Louis Vuitton America’s Cup : résultats en demi-teinte mais prometteurs pour l'Orient Express Racing Team

Chaque course a apporté son lot d'enseignements, confirmant à la fois le potentiel de l’équipage et les ajustements nécessaires pour rivaliser avec les meilleurs. L’ensemble d’Orient Express Racing Team apparait dans une dynamique résolument efficace où chaque erreur est finement étudiée, décortiquée et solutionnée d’une confrontation à l’autre. On ne répétera jamais assez le caractère inédit de l’AC75 encore à l’état de prototype que les Français doivent débueuguer et apprivoiser à chaque sortie tout en délivrant des performances de premier ordre face à des adversaires redoutables et expérimentés. Ces marins sont des pionniers à la fois ingénieurs et athlètes de haut niveau qui repoussent les limites de l’entendement technique, technologique, sportif et stratégique.
Course 1 : Une première victoire éclatante face aux SuissesL’AC75 Orient Express Racing Team a entamé le Round Robin de manière impressionnante, en remportant une victoire contre Alinghi Red Bull Racing. Malgré des conditions de vent léger, les marins tricolores ont su imposer leur rythme dès le pré-départ. Grâce à une stratégie bien exécutée, l’équipe a dominé la course. Dans le sprint final, l’engrenage des power sailor déraille sur un bord forçant les deux cyclistes du bord opposé à littéralement mettre les bouchées double. Au contrôle du vol, Jason Saunders n’a que très peu de marge de manoeuvre l’équipage franchit la ligne d’arrivée quasiment en roue libre sans possibilité d’affiner les réglages du bateau. Un tour de force qui renforce la cohésion et la confiance de l’équipage tout entier.
Course 2 : Une belle résistance face à Luna Rossa Prada PirelliFace à Luna Rossa Prada Pirelli, les Français ont su revenir dans la course après un départ difficile, imposé par Jimmy Splithill et Francesco Bruni. Malgré une pression constante sur leurs adversaires, ils n’ont pas réussi à combler l’écart, les Italiens s’imposant finalement. Cette course a montré que l’équipe française est capable de rivaliser avec les favoris, même s’il leur manque encore un peu de régularité pour concrétiser leurs efforts en victoires. Notamment sur les phases de pré-départ et départ de course.
Course 3 : Un abandon frustrant face aux KiwisLa deuxième course aurait dû être un test clé face aux Defender Emirates Team New Zealand. Cependant, un problème technique survenu à quelques minutes du départ a forcé Quentin Delapierre à prendre la décision difficile de retirer son équipe de la course. Bien que cette course n’ait pas compté pour le classement, cet abandon a mis en lumière les défis techniques liés à la gestion de l’AC75, ces prototypes complexes nécessitant une attention constante.
Course 4 : Une lutte acharnée avec une défaite à la clé face aux AméricainsOrient Express Racing Team a ensuite affronté NYYC American Magic lors de la troisième course. Malgré un départ où les Français sont dominés par le skipper adverse, Tom Slingsby, l’équipe a réalisé une remontée impressionnante, réduisant ainsi un écart de 500 mètres à seulement 50 mètres. Cependant, une erreur de manœuvre à un moment crucial dans du petit temps ne pardonne pas et l’AC75 tricolore tombe alors de ses foils. Les chances de victoire s’envolent mais la défaite a le mérite de confirmer la vitesse et le potentiel des Français pour rivaliser avec les meilleurs.
Course 5 : Un « crunch » à couteaux tirés, mais une défaite face aux AnglaisLa confrontation finale contre INEOS Britannia a été marquée par une bataille intense. Malgré un départ idéal en tête et gratifié d’une pénalité à leur avantage, les Français ont été battus de justesse par les Anglais, et une course serrée, une série de manœuvres audacieuses et des retournements de situation rocambolesques. La défaite est amère, mais l’équipe a montré des signes encourageants de progression, corrigeant les erreurs passées et se rapprochant toujours plus du niveau des meilleurs.
Vers un 2e Round Robin décisif
À mi-parcours des Round Robins, Orient Express Racing Team se classe quatrième au général, avec encore cinq matchs à disputer. Pour décrocher une place en demi-finales, les Français devront continuer à progresser, en améliorant leur régularité et en évitant les erreurs qui leur ont coûté cher jusqu'à présent. Cependant, leur potentiel est indéniable, et avec les ajustements nécessaires, ils ont toutes les cartes en main pour transformer ces performances en succès lors de la deuxième moitié du Round Robin, qui débutera mardi 3 septembre 2024, à Barcelone.
Olivier Herlédant - power sailor de l’AC75 Orient Express Racing Team : « C’est intéressant d’être sous pression, car nous savons que les courses suivantes seront de plus en plus sous pression. Forcément, nous apprenons à chaque fois, que ce soit en victoire ou en défaite. Nous espérons que la prochaine sera la bonne."
La prochaine course face aux Suisses ? « Chaque course peut être clé pour gagner. Cependant, face aux Suisses, cela peut être la clé de la qualification pour la demi-finale ; mais nous aurons d’autres opportunités si cela ne se passe pas comme nous le souhaitons mardi. »
Quentin Delapierre, skipper et pilote de l’AC75 Orient Express Racing Team : « Aujourd’hui, c’était une belle bagarre. Nos manoeuvres sont de mieux en mieux. On est très fiers avec l’équipe de prendre l’ascendant sur INEOS Britannia au départ cette fois. Je pense que tout s’améliore. Il faut tout faire encore plus vite et avec encore plus de précision pour gagner des courses. On n’est plus très loin ».
La prochaine course face aux Suisses ? « L’état d’esprit est le même, nous devons apprendre aussi vite que possible. Tout est déjà mieux que la semaine dernière, on doit être très concentré et patient pour être assez fort face aux Suisses. Tout va dans le bon sens »
Franck Cammas - directeur de la performance de l’Orient Express Racing Team : « On l’a encore vu aujourd’hui contre les Anglais, on n’a aucun complexe à avoir en vitesse, mais nous faisons encore des transitions, des décisions tactiques et des prises de position au contact qui ne sont pas encore très affûtées. Par manque de maîtrise, par peur peut-être également, d’avoir des positions plus rapprochées. Donc, on perd souvent dans ces situations de contact. Il faut vite gommer ça, il nous reste une semaine. C’est rassurant de pouvoir se dire que l’on peut matcher. Cela signifie que nous pouvons avoir l’ambition d’aller assez loin finalement dans ces Challengers Series. Nous avons aussi fait un match correct face aux Américains, qui sont également un très bon concurrent. Finalement, ce sont des bateaux que l’on peut affronter et, si nous avons une part de réussite, cela nous permettra d’aller en finale de la Louis Vuitton Cup. C’est ce que l’on peut espérer après un match comme ça. Mais nous n’avons plus beaucoup de cartes avant la 1ère qualification et ensuite avant les demi-finales. Les jours qui viennent vont être importants. Nous perdons trop de mètres. Nous essayons de progresser petit à petit, chaque jour, nous voyons des points faibles apparaître, car nous progressons quelque part, puis d’autres points faibles réapparaissent, cela fait partie de l’évolution. »