
En France, il est soumis à plusieurs règles strictes qui visent à garantir la sécurité, à limiter l’impact sur les écosystèmes marins et à assurer une cohabitation harmonieuse entre les usages. Que l’on navigue pour quelques jours ou pour une saison, il est essentiel de connaître les critères qui encadrent la pratique, sous peine de sanctions ou de dommages irréversibles à l’environnement.
Connaître les restrictions locales avant de jeter l’ancre
La première règle à respecter concerne le cadre administratif. Contrairement à ce que certains plaisanciers peuvent penser, il n’est pas permis de mouiller librement partout le long des côtes françaises. Le domaine public maritime est encadré par le Code général de la propriété des personnes publiques, et les préfets maritimes ainsi que les mairies littorales peuvent restreindre le mouillage par des arrêtés spécifiques.
Certaines interdictions sont permanentes. C’est le cas dans les chenaux d’accès aux ports, à proximité immédiate des digues, dans les zones de baignade surveillées, ou encore autour des installations industrielles sensibles. D’autres restrictions sont saisonnières ou ponctuelles : en été, des zones temporairement interdites au mouillage peuvent être mises en place pour des raisons de surfréquentation ou de protection de la faune. Il arrive également que des zones de mouillage soient soumises à autorisation préalable, notamment dans les parcs naturels marins comme ceux de la mer d'Iroise ou du golfe du Lion.
Pour éviter toute infraction, il est indispensable de consulter les cartes marines à jour, les avis aux navigateurs (AVURNAV), ainsi que les arrêtés disponibles sur les sites des préfectures maritimes ou des Directions départementales des territoires et de la mer (DDTM). En cas de non-respect, les plaisanciers s’exposent à des sanctions allant de l’amende à l’injonction immédiate de quitter les lieux.
Protéger les fonds : une exigence environnementale
Le deuxième critère concerne la préservation des fonds marins, de plus en plus fragilisés par la fréquentation nautique. Lorsqu’une ancre est jetée sans précaution, elle peut endommager durablement les écosystèmes benthiques. En Méditerranée, les herbiers de posidonie - espèce endémique protégée depuis 1988 - sont particulièrement menacés. Le simple fait de traîner une ancre sur quelques mètres peut arracher plusieurs mètres carrés d’herbier, qui mettra des années à se reconstituer.
Pour cette raison, le mouillage est strictement interdit sur les herbiers de posidonie dans de nombreuses zones, notamment dans le Var, les Alpes-Maritimes, la Corse ou encore autour de Porquerolles. Des arrêtés préfectoraux encadrent ces interdictions, souvent assorties de sanctions renforcées. Il existe des cartes dédiées à la localisation des herbiers, et des applications de navigation les intègrent de plus en plus. Certaines collectivités ont également mis en place des zones de mouillage organisées (ZMO) avec des bouées fixées à des corps-morts écologiques. Ces installations, conçues pour éviter l’ancrage sauvage, permettent de profiter de mouillages prisés tout en respectant l’environnement.
La Bretagne, moins concernée par la posidonie, abrite cependant d’autres habitats sensibles, comme les champs de zostères ou les récifs d’hermelles. Là aussi, des précautions sont à prendre, et l’information est souvent relayée par les parcs naturels marins ou les conservatoires du littoral.

Rester temporairement et en toute sécurité
Au-delà des aspects réglementaires et environnementaux, le mouillage forain est aussi encadré par des règles de sécurité. Il s’agit d’un mouillage temporaire, et non d’un amarrage à long terme. La durée maximale tolérée varie selon les départements, mais elle est souvent limitée à 24 ou 72 heures au même endroit. Cette limite vise à éviter l’occupation prolongée de sites prisés et à garantir la sécurité en cas de changement de conditions météo.
Un mouillage n’est jamais totalement passif. Le Règlement international pour prévenir les abordages en mer (RIPAM) impose une veille constante, y compris à l’ancre. Cela signifie que le navire doit être surveillé en permanence, qu’il soit occupé ou non. Le capitaine doit être en mesure d’appareiller rapidement si la situation l’exige, que ce soit pour éviter une collision, échapper à une dégradation des conditions ou répondre à une injonction des autorités maritimes.
Certains secteurs sont en outre très exposés au vent ou aux courants, ce qui nécessite une vigilance accrue : vérifier la tenue du mouillage, la nature des fonds, la longueur de chaîne mouillée et l’éventuel balisage sont des réflexes indispensables. La densité du trafic, notamment en haute saison, doit également être prise en compte : un mouillage solitaire peut devenir problématique lorsqu’une dizaine de bateaux supplémentaires viennent s’y abriter en fin d’après-midi.
Anticiper pour mieux profiter de la liberté
Le mouillage forain reste une alternative séduisante au port, à condition de respecter les règles et d’anticiper correctement chaque étape. Préparer son itinéraire en amont, vérifier les conditions locales, identifier les zones sensibles, s’assurer que l’on ne gêne ni la navigation ni l’écosystème... autant de précautions qui rendent l’expérience plus sûre et plus sereine.
Parmi les outils utiles, l’application Bloc Marine constitue une ressource précieuse. Elle recense un très grand nombre de mouillages autorisés en France et en Europe, avec des informations pratiques régulièrement mises à jour : réglementation, profondeur, exposition au vent, présence éventuelle d’herbiers ou de corps-morts... De quoi planifier ses escales en toute légalité, et profiter pleinement de la liberté offerte par la mer, sans compromettre ni la nature, ni la sécurité.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.