
Un habitat sous-marin riche et structurant
Sous la surface, les herbiers de Zostera, notamment Zostera marina, toujours immergée, et Zostera noltei, présente dans la zone intertidale, dessinent de véritables prairies sous-marines. Ces tapis verdoyants, structurés et denses, offrent un refuge et une zone de nourrissage pour une multitude d’espèces : poissons juvéniles, seiches, hippocampes, crevettes, sans oublier les oiseaux comme la bernache cravant. Grâce à leurs racines profondément ancrées, ils stabilisent les sédiments, limitent l’érosion et contribuent à la clarté de l’eau. Autrement dit, ce sont de véritables gardiens naturels du littoral.
Des déclins préoccupants
Malgré leur importance, ces écosystèmes connaissent un recul alarmant. Dans le Bassin d’Arcachon, Zostera noltei a perdu 45 % de sa surface entre 1989 et 2012, tandis que Zostera marina a chuté de 84 % entre 1989 et 2016. À l’échelle mondiale, depuis les années 1940, les herbiers de zostère reculent en moyenne de 0,9 % par an, avec des taux atteignant 7 % par an à la fin du XXe siècle.
Les causes sont multiples : pollution, eutrophisation, urbanisation côtière, dragages, augmentation de la turbidité, mais aussi impacts du changement climatique. Les tempêtes plus fréquentes et l’assombrissement des eaux affaiblissent encore davantage ces plantes.
Parmi les pressions les plus insidieuses figure l’enfouissement par les sédiments. Des études expérimentales ont montré que même un apport de cinq centimètres en quatre semaines peut avoir des conséquences graves sur Zostera marina : mortalité des pousses, ralentissement de la croissance et de la floraison, affaiblissement des réserves énergétiques.
À terme, ces impacts compromettent la capacité de survie de l’herbier.

Restaurer oui, mais protéger d’abord
Si la restauration est une option envisagée, elle ne peut remplacer la protection des herbiers existants. Les experts insistent sur la nécessité de prévenir les dégradations avant de miser sur la replantation.
Lorsqu’une restauration est mise en place, elle doit être méthodique, suivie sur le long terme et adaptée aux spécificités de chaque site. Introduire des espèces comme Posidonia dans des zones où elle n’était pas présente n’est pas recommandé.
En Europe, des signaux encourageants apparaissent : depuis les années 2000, le rythme de déclin ralentit et certaines espèces à croissance rapide montrent même des récupérations locales.

Préserver pour l’avenir du littoral
Protéger les herbiers de zostère, c’est stabiliser les fonds, soutenir la biodiversité, améliorer la qualité de l’eau et défendre nos côtes contre l’érosion.
Cela passe par des zones protégées, des réglementations adaptées, une réduction des pressions humaines et un suivi scientifique régulier. La sensibilisation du grand public, via l’éducation ou des projets immersifs, complète cet effort collectif.
Les herbiers de zostère ne sont pas la posidonie, mais ils partagent avec elle un rôle écologique majeur. Leur préservation exige un engagement commun entre scientifiques, gestionnaires, usagers de la mer et citoyens.
Protéger Zostera, c’est préserver la santé de nos côtes et la richesse de nos fonds marins pour les générations futures.