Tom Laperche (SVR-Lazartigue) : « J'avais envie d'y croire mais ce n'était malheureusement pas réaliste »

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

La sortie de l’eau du Trimaran SVR-Lazartigue en escale dans le port du Cap (Afrique du Sud) a confirmé l’étendue des dégâts suite à l’avarie subie il y a dix jours. La réparation dans un délai raisonnable étant impossible, l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest (course autour du monde en solitaire) s’achève prématurément. Même si la déception est grande, le skipper Tom Laperche et toute l’équipe du bateau se projettent déjà vers les prochaines échéances, à commencer par le Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage.

Toute l’équipe du Trimaran SVR-Lazartigue avait voulu y croire. Croire à cet infime espoir de poursuivre l’aventure de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest, croire que leur détermination pourrait soulever une autre montagne après avoir déjà réussi la prouesse de pouvoir être au départ le 7 janvier malgré un problème structurel détecté à la fin de la Transat Jacques Vabre en novembre. L’espoir était bien là. Celui de n’avoir besoin que de deux ou trois semaines de chantier pour réparer les dégâts consécutifs à l’avarie subie dans la nuit du jeudi 18 janvier. Nuit maudite quand le bateau heurtait un objet ou un animal non identifié, dans l’Atlantique sud. Mais après avoir enfin pu sortir le bateau de l’eau ce dimanche, dans le port du Cap (Afrique du Sud) où Tom Laperche avait réussi à ramener son bateau en début de semaine, la décision est apparue comme une évidence. Les dégâts sont bien trop importants pour imaginer un délai raisonnable pour repartir dans la course et se lancer dans l’océan Indien puis le Pacifique. Le tour du monde en solitaire du Trimaran SVR - Lazartigue et de Tom Laperche se termine au Cap. Beaucoup de déception bien évidemment mais déjà le regard tourné vers les prochains objectifs. Aux avant-postes pendant toute la première partie de la course avant cette avarie, le bateau a montré son exceptionnel potentiel.

Fin mars, il devrait rejoindre les ateliers de MerConcept dans son port d’attache à Concarneau. Un chantier estimé à trois mois par Cécile Andrieu (team manager) laisse imaginer une remise à l’eau au début de l’été avec en ligne de mire le Trophée Jules Verne, record du tour du monde en équipage, à partir de la fin octobre. Un rêve s’achève, mais d’autres vont très vite s’épanouir.

Tom, quelle est la conclusion de l’analyse des dégâts de ce dimanche ?

« Au vu des dégâts et des délais de réparation, on doit se résoudre à l’arrêt de la course. La décision est claire. Tout le monde la partage, l’équipe, le groupe Kresk et moi-même. C’est forcément difficile à accepter car c’est la fin de ce tour du monde que je portais au fond de moi. J’avais envie de me battre pour aller au bout de la course, j’avais l’objectif de le finir. Ce n’est donc pas évident .

Le choix de l’abandon est-il apparu comme une évidence ?

Depuis que j’ai vu l’ampleur des dégâts, je savais que cela allait être compliqué de repartir. Mais j’avais envie d’y croire, d’espérer qu’on pouvait réparer rapidement en étudiant toutes les possibilités. Ce n’était malheureusement pas réaliste. Je remercie l’équipe qui a été super. Elle a su me récupérer, me soutenir. Tout le monde est déçu mais reste concentré pour inspecter le bateau, le démonter, faire toutes les choses nécessaires pour la suite, et être déjà dans la projection de la réparation.

Comment vous sentez-vous ?

C'est la première fois que j’abandonne sur une course, la première fois que j'ai une grosse avarie sur un bateau. C'est dur. Même si on fait tout pour l’éviter, il y en aura sûrement d'autres. Cela reste un sport mécanique, on ne maîtrise pas tout. Dans leur carrière sportive, peu, voire aucun marin, n’a jamais connu d’avarie ou d’abandon. C’est dur mais ça fait aussi partie de la beauté de ces courses. Je reste convaincu que naviguer en solitaire sur ces trimarans à l’échelle de la planète est extraordinaire et passionnant.

Quel est l’avenir ?

Dans les prochains mois nous allons continuer à fiabiliser et améliorer le Trimaran SVR-Lazartigue. J’ai évidemment envie de renaviguer le plus vite possible mais les travaux sont conséquents. J’espère que la remise à l’eau sera possible à la fin du printemps, début de l’été. Ce qui m’aide le plus aujourd’hui, ce qui me ramène de l’envie et la motivation, c’est de penser à la suite, d’imaginer ce qu’on peut faire sur le bateau et penser au programme. Se projeter sur le fait de pouvoir naviguer à nouveau sur ce magnifique bateau. C’est tellement incroyable. »

Cécile Andrieu (Team manager) : « La meilleure façon de regarder devant, c’est de se projeter sur la prochaine grande course : le Trophée Jules Verne »

Obligée de composer avec la vie portuaire locale, fortement impactée par la crise en mer rouge qui augmente considérablement le nombre de navires présents au Cap, l’équipe de MerConcept a enfin pu, ce dimanche, sortir le Trimaran SVR - Lazartigue de l’eau. Cécile Andrieu dresse le bilan de cette opération, confirme le choix de l’abandon et définit les prochaines étapes pour le Trimaran.

Le constat et la décision

« En sortant le bateau, on a pu constater l'ampleur des dégâts. Au vu de la taille de l'ouverture dans le fond de coque, on estime qu’il n'est pas envisageable de pouvoir repartir en course. Cela nécessiterait des travaux lourds, très longs et nous n’avons pas forcément la capacité de les faire ici. Nous nous dirigeons donc vers un abandon. »

Les projets

« Cet abandon est évidemment une déception pour toute l'équipe qui a bossé dur depuis cinq mois. La meilleure façon de regarder devant, au-delà de réfléchir à comment on ramène le bateau, c’est de se projeter sur la prochaine grande course qui sera le Trophée Jules Verne (le record du tour du monde en équipage) dont le stand by commencera fin octobre 2024. Cette échéance va guider nos prochaines semaines, comme une petite lumière au bout du tunnel. »

Dans l’immédiat

« Maintenant que le bateau est au sec, nous allons pousser l’inspection et réfléchir aux différentes étapes de sa réparation. La raison pour laquelle nous l'avons sorti de l'eau est double : éviter que l’eau s’infiltre davantage dans le reste des tissus qui composent le bateau et éviter ainsi de l'endommager davantage et puis, évidemment, terminer les vérifications pour commencer à réfléchir aux réparations des prochains mois. Aujourd'hui, quelle que soit l'option retenue, un retour cargo ou en convoyage, l’arrivée à Concarneau est estimée la deuxième quinzaine de mars. Le chantier devrait ensuite durer 3 mois pour une remise à l’eau l’été prochain. »

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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