

C’est avec dix milles d’avance sur le groupe des chasseurs que Charlotte Yven et Hugo Cardon vont pouvoir aborder le virage à gauche et entamer la descente le long des côtes escarpées espagnoles vers Vigo, ville d’arrivée de ce deuxième chapitre de La Solitaire du Figaro Paprec. Cependant, la morphologie de cette fin d’étape ne va pas être si simple que cela. La dorsale est de retour et semble bien accrochée sur cette partie nord-ouest de l’Espagne. C’est dans un vent faiblissant que la fin de course va s’opérer et contraindre les marins à la plus grande vigilance et lucidité possible. Si tous ont beaucoup donné la nuit dernière dans la bataille du passage de la dorsale, les plus reposés pourront rester sur le qui-vive pour trouver la faille et exploiter la moindre risée. En embuscade derrière le duo de tête, Quentin Vlamynck (Les Étoiles Filantes), Alexis Loison (Groupe REEL), Paul Morvan (French Touch - Foricher) et Jules Ducelier (Région Normandie) ne vont pas regarder les leaders s’échapper et vont tout tenter pour refaire ce retard.
Vers Vigo au pas de sénateur
Les nouveaux modèles météo, le long de la côte espagnole, permettent à l’heure actuelle de continuer la course jusqu’à Vigo.
Si les conditions météo s’avèrent plus compliquées et ne permettent pas de rejoindre la ligne d’arrivée dans de bonnes conditions, la direction de course prendra alors le classement intermédiaire d’une porte de passage obligatoire, située au cap Finisterre comme classement définitif de l’étape.
?« Le vent a été plus fort que prévu par les modèles. Les marins ont bénéficié de ce que l’on appelle en météo une bordure anticyclonique. Ils ne vont pourtant pas échapper à une petite bulle sans vent dans les prochaines heures au large du cap Finisterre et de la Corogne. Ça va tout de même être très lent cette nuit et demain. Il y aura quand même un peu de vent le long de la côte avec une arrivée dans l'après-midi de vendredi », confie Cyrille Duchesne de Météo Consult.

Ils ont dit :
Alexis Loison (Groupe REEL)
« Je suis dans un petit groupe de quatre bateaux avec Quentin Vlamynck, Paul Morvan et Jules Ducelier. Ce sont les seuls que je vois en visuel et à l’AIS. Je ne sais pas où sont les autres. Je crois que la nuit a été un peu compliquée pour l’ensemble de la flotte. Le passage de la bulle a été plus laborieux que prévu, comme souvent d’ailleurs. Je pense être dans le groupe pour qui ça s’est bien passé. J’avais envie de plus d’ouest mais bon. Je crois qu’il y en a deux qui y sont allés mais je ne sais pas où ils sont maintenant.
Je suis resté droit dans mes idées. On a le droit de se tromper, mais on n’a pas le droit de se faire influencer.
C’est passionnant ce golfe de Gascogne. Il se passe toujours des choses et notamment des choses qui ne sont pas dans le manuel de la stratégie. C’est hyper intéressant. Je vais me reposer un peu et surtout étudier la stratégie pour la nuit prochaine qui ne s’annonce pas si rose que ça ».
Jules Ducelier (Région Normandie)
« On a eu une nuit compliquée avec la dorsale à traverser. Ça n’a pas été simple et je me suis tiré les cheveux pour essayer de m’en sortir. Au final, je m’en sors bien. Je suis dans le bon paquet et il y a deux bateaux qui se sont échappés.
En revanche, je suis dans le rouge question fatigue. Le vent est hyper instable, ce n’est pas évident à tenir. Le résidu de houle n’aide pas à tenir le spi et les voiles. Il faut trouver le bon moment pour aller se reposer car la suite ne va pas être facile. La dorsale qu’on vient de traverser va nous retomber dessus. Je vais essayer d’anticiper un peu en fonction de ce que j’ai comme info météo. La régate n’est pas finie. On ne peut pas s’ennuyer sur une étape comme ça ».
Tom Goron (Groupe Dubreuil) :
« J’ai réussi à bien traverser la tête du groupe avec Alexis, Jules et Charlotte. Ils se sont fait bloquer dans une molle et on a voulu allonger pour traverser la dorsale. Ils ont retouché le flux d’est avant nous. Ils sont partis par devant tranquillement.
Le vent faisait des 360 degrés en permanence. C’était compliqué et fatiguant surtout d’empanner sans cesse sous gennaker. J’ai fait une nuit blanche. Le vent est rentré depuis, c’est beaucoup plus agréable. Je pense pour l'instant que je vais faire une route plutôt directe. Il y aura peut-être une accélération le long de la côte. Je vais essayer d’y aller pour ce dernier sprint. J'ai toujours été à fond, je ne lâche rien à aucun moment. On verra à la fin mais je veux surtout n’avoir aucun regret sur ma façon de naviguer et avoir donné le meilleur de moi-même ».