Fidji : explorer les îles Lau, trésor secret du Pacifique Sud

Par Le Figaro Nautisme

Longtemps isolées et peu décrites dans les guides de voyage, les îles Lau restent l’une des régions les moins accessibles des Fidji. Leur intérêt ne tient pas à l’abondance d’infrastructures, mais à une culture intacte, à des récifs très peu fréquentés et à une vie insulaire encore structurée par les chefs coutumiers. Pour les voyageurs qui cherchent un Pacifique authentique et discret, c’est sans doute la zone la plus singulière du pays.

Un archipel culturellement à part, à mi-chemin entre Fidji et Tonga
Les Lau constituent un ensemble profondément singulier dans le paysage fidjien. Ici, l’influence tongienne ne se limite pas à quelques traits culturels : elle structure réellement le quotidien. L’architecture adopte des lignes plus basses et plus épurées que dans le reste du pays, les danses et les chants reprennent des codes polynésiens, et le rôle du chef de village y est particulièrement central. Chaque communauté s’organise autour de sa grande maison, espace où se tiennent les réunions, les cérémonies et les décisions collectives. Le visiteur est toujours accueilli via le sevusevu, cette présentation formelle du kava qui n’a rien d’une simple tradition protocolaire mais sert de véritable autorisation d’entrer sur le territoire. Sans ce geste, aucune visite n’est pleinement légitime. Le rythme de vie, quant à lui, suit celui des travaux communautaires, des récoltes, des événements villageois et des échanges entre familles. Cette dimension sociale forte marque bien plus intensément le voyage que les plages ou les lagons : comprendre les Lau, c’est d’abord saisir cette organisation collective qui perdure et donne à l’archipel son identité distincte.

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Plongée et snorkeling : des récifs parmi les mieux conservés des Fidji
Malgré l’absence d’infrastructures touristiques développées, les Lau offrent certains des récifs les plus préservés du pays. Fulaga, par exemple, est réputée pour la densité de ses formations coralliennes et la clarté exceptionnelle de son lagon, où évoluent poissons-perroquets, labres, fusiliers et une faune bigarrée peu perturbée par la fréquentation humaine. Vanuabalavu possède des tombants situés au nord de l’île, zones plus exposées aux courants et donc particulièrement riches en vie marine, où l’on observe régulièrement des tortues herbivores, des bancs de carangues et une variété de coraux durs en très bon état. Kabara, de son côté, se prête davantage au snorkeling : ses récifs peu profonds permettent d’explorer les patates coralliennes sans équipement lourd, dans une eau limpide qui met en valeur la diversité des couleurs et des textures. La plongée organisée est encore rare, faute de centres permanents, et dépend souvent des initiatives ponctuelles venues de resorts situés à Taveuni ou Savusavu. Ces sorties, lorsqu’elles sont possibles, se font toujours en coordination avec les villages et les autorités locales, qui veillent à préserver un écosystème encore relativement intact.

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Fulaga et Vanuabalavu : deux expériences complémentaires

Fulaga et Vanuabalavu représentent deux manières très différentes de découvrir les Lau, presque deux portes d’entrée vers deux identités insulaires. À Fulaga, le lagon fermé forme une sorte de monde intérieur, protégé par une constellation d’îlots calcaires qui donnent au paysage un relief unique aux Fidji. Le village y joue un rôle central : il encadre l’accueil des visiteurs, organise les déplacements internes et se montre particulièrement vigilant quant à la préservation de son environnement, qui fait l’objet d’une attention collective. La relation au lagon est quotidienne, presque fonctionnelle, ce qui donne à l’île une atmosphère très particulière. Vanuabalavu, en revanche, dispose d’un aérodrome, de plusieurs hébergements familiaux et d’infrastructures légèrement plus développées. Ses découpes rocheuses et ses criques profondes tranchent avec la douceur de Fulaga, offrant un terrain plus varié pour explorer le groupe nord. L’île sert également de point de départ pour rejoindre d’autres îlots moins habités, ce qui en fait une base stratégique pour ceux qui souhaitent comprendre la diversité de l’archipel. Ensemble, ces deux îles montrent à quel point les Lau ne se résument pas à un seul paysage mais forment un ensemble complexe, riche et contrasté.

Comment se rendre dans les îles Lau

Il n’existe pas de liaisons quotidiennes. Deux options seulement :
o En avion : Fiji Airways opère quelques vols intérieurs vers Vanuabalavu et Lakeba, mais les fréquences sont limitées et souvent réajustées en fonction de la saison. Les billets se réservent généralement plusieurs semaines en avance.
o En ferry local : plusieurs compagnies desservent les Lau depuis Suva, avec des rotations variables et parfois sujettes aux conditions météo. Les trajets sont longs, mais permettent d’accéder à des îles rarement visitées.
À l’arrivée, les déplacements se font en bateau-taxi ou via les embarcations des villages, les routes étant quasiment inexistantes.

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Où séjourner : hébergements très limités mais immersifs

La région n’a pas de structure touristique développée. On trouve :
o de petites guesthouses familiales à Vanuabalavu, Lakeba ou Kabara ;
o quelques hébergements communautaires gérés par les villages, à réserver directement via les autorités locales ou par contact téléphonique.
Les logements sont simples, souvent sans eau chaude et avec une alimentation électrique limitée. Cette sobriété est la norme et non un défaut : c’est le niveau d’infrastructure réel des Lau.

Pourquoi ces îles restent un trésor discret

Les Lau ne sont pas isolées parce qu’elles auraient été oubliées, mais parce qu’elles fonctionnent selon leurs propres règles, avec des infrastructures limitées, une culture très respectée et un contrôle strict sur la présence extérieure. Cette situation préserve leurs récifs, limite la fréquentation et maintient des villages fidjiens proches de leur fonctionnement traditionnel. Pour les voyageurs prêts à s’adapter, c’est une immersion rare dans un Pacifique encore confidentiel.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.