qui nous attend presque tous les mois !