Je suis découvreur, mon but est d'émerveiller...

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Le 25 juin 1997, Jacques-Yves Cousteau nous quittait, laissant derrière lui de nombreuses images, vidéos et découvertes. Afin de commémorer JYC 20 ans après sa disparition, Nautisme.com présente un portrait contrasté de l’homme, entre admiration et critiques.

©Wikimedia
Le 25 juin 1997, Jacques-Yves Cousteau nous quittait, laissant derrière lui de nombreuses images, vidéos et découvertes. Afin de commémorer JYC 20 ans après sa disparition, Nautisme.com présente un portrait contrasté de l’homme, entre admiration et critiques.

Les débuts

Jacques-Yves Cousteau naît le 11 juin 1911 en Gironde, à Saint-André-de-Cubzac. Après avoir fait une classe préparatoire au collège Stanislas de Paris afin d’intégrer l’école navale, il intègre celle de Brest où il deviendra officier canonnier en 1933, à bord du Jeanne d’Arc. Bien qu’il soit sur les flots, c’est des airs dont rêve Cousteau, et plus particulièrement de devenir pilote. Hélas, un accident de la route survenu en 1935 le blesse au bras, et par la même occasion, lui coupe les ailes. Pour autant, c’est le début d’une grande histoire qui s’amorce suite à cet événement plutôt qu’un destin brisé.

La découverte des fonds marins

En convalescence à Toulon, il embarque sur le Condorcet où un certain Pierre Thailliez (un des pionniers, avec Cousteau, de la plongée sous-marine) lui prête ses lunettes sous-marines Fernez (ces lunettes sont considérées aujourd’hui comme précurseurs des lunettes de plongée actuelles !).  En essayant le fameux instrument, révolutionnaire de son temps, Cousteau s’éprend instantanément de la vie marine. Il se trouve émerveillé devant la faune et la flore, pleines de couleur. En août 1937, Philippe Thailliez peaufine la formation de Cousteau en plongée sous-marine. En 1938, Thailliez rencontre un autre chasseur sous-marin, Frédéric Dumas. Avec Cousteau, ils formeront l’équipe subaquatique les « Mousquemers ». Tout comme le célèbre roman Les Trois Mousquetaires, l’équipe de Cousteau aura un quatrième acolyte, Léon Vêche, pro de la logistique.

La guerre et le développement de la plongée

Avec les habilitations de Cousteau, ce dernier n’échappa pas à la guerre et à son devoir de soldat. Il servit dans le service de renseignement et fut envoyé à Shanghai. En 1940, il est assigné au contre-espionnage à Marseille. Il participe notamment à l'Opération Vado contre l'Italie, et donc au bombardement de Gênes. Pour ces faits d’arme, Cousteau reçoit une croix de guerre "avec palme et deux citations". Il participe également à la Résistance, activité pour laquelle il est élevé au rang de chevalier de la légion d’honneur.

 Toutefois, pendant ces années de guerre, Cousteau ne cesse d’explorer le monde subaquatique quand le devoir militaire se relâche (son commandant à Shanghai le lui permet dans la mesure du service à accomplir). A cette époque, les « Mousquemers » détournent l’usage des palmes de sauveteurs (de Pierre Corlieu), expérimentent les appareils de Hans Hass pour les prises de vue sous-marine, les masques de plongée de Fernez et autres appareils de respiration innovants. En 1943, Emile Gagnan (ingénieur), Cousteau et son équipe travaillent à la création d’un scaphandre autonome : une révolution pour l’exploration marine. Il est breveté et commercialisé en 1945 CG-1945 (initiales pour Cousteau et Gagnan, 45 pour l’année). Cousteau le surnomme "aqua-lung", littéralement "poumon aquatique". Ce scaphandre permet une autonomie par rapport à la pression, une arrivée d’air qui ne nécessite plus d’effort, la possibilité de débiter l’air en fonction du besoin du plongeur. Surtout, il permet au plongeur une liberté totale car le scaphandre n'est plus relié au bateau.

Simultanément à cette conception de 1943, Cousteau sort un documentaire, Par dix-huit mètres de fond, tourné en apnée par Thailliez et Dumas à l’aide d’un objectif conçu pour filmer en subaquatique par Léon Vêche. Les Mousquemers remportent ex-aequo le prix du meilleur documentaire devant les officiels du gouvernement de Vichy et le Kommandantur.

En 1945, il présentera le film Epaves (tourné à l’aide des prototypes de scaphandre autonome) devant le chef d’état-major de la Marine. Ce dernier demanda alors à Cousteau et son équipe de créer le Groupement de Recherche Sous-Marine de la Marine Nationale à Toulon, connu aujourd’hui sous le nom de CEPHISMER. Les Mousquemers entreprirent différentes missions, parmi lesquelles l’exploration sous-marine, de sous-marins et des essais technologiques. Point d’orgue de l’exploration : la plongée et la visite de l’épave romaine de Mahdia en Tunisie. L’équipe en fit un film, regroupant les technologies subaquatiques nouvelles et fonds marins inexplorés au cœur d’une épave. Le film reçoit pour titre sobre et efficace Carnet de plongée. Il sera présenté à Cannes.

La Calypso

Nautisme Article
La Calypso© Wikipedia

En 1949, Cousteau est promu au grade de Capitaine de Corvette, lui permettant de fonder les Campagnes océanographiques Françaises en 1950. Il lui faut néanmoins un navire afin de réaliser ses divers documentaires. Un mécène niçois, en 1950, lui fait don du bateau La Calypso.

Au cours de leurs treize années d’expédition, Cousteau et son équipe réalisent différents films, dont "Aventures en Mer Rouge" qui est primé à la Biennale de Venise, ainsi que "Le Monde sans Soleil" qui est primé aux oscars pour le meilleur film documentaire en 1965.

Il devient directeur du Musée Océanographe de Monaco et il est admis à la National Academy of Science.

En 1975, Cousteau, avec sa nouvelle société Cousteau Society, découvrit l’épave du Britannic, petite sœur du Titanic. Il y plonge en 1976. Simultanément, il organise une expédition en Antarctique et réalise son dernier document long-métrage, Voyage au bout du monde.

Cependant, différents drames se produisent et fragilisent le commandant. En 1976, lors de l’expédition en Antarctique, le second de bord est tué par l’hélice de la queue d’un hélicoptère. Trois ans plus tard, au Portugal, c’est son fils Philippe qui meurt frappé par l’hélice d’un hydravion. Après cette année, Cousteau se retire de La Calypso pour différents projets, notamment la construction de parcs aquatiques et des engagements envers l’environnement.

Postérité

Jacques-Yves Cousteau est l’inventeur de la plongée moderne d’aujourd’hui, et ses engagements écologiques lui ont valu des récompenses tels que le Pahlava Prize du Programme des Nations Unies pour l’environnement, ainsi que le Palmarès Mondial des 500 (en 1977 puis en 1988). Il reçut également l’ordre du mérite maritime en 1980 pour son engagement envers la protection de la nature. Il est intronisé à l’Académie française en 1988.

Toutefois, bien que Cousteau s’engagea et milita pour l’environnement, cela n’était pas le cas à ses débuts. Il lui fut reproché de nombreuses choses lors de ses expéditions, notamment le dynamitage d’une barrière de coraux pour le tournage de ses films, ainsi que de chasser la faune marine pour les mêmes objectifs. Des incidents eurent lieu lors des explorations, dont l’un, narré par Gérard Mordillat, d’un bébé cachalot massacré sous les pales du navire, achevé d’une balle en pleine tête et dévoré par les requins. Il rajouta qu’un banc de poissons fut dynamité, et ce, pour le seul tournage du « Monde sous silence ». Enfin, si cela ne suffisait pas, les animaux auraient été manipulés pour obtenir de belles images.

De même, les engagements écologiques pouvaient sonnés faux lorsque l'on apprenait que certaines campagnes du Commandant étaient financées par… des industriels et autres compagnies pétrolières.

A sa décharge, à l’époque des explorations, l’intérêt était porté sur la découverte et l’excitation des nouvelles technologies pour capter les plus belles images. En 1956, les personnes s’émerveillaient devant le film qui fit tant de bruits à son visionnage quelques décennies plus tard. Et ce pour des raisons environnementalistes qui n’avaient plus rien à voir avec l’émerveillement d’antan. Cousteau se décrivait comme un découvreur, et non un homme de science. Et la conscience environnementale à l’époque de ses tournages, était plus faible qu'aujourd'hui.

Toutefois, au contact de Pierre Thailliez, sa vision évolua pour progressivement adopter la cause de la protection et de la qualité de vie de la faune marine. Engagement qui alla croissant à partir des années 70, aboutissant à certaines actions écologiques, notamment la « sanctuarisation » de l’Atlantique.

Jacques-Yves Cousteau s'éteint le 25 juin 1997 à Paris, et lègue l'ensemble des droits liés à l'usage de son nom et de son oeuvre à la Cousteau Society. Aujourd'hui, il reste l'une des personnalités ayant le plus marqué les Français.

Diaporama
La soucoupe plongeante de la Calypso Wikimedia
Philippe Cousteau, fils de Jacques-Yves Cousteau Wikimedia
DR
Les Mousquemers Wikimedia
DR
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…