Maxime Sorel : prêt pour le grand saut !

Le skipper de 34 ans né à Saint-Malo est skipper du monocoque de 60 pieds V and B – Mayenne et prendra le départ de son premier tout du monde en solitaire et sans escale le 8 novembre prochain. Le dynamique parrain national de l’association « Vaincre la Mucoviscidose », a un parcours atypique mélangeant passion pour la mer, les bateaux, la course au large et la vie professionnelle.

« J’ai passé toute mon enfance à Cancale non loin de Saint-Malo avec mes parents, ma petite sœur Charline et mon grand frère Jérémy » raconte Maxime. « J’étais une vraie pile électrique, je ne m’arrêtais jamais. J’étais toujours dehors à construire des cabanes, jamais vraiment à l’intérieur devant des jeux vidéos. Très jeune, je suis adepte du skim board, des sports de plage, de surf mais également de skate. » Voilà des débuts paisibles pour la petite tête blonde aux yeux rieurs. « Je ne suis pas très, très brillant à l’école. Je suis un élève moyen. Je suis content quand la sonnerie de la récréation retentit. Je ne suis pas le dernier à faire des conneries mais je m’en sors toujours. ». Le voisin de Maxime est atteint de la Mucoviscidose, la famille Sorel contribue activement à soutenir l’association « Vaincre la Mucoviscidose », un engagement qui ne cessera d’animer Maxime.

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© Jean-Marie Liot / V and B - Mayenne

Être ou ne pas être

Adolescent, Maxime décide d’aller vivre avec son père, directeur de centres de formation professionnelle du groupe Forget. A Rennes, le collégien pourtant si extraverti change radicalement de comportement. « J’ai voulu me fondre dans un nouvel univers sans faire de vagues, en étant le plus discret possible. Je ne suis plus le perturbateur et ai du coup de bonnes notes. »

Durant cette période et avant, Maxime découvre la voile à travers l’école de voile de Port-Mer près de Cancale, Optimist, Topper, Laser, Hobie Cat… « J’ai intégré un pôle de compétition. Je me défends au niveau départemental. Nous n’avons pas assez de moyens pour nous déplacer au niveau national mais j’aime ça. La contrainte du bateau à voile me plaît, ne pas marcher face au vent a aiguisé mon appétit… ». BEPC en poche, Max enchaîne au lycée Saint-Martin de Rennes. « A cette époque, je retrouve un peu mes marques et je suis à nouveau moi !! Je profite un peu plus de Rennes avec mon frère qui est plus grand. Je réussis mon bac S. Je bosse l’été depuis mes 15 ans notamment dans l’ostréiculture et les travaux publics. Cela m’a donné des idées et j’intègre un IUT génie civil à Saint-Nazaire. »

Génie civil

A Pornichet, le cadet des Sorel navigue un peu en J24 et en Class8 et étudie beaucoup. La suite de ses études se déroulent à Lorient à l’école nationale supérieure d’ingénieur de Bretagne Sud. « Je me prends au jeu. J’alterne 6 mois à l’école et 6 mois en entreprise. J’aime la pratique. Je navigue encore avec la découverte du Tour de France à la voile en Mumm30. Je pars pour ma troisième année au Québec où je fais des recherches sur le béton par temps froid. En 2010, j’obtiens mon diplôme d’ingénieur. Très vite, je travaille chez ETPO, Entreprise de Travaux Publics Ouest chez qui j’ai fait des stages. » Maxime est parachuté à Limay près de Mante-la-Jolie et devient responsable des équipes d’une antenne qui comprend 5 salariés. Il fait route aussi régulièrement pour Le Havre où il construit des digues et diligente des travaux maritimes. « C’était super. J’étais autonome. Je bossais sur plusieurs agences et mes dirigeants me trouvèrent une nouvelle responsabilité au Havre.»

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© Jean-Marie Liot / V and B - Mayenne

Le déclic « course au large »

Retour en arrière… En 2008, le père de Maxime dans le cadre de ses fonctions rencontre le marin costarmoricain Pascal Quintin. Ce dernier cherche un partenaire. Forget Formation adhère et l’entreprise devient sponsor de Pascal sur la Québec Saint-Malo. Maxime découvre alors réellement le grand large et le Multi50. « Je découvre la compétition à haut niveau dans une ambiance festive. Je participe avec Pascal à de nombreuses courses jusqu’en 2013. » La vie de Maxime s’accélère et le virus du large l’emporte. « Au boulot, j’avais des fournisseurs passionnés par mes épreuves véliques. C’est comme ça que l’idée d’une participation à la Route du Rhum 2014 est venue. J’investis alors dans un Akilaria RC1. La mayonnaise prend. Au retour du Nautic 2013, nous nous arrêtons dans un V and B à Rennes. Le patron me donne le contact des dirigeants de la franchise. Quelques mois après lors de la conférence de presse de la Route du Rhum à l’automne, V and B décide de m’accompagner. Nous nous retrouvons, V and B, mes partenaires – fournisseurs - au départ de la course à Saint-Malo. C’est de la folie. Tout le monde adhère au projet. Il y a un vrai engouement. On découvre ce que la course au large peut apporter économiquement pour une entreprise. Je prends 3 mois de congés pour être prêt et je termine ma première transat en solo à la première place dans la catégorie « vintage ».

Une victoire d’anthologie

Le retour au travail en janvier 2015 est un peu difficile. Maxime convainc V and B de l’aider à construire un nouveau Class40. Il quitte son job et fonde une société qui gère à la fois son projet de course au large mais qui continue à faire du consulting dans le domaine des travaux publics. En 2015, Maxime clôt la Transat Jacques Vabre à une belle deuxième place. En 2017, avec Antoine Carpentier, le marin cancalais la remporte, l’apothéose ! Le tandem réalise une compétition aboutie et c’est un duel mémorable en baie de tous les Saints contre Aymeric Chappellier et Arthur Le Vaillant qui tourne à l’avantage du voilier vert. En 2018, il abandonne hélas la Route du Rhum mais une énorme communauté s’est créée autour des défis de Maxime qui voit grand !

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© Jean-Marie Liot / V and B - Mayenne

Cap sur le Vendée Globe

Le jeune Sorel, épaulé par son grand frère Jérémy, décide de passer à la vitesse supérieure. Le monocoque IMOCA de Thomas Ruyant est acheté, un plan VPLP – Verdier de 2007 à dérives droites et qui avait été lancé par Kito de Pavant. Avec V and B, fidèle, le département de la Mayenne qui rejoint l’aventure en juillet 2019 et de multiples soutiens, Maxime Sorel s’approprie sa nouvelle monture terminant notamment à une superbe cinquième place sur la Bermude 1000 Race 2019, sa première compétition, en solitaire, à bord d’un bateau du Vendée Globe. Il clôt aussi la Transat Jacques Vabre à la 16ème place avec Guillaume Le Brec malgré une escale technique forcée à Brest dès le début de la traversée de l’Atlantique entre Le Havre et Salvador de Bahia. Cette année, s’adaptant aux circonstances exceptionnelles en raison de la crise sanitaire mondiale, Max, pour les intimes, a préparé minutieusement son grand et formidable défi, structurant de manière minutieuse son projet dans toutes ses composantes (sport, technique, communication…). Le rookie à la tête bien faite est prêt à tourner autour du Monde pour le plus grand plaisir de nombreux aficionados. « Je suis en train de m’accomplir. J’adore faire les choses par moi-même. J’ai hâte d’être dans le chenal des Sables d’Olonne pour prendre le départ de mon Vendée Globe. Je souhaite qu’il soit performant avec mes armes de novice autour du Monde, je souhaite le partager un maximum avec tous, notamment les patients atteints de la Mucoviscidose qui me font avancer quotidiennement, je souhaite boucler cette première boucle planétaire. »  Le dragon des océans très présent dans la grand-voile de V and B – Mayenne va l’aider, le souffle de tous aussi. En route pour une histoire non commune, une Histoire avec un grand H !

Un premier Vendée Globe, une aventure de dingue

Nouveau venu parmi les skippers en lice pour le Vendée Globe, Maxime n’a pas froid aux yeux. A peine 2 ans d’Imoca dans son sillon, le jeune skipper va vivre pour la toute première fois la plus belle course à la voile en solitaire, traverser tous les océans et connaître tous les décalages horaires, pendant environ 85 jours. Comme plus de la moitié des skippers de cette 9ème édition du Vendée Globe, Maxime Sorel est un bizuth. Il a déjà fait des transatlantiques. A plusieurs et en solo. Mais un tour du monde en solitaire et sans assistance, jamais. Terrifiant, vous avez dit ? Pas pour celui qui navigue depuis toujours et qui a la mer dans le sang. Quand on lui demande comment il appréhende ce premier Tour du monde en solitaire et sans escale, il n’a qu’une réponse : « Bien, super bien ! ». Et précise : « Je prends beaucoup de plaisir à le préparer. On a imaginé tous les scénarios possibles avec l’équipe technique. On a beaucoup étudié les mers du Sud avec ses grosses dépressions. Ma plus grande appréhension est de prendre des prunes dans le Sud. Mais j’ai tout autant envie d’y aller ! ».

« Le départ du Vendée Globe, m’a beaucoup marqué, avec beaucoup de skippers en sanglots on ne sait pas si c’est de peur ou de joie. C’est fort, il faut être prêt à vivre cela, toute cette énergie que le public donne. La transition entre le célèbre chenal et le départ de la course est vraiment courte. Enfin on enfile son ciré et on passe en mode course. J’ai des souvenirs des écluses sur la Route du Rhum c’était déjà un truc de dingue… alors le Vendée Globe…. ! Evidemment ça me donne envie d’y être mais il faut réussir à prendre du recul sur ce qui va arriver. Et en même temps j’ai envie d’être capable d’accueillir ce qui m’arrive. » rendez-vous le 08 novembre 2020 aux Sables d’Olonne pour le départ de cette grande et belle aventure.

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© Jean-Marie Liot / V and B - Mayenne

Interview « première fois »

- Premier bateau ? One Design 747, un monocoque de 7m47

- Première fois sur l’eau ? On habitait à Cancale, alors j’y suis allé super jeune, en famille

- Première course ? Je débute la voile à 8 ans et à 9 ans je fais une régate à Cancale en Optimist. J’étais à l’école de voile de Port Mer.

- Première victoire ? en Optimist !

- Premier sport ? J’en ai fait plein ! Le premier devait être le judo

- Premier de la classe ? Plutôt « assez moyen mais avec de bonnes facultés »

- Premier travail : ingénieur en génie civil en 2010 pendant 6 ans

- Première personne dans ton Team ? mon frère Jérémy, embauché fin 2018

- Première fois en IMOCA ? Juin 2018, à bord de Souffle du Nord qui est devenu depuis V and B - Mayenne. Je l’ai convoyé entre Monaco et Alicante avec Thomas Ruyant. J’ai tout de suite eu des sensations de dingues et des bonnes ondes avec ce bateau.

- Premier geste sportif le matin ? En fait je prends un top petit dej : fruits frais, thé vert, granola, yaourt de brebis, baies de goji.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…