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Figaro Nautisme : Pouvez-vous présenter Catlante Catamarans ?
Jean-Pascal Siméon : « Il y a très longtemps, je faisais du charter aux Grenadines et j’ai toujours pensé que c’était quelque chose qui devait se développer et être accessible dans d’autres conditions et notamment les croisières à la cabine parce que tout le monde n’a pas la possibilité de louer un bateau à lui seul. Nous avons donc développé le concept de location à la cabine à bord de nos propres bateaux, construits dans notre chantier. Ces derniers ont été pensés pour répondre à des logiques différentes des chantiers navals classiques, à savoir des navires avec plus de place (afin d’accueillir à bord des personnes qui ne se connaissent pas), plus confortables et plus solides. Nous avons d’abord construit le Catlante 600, qui a évolué en Catlante 720. Nos clients sont des gens qui veulent découvrir la mer, avoir des vacances un peu conviviales, et qui sortent de l’ordinaire, mais ils veulent surtout garder leur confort, bien manger… ils désirent un bateau stable, pas des performances. Voici l’esprit donné à nos bateaux. »
F.N. : Quels types de services de navigation proposent votre entreprise ?
J-P.S. : « Tout d’abord, il est important de préciser que nous ne sommes pas une entreprise de location de bateaux, nous vendons des croisières. Nous sommes navire professionnel, nous sommes classifiés navire marchand avec toutes les contraintes que cela représente sur le plan de la sécurité par exemple. Nous sommes soumis à des règles que les bateaux de plaisance n’ont pas. Nous proposons à nos clients un service complet : nous fournissons le bateau, avec un équipage, la nourriture à bord… Tout est déjà prêt, ils n’ont plus qu’à embarquer et découvrir les joies de la plaisance. C’est une location à la cabine. »
F.N. : Les croisières à la cabine que vous proposez sont-elles assurées par un équipage qualifié ?
J-P.S. : « A l’heure actuelle, beaucoup d’entreprises proposent des croisières à la cabine d’une manière parfaitement illégale alors que nous ne proposons des croisières à la cabine qu’avec des capitaines diplômés marine marchande. Même le reste du personnel à bord est diplômé marine marchande. Nous avons donc un équipage professionnel sur un bateau de catégorie professionnelle.
Le brevet du capitaine 200 est exclusivement français. Donc les capitaines que nous recrutons à l’étranger possèdent le diplôme de capitaine professionnel aux normes du pays en question, qui sont soit légèrement moins exigeantes qu’en France soit plus exigeantes, notamment dans les pays anglo-saxons. »
F.N. : Comment vous démarquez-vous de la concurrence ?
J-P.S. : « Je ne connais pas le fonctionnement des autres entreprises mais ce que je sais, c’est qu’il existe une bible pour le tourisme en général : Tripadvisor. Catlante Catamarans est un opérateur touristique : au lieu de travailler dans l’hôtellerie ou le transport, nous travaillons dans le nautisme. Sur Tripadvisor, nous sommes classés n°1. Nous sommes une maison d’hôte des mers. »
F.N. : Quid de l’assurance pour les clients ?
J-P.S. : « Si le client se blesse suite à une faute de notre entreprise, nous sommes assurés au mieux de ce qui est possible et ce sera bien entendu couvert. S’il n’y a pas de faute de notre part, c’est l’assurance du client qui doit le couvrir. Que ce soit en France ou à l’étranger.
Lorsque vous faites de la location de bateau, le client gère son propre bateau. Donc il est conseillé, en règle générale, de prendre une assurance complémentaire « rachat de franchise ». Notre client, lui, n’a pas à toucher au bateau donc le client ne peut pas avoir de responsabilité dans son fonctionnement ou un éventuel accident. »

F.N. : Que pensez-vous de la démocratisation des nouveaux moyens de navigation ?
J-P.S. : « Pensez-vous que le législateur et le service des Affaires maritimes soient suffisamment stupides et malveillants pour nous imposer des contraintes pour avoir le droit d’emmener des passagers en toute confiance si cela ne sert à rien ? Si cela sert en effet à quelque chose, c’est qu’il y a une sécurité qui est extrêmement importante, la mer est dangereuse. Alors si quelqu’un décide de se mettre dans une situation à risque à titre personnel, c’est son problème. Si on a créé des diplômes marine marchande, c’est parce que la mer est quelque chose de sérieux. A partir de là, j’ai du mal à comprendre que l’on puisse accepter que des plaisanciers dont on ne connaît, ni la formation, ni l’état de leur bateau embarquent des gens à bord et prennent le risque d’emmener quelqu’un à la mort. Ou alors cela veut dire que depuis des années, les Affaires maritimes nous imposent des normes qui ne seraient pas nécessaires… J’ai quelques doutes là-dessus, ce sont des gens compétents. Donc il y a quand même quelque chose d’assez étonnant là-dedans… mais je n’ai pas d’explications. »
F.N. : Quel est l’impact sur Catlante Catamarans de cette démocratisation ?
J-P.S. : « On pourrait croire que la démocratisation des moyens de navigation nous fait grand tort, mais pas du tout. Parce que nous récupérons énormément de clients extrêmement mécontents, qui ont réservé en toute bonne foi sur des plateformes de location de bateaux qui ne possèdent pas de licence d’agence de voyage. Le client n’a alors aucune garantie que son voyage va se réaliser. Par exemple, si le propriétaire du bateau, dans le cas d’une co-navigation, n’a pas assez de passagers pour son voyage, il ne voudra sûrement plus partir, il peut alors annuler le voyage à la dernière minute.
Normalement, lorsque vous annulez un voyage, la règlementation des agences de voyage est draconienne, il y a une protection du consommateur qu’on ne retrouve pas dans la navigation dite collaborative. Nous avons également beaucoup de clients qui arrivent au dernier moment et nous demandent s’il nous reste de la place à cause de ce genre d’expérience. Il arrive fréquemment que ces personnes ne réussissent pas à se faire rembourser leurs acomptes.
Il ne faut pas oublier que ces entreprises font du travail dissimulé et de la fraude fiscale, parce que personne ne le déclare. Dans une époque comme la nôtre, où nous avons beaucoup de mal à équilibrer les comptes, je trouve totalement scandaleux que l’on autorise les gens à faire un travail commercial sans acquitter aucune charge sociale, aucun impôt. C’est en plus de cela, de la concurrence déloyale.
Les législateurs nous disent que les lois sont en cours, mais pour moi cela s’appelle un projet de loi et que donc rien n’est encore en place. »