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Où en sont nos connaissances ?
Les océans nous nourrissent, absorbent la majorité du carbone que nous émettons, émettent la moitié de l’oxygène et sont le principal réservoir de la biodiversité dans le monde. Malgré leur caractère essentiel, à peine 10% des fonds marins sont connus. Le saviez-vous ?
On estime que plus de 90% des zones de 0 à 200 mètres de profondeur n’ont pas été explorées. Ainsi, la quasi-totalité des océans reste inconnue et 80% de l’océan ne figure sur aucune carte. Malgré cette méconnaissance, l’OHI (Organisation Hydrographique Internationale) estime qu’en 25 ans, il y a eu une réduction de 35% des moyens nautiques des Etats côtiers de mesure et de topographie des fonds marins.
Il semblerait également que d’autres quêtes lointaines animent plus l’humanité puisque plus d’hommes sont allés sur la Lune que d’hommes sont allés explorer les fonds marins. Seules 5 personnes ont atteint l’endroit le plus profond de la planète, la fosse des Mariannes, dont le réalisateur James Cameron. En comparaison, 12 hommes ont posé le pied sur la Lune.
Paradoxalement, nous avons une idée plus précise de ce à quoi ressemblent certaines planètes à des millions de kilomètres comme Mars, Vénus et Mercure que ce à quoi ressemblent les profondeurs océaniques de notre planète. En effet, seulement 20% des fonds marins sont cartographiés avec une résolution de l’ordre du kilomètre. La majeure partie des fonds a techniquement déjà été cartographiée, mais à la faible résolution de 5 kilomètres seulement. Ce qui fait que nous n’avons qu’une faible approximation des montagnes sous-marines et des failles notamment. En comparaison, les cartes martiennes de la Nasa ont une résolution de 20 mètres environ. Néanmoins, il est important de mentionner que la planète Mars ne possède pas d’océans comme les nôtres et qu’il est donc beaucoup plus aisé de cartographier un sol que l’on voit, plutôt qu’un sol situé jusqu’à 10 954 mètres pour l’endroit le plus profond de notre planète connu à ce jour.
Alors pourquoi connaissons-nous si mal les fonds marins ?
De nombreux freins se posent face à notre exploration du monde sous-marin. Tout d’abord, il n’est pas possible de cartographier nos fonds par radar, contrairement à la Lune ou Mars, car l’eau de mer perturbe les ondes radio en provenance des satellites. Ainsi, pour cartographier à haute résolution, les experts doivent utiliser des techniques de sonars sophistiqués et notamment des véhicules sous-marins.
Mais un autre frein se pose alors : la pression. En effet, la pression dans les abysses est plus de mille fois supérieure à celle de l’atmosphère. Ce qui implique l’utilisation de matériaux et d’électronique capables de résister à la pression colossale des grands fonds mais aussi de survivre au milieu corrosif et à la géologie instable des profondeurs.
Cet exploit a été réalisé pour la première fois par la Chine le 10 novembre 2020 lorsqu’elle envoyait le submersible Fendouzhe, qui signifie combattant, à 10 909 mètres au fond de la Fosse des Mariannes, assurant ainsi la toute première retransmission en direct depuis le fond de l’océan !
La gestion raisonnée et prudente des océans, indispensables à notre survie, est fondamentale pour un avenir viable et la solide connaissance de ces masses d’eau est un bon moyen pour y parvenir. Nous avons donc encore du travail.