
Un laboratoire à ciel ouvert
Dès 2016, ce Mini s’est distingué comme un ovni technologique. Premier de la classe à être construit en Elium© infusé, un matériau thermoplastique recyclable, il a ouvert la voie à une réflexion plus durable sur la construction navale. Cette audace se doublait d’un gréement novateur : une voile en aile articulée et rétractable, inspirée des AC45, combinant l’efficacité aérodynamique d’une aile rigide et la souplesse nécessaire pour manœuvrer en solitaire. À cela s’ajoutaient un mât aile autoporté sans haubans latéraux, un bout-dehors repliable et surtout, une première historique sur un Mini, des foils basculants et polyvalents adaptés à une carène scow.
Avec ces innovations, le Mini n°900 est rapidement entré dans l’histoire. Sous la barre de Quentin Vlamynck, il signait une 6e place remarquée à la Mini Transat 2017, démontrant que l’expérimentation pouvait aussi rimer avec performance. Deux ans plus tard, Raphaël Lutard poursuivait l’aventure sur l’édition 2019, prolongeant la quête d’amélioration continue qui marque l’ADN du projet.
Une évolution permanente au service de la performance
Quatre ans après sa mise à l’eau, le bateau a connu une refonte de son plan de voilure avec l’installation d’un mât aile à quête réglable. Cette fois, il reposait directement sur le pont, simplifiant les opérations de maintenance tout en optimisant la répartition des efforts. Les cadènes en époxy, recollées à la méthacrylate sur la coque en Elium©, démontraient que ce matériau recyclable pouvait être travaillé comme un composite classique, offrant autant de potentiel d’évolution que de durabilité.
À travers ces choix techniques, Neo Sailing Technologies a confirmé sa volonté de faire du Mini 900 une plateforme ouverte, où chaque skipper pouvait non seulement courir, mais aussi contribuer à l’avancée technologique de toute la filière. « Les skippers qui ont accepté de naviguer sur ce bateau, que ce soit lors de la Mini Transat 2021 ou sur les Sables - les Açores - les Sables en 2022, ont pris des risques, en embarquant sur une plateforme expérimentale. Grâce à eux, nous avons pu progresser et faire progresser toute la filière », rappelle l’équipe de Neo Sailing Technologies.

Dix ans, une renaissance
En 2024, le Mini a soufflé sa dixième bougie en passant par un chantier intégral. Déposé et remis à nu, il a subi une inspection complète de sa structure composite. L’objectif était clair : prolonger sa durée de vie et continuer à valider les innovations embarquées. Cette remise à neuf a permis d’intégrer de nouveaux éléments clés : un bout-dehors pivotant plus efficace, une cadène d’étai renforcée capable d’encaisser des charges plus importantes, un pont consolidé en Elium©/méthacrylate et un rail d’écoute de grand-voile pour affiner les réglages.
En neuf années de navigation, le Mini 6.50 de Neo Sailing Technologies a accumulé un palmarès impressionnant : trois participations à la Mini Transat (8 100 milles), quatre qualifications de 1 000 milles en solitaire, un aller-retour Les Sables - Les Açores - Les Sables (2 600 milles), et plus de 2 000 milles engrangés chaque saison entre 2017 et 2023. Au total, ce sont plus de 27 000 milles en conditions réelles, davantage qu’un Vendée Globe, qui ont permis de tester, améliorer et valider chacune des innovations introduites.
Le relais d’une nouvelle génération
Aujourd’hui, l’histoire continue avec Awen Le Huec, 20 ans, issue de la NST Academy et de NST Racing. Elle représente cette nouvelle génération de marins formés par Neo Sailing Technologies, prêts à relever le défi du large en s’appuyant sur un savoir-faire accumulé depuis près d’une décennie. En s’élançant sur la 25e édition de La Boulangère Mini Transat, elle prolonge une aventure qui dépasse largement sa seule traversée : celle d’un projet visionnaire où la performance sportive se mêle à la recherche, à l’innovation et à la transmission.

Un symbole au départ
Le Mini n°900 n’est plus seulement un voilier : il est devenu un symbole. Symbole d’audace, de recherche appliquée et de prise de risque collective, il incarne la conviction que chaque mille parcouru, chaque pari technologique, ouvre des perspectives nouvelles pour la course au large. À la veille du départ de la Mini Transat, il rappelle que l’histoire de cette classe se nourrit de passion, d’expérimentation et de courage. Et qu’à 20 ans, une jeune skippeuse peut en être l’héritière directe.