Le berlingot de mer : trésor discret ou fléau des profondeurs ?

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Sur les plages de l’Atlantique ou niché entre deux algues en Méditerranée, il attire l’œil par sa petite coquille lisse, rose ou crème, brillante comme un galet verni. Son nom ? Le berlingot de mer. Une appellation pleine de charme, empruntée à la confiserie, mais derrière ce surnom sucré se cachent deux réalités bien différentes. D’un côté, un minuscule mollusque délicat, presque invisible. De l’autre, un coquillage prolifique, parfois encombrant, qui bouscule les équilibres marins. Plongée dans le monde étonnant de ce coquillage pas comme les autres.

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Sur les plages de l’Atlantique ou niché entre deux algues en Méditerranée, il attire l’œil par sa petite coquille lisse, rose ou crème, brillante comme un galet verni. Son nom ? Le berlingot de mer. Une appellation pleine de charme, empruntée à la confiserie, mais derrière ce surnom sucré se cachent deux réalités bien différentes. D’un côté, un minuscule mollusque délicat, presque invisible. De l’autre, un coquillage prolifique, parfois encombrant, qui bouscule les équilibres marins. Plongée dans le monde étonnant de ce coquillage pas comme les autres.

Un minuscule bijou des rivages européens
Le premier berlingot, le plus discret, porte le nom scientifique de Trivia monacha. C’est un petit gastéropode marin, long de seulement un à deux centimètres, que l’on trouve dans les eaux côtières peu profondes, de l’Atlantique Est jusqu’à la Méditerranée. Il se cache dans les herbiers, les rochers ou sous les algues, bien à l’abri de la lumière. Sa coquille, bombée et parfaitement lisse, évoque la porcelaine tropicale, mais il s’agit ici d’une espèce bien européenne.
Peu connu du grand public, il fascine pourtant les amateurs de coquillages. Lorsqu’il est vivant, ce petit animal peut recouvrir entièrement sa coquille avec une membrane charnue appelée le manteau. Celui-ci porte des motifs qui l’aident à se fondre dans son environnement - une véritable technique de camouflage miniature.
Côté régime, le berlingot est un chasseur timide. Il se nourrit de bryozoaires, de minuscules organismes fixés sur les rochers. La nuit, il sort de sa cachette pour les racler à l’aide de sa radula, une langue dentée typique des gastéropodes. Inoffensif, paisible, discret... mais aussi fragile. Comme beaucoup d’espèces côtières, il est sensible à la pollution, au piétinement des estrans et à la dégradation des habitats.
Sa coquille vide, souvent échouée sur les plages après les marées, est prisée des collectionneurs, bijoutiers ou curieux en balade. Mais attention : mieux vaut laisser les spécimens vivants là où ils sont. Même petit, ce mollusque joue un rôle essentiel dans son écosystème.

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Trivia monacha© Wikipedia

Une autre créature, même surnom... et bien plus envahissante
À l’opposé de ce discret joyau, un autre coquillage est parfois surnommé "berlingot de mer", bien qu’il n’ait ni la même taille, ni les mêmes manières. Il s’agit de la crépidule (Crepidula fornicata), une espèce originaire de la côte Est des États-Unis, aujourd’hui largement implantée sur les littoraux français.
Contrairement à son cousin minuscule, la crépidule prolifère rapidement. Elle forme de vastes colonies, s’empile littéralement en chaînes de coquillages, et se reproduit à un rythme impressionnant. Sa capacité à coloniser les fonds marins est telle qu’elle s’est imposée comme un véritable compétiteur dans les zones autrefois dominées par les huîtres ou les coquilles Saint-Jacques.
Sa présence massive étouffe les gisements naturels, accapare le plancton, et modifie les équilibres alimentaires sous-marins. Elle est souvent perçue comme un « parasite » par les pêcheurs qui la retrouvent en quantité dans leurs filets, au détriment d’espèces plus valorisées.
Mais tout n’est pas si noir dans ce tableau. Ce coquillage, encore largement inexploité, suscite un intérêt croissant. Car derrière cette abondance se cache une ressource potentielle : sa chair, tendre et iodée, rappelle celle du bulot ou de la Saint-Jacques, avec des notes de noisette une fois cuite. Quant à sa coquille, riche en carbonate de calcium, elle peut être utilisée comme fertilisant ou complément minéral dans l’agriculture.

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Entre nuisance et opportunité
Alors, le berlingot de mer est-il un fléau... ou une chance ? La réponse n’est pas si simple. D’un côté, il incarne la beauté discrète et la richesse souvent ignorée des écosystèmes côtiers. De l’autre, il soulève des enjeux écologiques, économiques et alimentaires. Comme souvent en milieu marin, tout dépend du regard qu’on lui porte.
Car ce qui est considéré comme envahissant ou inutile peut parfois devenir précieux. À condition d’apprendre à le connaître, à le gérer intelligemment, et surtout à respecter les équilibres naturels qui l’entourent.

Le berlingot de mer a de quoi surprendre. Il fascine les collectionneurs, intrigue les biologistes, irrite les pêcheurs et titille l’intérêt des gastronomes. Tantôt discret, tantôt envahissant, tantôt bijou, tantôt boulet, il rappelle que la mer ne livre pas tous ses secrets au premier regard.
La prochaine fois que vous longerez une plage à marée basse, penchez-vous. Peut-être croiserez-vous ce petit coquillage brillant qui, bien plus qu’un joli souvenir, raconte l’histoire mouvante de nos littoraux.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...