
Des conditions variées et une dépression orageuse attendent la flotte et cela aura un impact considérable sur le scénario de la course. Qui en profitera ? Qui sera célébré à Nice vendredi prochain ? Éléments de réponse avec les marins avant de larguer les amarres.
À force d’enchaîner les rentrées des classes, les skippers de The Ocean Race semblent avoir pris leurs habitudes avant chaque nouvelle étape. On remercie l’équipe technique du travail fourni pendant une poignée de jours, on garde précieusement les souvenirs de l’escale dans un coin de la tête et on se projette avec envie sur la suite. Certes, le cadre change, la douceur estivale de Portsmouth a été remplacée par les fortes chaleurs de Carthagène mais l’engouement et l’excitation sont toujours aussi palpables sur les pontons.
« On est focalisé sur le présent »
C’est Thomas Ruyant qui résume le mieux l’état d’esprit du moment : « On est plein d’énergie, on a envie de bien faire, on a envie de montrer qu’on est là ». Il évoque « un supplément d’âme » chez Allagrande Mapei Racing, pas vraiment épargné par les difficultés ces dernières semaines. « On est passé à autre chose, dit-il en évoquant la collision et la décision du jury dimanche*. Maintenant, nous nous focalisons sur la course, on va essayer de rester sur la lancée de la deuxième étape ».
L’état d’esprit est identique chez Holcim-PRB. « C’est sûr qu’on est bien plus focalisé sur le présent qu’à ressasser le passé », confie Nicolas Lunven. La motivation est également grande à bord de Team Malizia. « Par rapport à la précédente étape (terminée 5e), on a forcément une petite revanche à prendre, explique Loïs Berrehar. On va se battre pour rester dans le coup et on va tout faire pour aller chercher une victoire d’étape ».
Un parcours « très technique et très intense »
Toutes les équipes abordent donc le rendez-vous avec un regain d’ambition. L’étape est d’importance : à l’issue de l’arrivée à Nice, unique escale française de cette édition, ce sera déjà l’heure de la mi-course et d’un premier bilan.
En attendant, il faut jeter toutes ses forces dans la bataille avec des équipages qui ont tous été remodelés, ce qui ajoute une petite dose de stress chez les skippers. « Ce n’est jamais évident d’arriver en cours de route, témoigne Yann Eliès. Il y a toujours un petit stress parce qu’on a envie d’être à la hauteur ».
Certains disputeront leur première étape de cette édition de The Ocean Race Europe à l’instar d’Abby Ehler (Allagrande Mapei Racing), de Benjamin Ferré (Biotherm), de Conrad Colman et des jeunes Rebecca Gmuer et Mathis Bourgnon (Team Amaala). Au départ et pendant la première nuit, la flotte s’élancera dans « du près dans des conditions plutôt médiums et assez sympa », assure Nicolas Lunven.
Ensuite, « les conditions vont être variées, le parcours s’annonce très technique et très intense », décrypte Loïs Berrehar. Le skipper de Team Malizia précise : « le parcours ayant été un peu rallongé, il y aura pas mal de petits zig-zags.
Nous allons traverser au moins un centre dépressionnaire et à la fin, on affrontera du vent fort et violent venu de la terre ». « La bonne nouvelle, c’est qu’on va avoir du vent mais il faudra éviter les pièges », ajoute Thomas Ruyant.
Nicolas Lunven abonde : « la météo n’est pas simple à cause d’une petite dépression qui remonte d’Afrique et traverse la Méditerranée. Quand elle sera à la hauteur des côtes françaises, elle sera réactivée par le cyclone qui arrive sur les côtes Atlantique de la France et qui amène de l’air froid ».
« Cette dépression orageuse nous accompagnera des Baléares jusqu’à Porquerolles et elle peut provoquer plein de scénarios différents », assure Yann Eliès. Le skipper expérimenté, qui en a vu d’autres, sourit : « on ne sait pas à quelle sauce nous allons être mangés. Cette étape, c’est un peu une pochette surprise ! »
*À l’issue des délibérations du jury, Holcim-PRB a obtenu réparation. L’équipe aura l’équivalent de la moyenne des points qu’elle obtiendra sur les étapes 2 à 5.