Route du Rhum - Destination Guadeloupe : Kito de Pavant, marin opiniâtre et engagé.

Course au large
Par François TREGOUET

Volontiers prolixe, le méditerranéen d’adoption n’est pourtant pas le plus connu des marins français. Mais vainqueur de la Solitaire du Figaro (en 2002, il y a tout juste 20 ans !), au départ de trois Vendée Globe, son talent, ses compétences et ses qualités humaines sont unanimement reconnu. Il part pour une quatrième Route du Rhum consécutive et il nous a accueilli à l’intérieur de son joli Class40.

©Photo François Tregouet - MULTI.media pour Figaro Nautisme
Volontiers prolixe, le méditerranéen d’adoption n’est pourtant pas le plus connu des marins français. Mais vainqueur de la Solitaire du Figaro (en 2002, il y a tout juste 20 ans !), au départ de trois Vendée Globe, son talent, ses compétences et ses qualités humaines sont unanimement reconnu. Il part pour une quatrième Route du Rhum consécutive et il nous a accueilli à l’intérieur de son joli Class40.

Kito, est-ce que tu te souviens de la première fois que tu as entendu parler de la Route du Rhum ?

Ah oui ! Ça remonte à exactement 44 ans, donc la première édition, et il y a eu cette année là deux évènements qui m’ont marqué à jamais. Le premier, c’est que j’avais un entraineur, aujourd’hui on dit coach, avec qui on faisait du dériveur à Port Camargue, c’était la belle époque de la baie d’Aigues Mortes. Moi je faisais du Moth et lui du Finn, il faisait partie de l’équipe de France, il s’appelait Patrice Charré. Il préparait cette première Route du Rhum en 1978, et il est parti au mois de juillet faire son parcours de qualification et on n’avait plus de nouvelles. Malheureusement on a retrouvé le bateau mais pas le bonhomme, qui a dû tomber par-dessus bord. Forcément ça m’a marqué, car c’était un peu mon idole puisque c’est un peu lui qui m’avait amené à la régate. Et puis après bien sûr, j’ai vu ces images incroyables d’un petit trimaran jaune qui dépassait sur la ligne d’arrivée un grand monocoque, Mike et Michel. Ce sont des images qu’on a vu à la télé, j’avais 17 ans à l’époque, et ce jour-là je me suis juré de faire la Route du Rhum un jour. Et il a fallu attendre d’avoir 50 ans pour faire ma première Route du Rhum, en 2010, comme quoi il faut être opiniâtre. Cette année c’est ma quatrième route du Rhum d’affilée, la première en 60 pieds et les trois suivantes en Class40, alors j’en profite.

Le Class 40 sur lequel tu cours cette année est baptisé HBF-Reforest’Action, peux-tu nous parler de cette dernière association ?

Avec la pandémie, nos vies se sont comme arrêtées. Plus de courses, plus de projets, mais d’un autre côté, plus positif, cela nous a laissé un peu de temps pour réfléchir. Après on nous a expliqué que nous étions classés, nous marins, dans les professions non-essentielles, qu’on ne servait à rien. Alors on s’est dit que c’était peut-être plus malin de, plutôt que de servir de panneau publicitaire pour des marques de lessives, d’amener quelques messages sur l’environnement pour les générations à venir et des actions très concrètes que l’on pouvait faire dès maintenant. Etant né en Dordogne, un pays où il n’y a pas la mer mais beaucoup d’arbres, peut-être que je me suis un peu souvenu de cette enfance joyeuse que j’ai eu au milieu des forêts. Dans le même temps, j’ai eu des petits-enfants en Nouvelle-Zélande, où on a fait les mêmes bêtises que partout ailleurs, en détruisant des forêts parce que le bois est une matière première très importante, et puis il y a eu ces immenses incendies en Australie. Et donc je me suis dis que ce sujet de la reforestation était super important mais pas sur le devant de la scène. Pour changer la donne, je me suis mis en tête d’offrir à une ONG qui s’occupe des arbres, un peu de place sur le bateau. Alors j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé la structure qui paraissait la plus visible en France, qui s’appelle Reforest’Action pour les aider contre zéro euro. Ils m’ont pris pour un fou, je crois qu’ils le pensent toujours rires), et on a mis six mois pour signer un accord pour que je puisse représenter Reforest’Action sur les océans.

Pour revenir à la Route du Rhum, quelles sont tes ambitions sur cette édition 2022 ?

C’est compliqué de se positionner dans cette flotte très variée mais aussi très talentueuse. Il y a surtout des bateaux avec des drôles de formes, avec ces étraves qui ne sont pas très jolies, mais qui sont très efficaces à certaines allures. Elles ont quand même quelques défauts et j’espère qu’ils vont nous permettre d’entrer dans les dix premiers, c’est l’objectif très élevé que je me suis fixé, avec à la fois les bateaux, 26 Class40 neufs construits je crois pour la Route du Rhum et surtout les personnages, avec quelques mecs qui savent faire du bateau ! (Rires) On sait que ça ne va pas être facile, et je pense qu’il va y avoir beaucoup de déçus, et on va essayer de ne pas en faire partie. Dans ce bateau il y a toute mon expérience, on a modifié beaucoup de choses, on a un bateau qui est optimisé, qui va vite, qui est très polyvalent, solide, avec lequel je me sens à l’aise car je le connais par cœur. Et puis j’ai mon petit secret de grand-mère ! J’ai redécouvert l’année dernière un petit truc, l’Antésite, que je mets dans l’eau fabriquée par mon dessalinisateur, et bien c’est vachement bon ! (Rires)

Et l’après Route du Rhum ?

J’en sais trop rien, mais il y a un truc que j’aimerais bien faire quand même. Le bateau est en vente, on verra si ça se fait ou pas. Il est toujours plus facile d’acheter un bateau que de le revendre, mais ensuite j’aimerais bien créer une course en Méditerranée. Je rêve d’avoir un vrai évènement en Méditerranée. Alors surement pas de la taille de la Route du Rhum, mais quelque chose qui a du poids, plutôt multi-classes, car il est important de garantir à des investisseurs qu’il y ait un beau plateau. Je voudrais faire ça au mois de septembre-octobre les années de Vendée Globe. Donc sans les Imoca, mais quand il y a le Vendée Globe tout s’arrête pour les autres, alors que par ailleurs le calendrier des courses au large est plutôt surbooké. Donc la seule période où on peut envisager quelque chose ailleurs, c’est cette période-là. En attendant, j’irai naviguer sur le bateau des autres… 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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