Orient Express Racing Team – du rêve à la réalité
Dès la première course à Vilanova i La Geltrú, Orient Express Racing a été impressionnant, remportant une course où la flotte a terminé en mode déplacement, grâce à son courage, sa détermination et des compétences tactiques et de chuchotement du vent exceptionnelles. En tant que nation, la France n'a pas son pareil dans l'histoire de la voile, ses marins remportant des victoires dans presque toutes les disciplines. La Coupe de l'America reste cependant une lacune dans le palmarès de la nation.
Mais ce n'est certainement pas faute d'avoir essayé. L'histoire de la France au plus haut niveau de la Coupe remonte à la fin des années 1960, avec le fantasque Baron Bich, avant le premier défi officiel en 1970. Depuis, douze autres défis ont permis aux Français de frôler le succès, mais de ne pas y parvenir. C'est donc avec détermination que les patrons du syndicat, Stephan Kandler et Bruno Dubois, tentent de réécrire les livres d'histoire en y ajoutant un fabuleux chapitre sur les succès français.
Reconnaissant que tous les éléments clés étaient en place dans l'exceptionnelle industrie navale française, l'Orient Express Racing Team a été créé. Et comme l'a dit Bruno Dubois lors du lancement : « En France, il existe un vivier de talents techniques, technologiques et nautiques que nos concurrents ont identifié au fil des ans et utilisé pour leurs campagnes. »
« Stephan et moi souhaitons rassembler le plus grand nombre de ces compétences pour former une équipe française forte. Grâce au soutien du Groupe ACCOR et à l'engagement d'Orient Express, nous avons réuni un collège d'experts pour piloter le groupe : Benjamin Muyl au Design, Antoine Carraz à la Technique, Franck Cammas à la Performance, et une équipe navigante qui sera dirigée par Quentin Delapierre. »
Après que l'équipe ait reçu son AC40 à la mi-août 2023, la navigation a commencé immédiatement et l'équipe de Delapierre était composée de son talentueux coéquipier Kevin Peponnet et des compétences de Jason Saunders et Mathieu Vandame. La trajectoire de performance sur laquelle ces quatre-là se sont embarqués était impressionnante, tandis qu'en coulisses, tout était mis en œuvre pour créer le premier AC75 français de l'histoire.
Comme l'explique Kandler : « Notre point de départ était d'assurer la compétitivité de l'équipe française. Au-delà du budget à réunir, nous avons très vite entamé des discussions avec le Defender, Emirates Team New Zealand, avec qui nous entretenons de très bonnes relations depuis la première campagne du K-Challenge en 2003. Le partenariat technologique qui en a résulté comprenait un package de design de dernière génération sur lequel travailler et nous construirons notre propre AC75 « Made in France ». Ce partenariat nous permet de rivaliser à armes égales avec les autres challengers. C'est un grand précédent dans l'histoire d'un challenge français ».M. Dubois a détaillé le processus lors d'un lancement prestigieux, en déclarant : « Nous avons la chance en France de bénéficier d'un savoir-faire extraordinaire que nous allons exploiter au maximum. Nous allons travailler avec Multiplast, basé à Vannes dans le Morbihan, CDK, basé à Lorient et Port-La-Forêt, ainsi que de nombreux sous-traitants. Certains de ces chantiers travaillent également avec les Chantiers de l'Atlantique sur le projet Orient Express Silenseas. Travailler avec plusieurs entités nous permet de gagner du temps. La construction de notre AC75 débutera en avril et s'achèvera au printemps 2024. »
Ce qui a été livré à Barcelone dans un « convoi exceptionnel » après un voyage routier de cinq jours depuis le nord de la France, était de la pure classe française. Une coque bleu nuit avec des nuances de safran et de noir sous un pont blanc demandé par les marins était stupéfiante et témoignait des 46 000 heures de travail effectuées par quelque 65 constructeurs de bateaux. Les lignes correspondaient exactement à l'œil au Defender, le « Taihoro » d'Emirates Team New Zealand, et l'excitation était à son comble.
Dubois explique ce qui s'est passé ensuite : « Dès notre arrivée le 6 avril, les départements hydraulique, électricité et mécatronique ont pris possession du bateau pour installer les câbles, les batteries, les béliers et autres systèmes. Ce travail de précision a duré près de sept semaines. Notre AC75 est équipé de plus de 200 capteurs qui ont dû être installés, des capteurs qui envoient des données à terre ou au bateau-cargo. Ce sont des outils de performance essentiels ».
Le vol inaugural du 7 juin 2024 a marqué le début d'un été d'entraînement intense à Barcelone pour l'équipe qui a toujours lutté contre le temps. Leur engagement était remarquable, ils étaient souvent les premiers à sortir de l'eau mais toujours les derniers à y entrer - parfois après le coucher du soleil - le temps passé sur l'eau était primordial et très précieux. L'AC75 est cependant un casse-tête complexe à maîtriser, qui demande tant de mémoire musculaire et de coordination que les Français n'ont pas eu la tâche facile pour combler le fossé avec les équipes établies qui avaient déjà passé beaucoup plus d'heures à se préparer pour la Louis Vuitton 37e America's Cup.
Alors que la Louis Vuitton Preliminary Regatta débutait fin août, les Français se sont battus avec leurs systèmes électroniques embarqués, en particulier dans la boîte de départ, ont connu une panne du Foil Cant System qui les a empêchés de naviguer un jour, ont remporté une victoire par défaut contre le NYYC American Magic, et ont eu une lutte fascinante avec INEOS Britannia le dernier jour. Les pousses vertes de positivité étaient partout, Orient Express montrant une vitesse en ligne droite au près et au portant difficile à égaler, et ils ont commencé la Louis Vuitton Cup en sachant qu'il s'agissait d'extraire le potentiel du bateau et de naviguer proprement.
En fin de compte, ils ont terminé en queue de peloton dans les Round Robins, les équipes Challenger ayant toutes progressé en termes de technologie et de technique, mais Kandler a fait le bilan de la campagne en se tournant vers l'avenir : « Nous avions besoin de quelques semaines supplémentaires - pour mieux apprendre le bateau, et dans tous les départements - mais je pense que nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait. Nous sommes partis de zéro, nous avons rattrapé notre retard mais pas suffisamment. C'est vraiment décevant, mais en même temps je suis très fier de l'équipe et des efforts que nous avons tous fournis ».
« Nous construisons une plateforme pour l'avenir, c'est certain. Nous savons que nous disposons d'une technologie fantastique sur laquelle travailler pour les prochaines campagnes, si, comme prévu, le bateau continue à participer à l'America's Cup. Nous sommes une équipe sponsorisée. Nous n'avons pas de grand bailleur de fonds privé, il est donc important pour nos sponsors de savoir où va la Coupe. Ils étaient heureux de venir à Barcelone pour soutenir une jeune équipe. Ils savent que nous sommes une bonne équipe avec beaucoup de potentiel, mais nous devons attendre le vainqueur pour décider où et quand. Nous sommes toujours là pour la Youth et la Women's America's Cup où nous voulons prouver que la France a une forte capacité à participer à ces événements. »
Le célèbre yacht club de la Société Nautique de Saint-Tropez fait donc ses adieux au Défi français 2024, mais avec une base solide de sponsors, dont le Groupe ACCOR, L'Oréal Groupe, Photomaton ME Group, Alpine et toute une série de Fournisseurs Officiels et de Supporters, la continuité dans la 38ème Coupe de l'America est, on l'espère, une perspective bien réelle.
Avec le soutien des plus hautes instances du pays, y compris le patronage personnel du Président Macron, et avec les jeunes et les femmes de l'équipe qui ont hâte de participer aux épreuves de l'America's Cup UniCredit Youth et Puig Women ici à Barcelone, l'avenir est prometteur.
Kandler a bien résumé la situation en disant : « Un projet de Coupe de l'America en France, c'est bien sûr un défi sportif, mais c'est aussi un défi technologique. Nous nous engageons à remporter le plus ancien trophée sportif international avec notre Challenger, mais aussi à contribuer au développement du monde de demain.« Nous préparons les jeunes et les femmes athlètes aux compétitions du futur, et nous voulons aussi apporter notre contribution à la transition écologique de la mobilité. La compétition, et notamment l'America's Cup, nous pousse à être performants et créatifs en termes de technologie, c'est un laboratoire et un stimulant extraordinaire ».La 37ème Coupe de l'America Louis Vuitton a été un événement plus riche pour la participation de l'équipe française Orient Express Racing Team. Il s'agit d'une équipe à suivre dans sa construction pour l'avenir.Au revoir ? Cela ressemble plus à « à bientôt ».
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