
Il y a quelques mois, Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost ont confié à votre équipe la barre de VPLP. Comment assurer une continuité et une transmission en douceur ?
S.W. : "Marc et Vincent nous accompagnent encore régulièrement afin d’assurer une transition en douceur, que ce soit pour nous, le client ou l’entreprise. En vérité, le groupe de salariés repreneurs tient les reines du cabinet depuis un long moment déjà, la passation n’a fait qu’officialiser les choses. Nous sommes dans un processus de reprise en continu, et nous avons la confiance des fondateurs.
Ils nous aiguillent, nous accompagnent sur la stratégie, les relations clients… Tout cela en bonne intelligence"
Q.L. : "Vincent et Marc sont de vrais passionnés ! C’est un plaisir de les avoir à nos côtés pendant les réunions de lancement de projet. Ils ont beaucoup de choses à nous apporter, c’est un partage d’expérience qui nous permet d’être lancés sur de bons rails".
Sur les 79 bateaux de la flotte de départ de la Transat Jacques Vabre, 16 sont signés VPLP. Vous « trustez » la course au large… est-ce volontaire ?
Q.L. : "Le champs est très vaste et nous entreprenons des projets tous plus différents les uns que les autres. Mais nous soutenons que la course au large est dans l’ADN de notre cabinet. C’est l’un de ses piliers, l’histoire a commencé ici il y a 40 ans, c’est un support qui reste fort et central. Notre volonté n’est pas d’engloutir l’espace de toutes les classes mais on ne passe jamais à côté de belles opportunités ! Par exemple, pour le Class 40, nous avons saisi notre chance de travailler avec un très bon chantier et des skippers motivés. Ce sont des projets qui se font, des occasions sur lesquelles nous « sautons ». C’est toute une histoire de projets et de skippers motivés à travailler à nos côtés".
Parallèlement aux activités de course et de plaisance, vous développez un "pôle maritime" dédié à la conception de navires innovants. Quelle place prend la dimension environnementale dans vos projets ?
S.W. : "Le pôle maritime est une addition récente et encore très modeste si on la compare au reste des activités du cabinet. Mais le projet encouragé par Marc Van Peteghem depuis dix ans, suit son cours. Nous avons des technologies concrètes à proposer au monde du transport maritime pour le rendre plus vertueux ! Le développement de l’assistance à la propulsion par le moyen de voiles a engendré la création du concept d’Ocean Wings, un moteur éolien destiné à la propulsion maritime , et à la création de la start-up Ayro, une spin-off VPLP qui aujourd’hui vit son aventure industrielle.

Notre cabinet est celui d’architectes et d’ingénieurs qui conçoivent des navires qui répondent aux nouveaux critères de performance énergétique dans un monde encore assez peu friand d’innovations, pour des raisons financières et d’investissement. Ces nouveaux critères, cette notion de « sobriété énergétique » a bousculé tous les secteurs. D’où la nécessité d’imaginer des navires qui s’adaptent aux changements climatiques".
Quelques mots sur l’intelligence artificielle appliquée à la conduite des voiliers de course ?
Q.L. : "Plus les années passent, plus les bateaux sont des monstres de technologie. Mais dans l’optique de fiabilisation d’un bateau, l’IA est un paramètre que l’on est forcé de passer au second plan. Elle représente le dernier pourcentage qui permette de gagner en performance, il faut déjà que tous les autres paramètres soient sûrs.
Lors du convoyage retour de Cape Town jusqu'à Gosport, après l'abandon d'Alex Thomson dans le Vendée Globe, Antoine Lauriot-Prévost a eu le privilège de naviguer à bord d'HUGO BOSS. C’est une expérience rare pour un architecte de VPLP Design : embarquer pour 8 000 milles de convoyage à bord d’un voilier dessiné par l’agence. Pendant 35 jours il a oeuvré pour mieux comprendre le comportement de l'Imoca dans la mer du large et faire progresser les outils d’analyse de performance.
Nous attaquons avec humilité ce secteur de recherche, mais il fait en effet partie de nos nombreux développements. C’est un domaine de compétence à part entière qui s’éloigne un peu de l’architecture navale, nous essayons de l’intégrer au mieux".
Quels sont les projets qui vous tentent ?
Q.L. : "J’étais aux Voiles de Saint Tropez il y a quelques semaines ! C’était très intéressant de voir tous ces yachts régater. Nous avons eu la chance avec Guillaume Verdier de travailler sur Comanche, un sacré monocoque ! Côté course, nous espérons oeuvrer davantage sur les maxis foils. Nous sommes en train de plancher sur des avants-projets dans cette veine, qui nous permettent d’imaginer des 100 pieds qui seraient hybrides, semi-volants, voire volants, tout en respectant les règles en vigueur".
S.W. : "Nous voudrions faire une sorte de mélange entre Comanche, qui est un 100 pieds maxi de record, et SVR Lazartigue. De manière générale nous travaillons sur tout ce qui est grand monocoque. Ici nous parlions de la version course mais je suis persuadé que la version croisière est tout aussi intéressante".