Vendée Globe : s'adapter à chaque chemin

Par Figaronautisme.com

Le chemin le plus court d’un point à un autre, ça reste encore de ne pas y aller. Mais allez expliquer ça aux marins du Vendée Globe ! Pas question pour eux de faire du refus d’obstacle, surtout maintenant qu’ils sont dans les mers du Sud et que la plupart d'entre eux sont précisément là pour vivre « ça ». Ils savent toutefois mieux que personne que les voies les plus courtes ne sont pas toujours les meilleures. Reste pour eux à définir la stratégie à adopter en fonction des conditions de circulation des différents systèmes météorologiques. S’ils étaient ailleurs qu’en mer, une application telle que Waze saurait certainement leur indiquer avec précision les zones difficiles à traverser et leur proposer les itinéraires les plus praticables. Sauf que voilà, là où ils sont, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour éviter les sentiers boueux et les dangers. Ce qui les oblige à adapter leur trajectoire en ce moment, c’est une vilaine dépression qui se creuse derrière eux et va venir les percuter de plein fouet en milieu de semaine.

Pour nous terriens, une simple application GPS permet de signaler les embouteillages, les accidents, les travaux… En somme, tous les obstacles qui peuvent rendre le chemin le plus court impraticable ou plus lent à parcourir qu'un itinéraire alternatif. Pour les marins, rien de tout ça. Les seuls outils dont ils disposent sont les fichiers météo et leur bon sens marin. En l’état, ce qui les préoccupent, et en particulier les leaders, c’est de réussir à négocier de la meilleure manière possible une zone fermée de basse pression atmosphérique un peu costaude qui doit les cueillir entre mercredi et jeudi. La route la plus courte leur ferait indéniablement traverser une zone dangereuse. Un quartier pour le moins mal éclairé. Ils n’ont donc d’autre choix que de miser sur un itinéraire plus long mais plus sûr dans une certaine mesure. Le hic, c’est que pour l’heure, celui-ci est bien mal tracé. « Le but est de se positionner au mieux pour prendre cette dépression qui arrive au portant et dans des vents qui soient négociables C’est un peu compliqué », a expliqué Yannick Bestaven (Maître CoQ V).

Pas vraiment la possibilité de prendre la tangente
Si hier encore, la gestion de ce fameux système pouvait s’envisager de deux manières distinctes, la donne a évolué. « Il n’y a plus de passage par le Sud », a indiqué le tenant du titre du Vendée Globe. Chose confirmée par Christian Dumard, consultant météo de l’épreuve : « Tous les solitaires vont passer logiquement dans son nord. Plus bas en latitude, ils la subiraient beaucoup plus longtemps, mais aussi avec plus de vent et plus de mer et se retrouveraient au près à un moment ». Évidemment, ce n’est pas l’option qui arrange le plus les marins. Car si elle va effectivement leur éviter d’essuyer des rafales à 65 nœuds et des vagues de dix mètres, elle va considérablement leur rallonger la distance puisqu’elle pourrait les faire remonter jusqu’à 500 milles au nord de l’archipel des Kerguelen. On voit d’ailleurs que le trio Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) - Yoann Richomme (PAPREC-ARKEA) - Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui va se l’emplafonner de la manière la plus brutale puisqu’elle se creuse à mesure qu’elle avance, semble avoir décidé de poursuivre sa route vers l’Est, conscient, de ne pas pouvoir vraiment y échapper de toutes façons.

Changement de mode activé
Le schéma est un peu différent pour ses poursuivants. Thomas Ruyant (VULNERABLE), Jérémie Beyou (Charal), Nicolas Lunven (Holcim – PRB), Sam Goodchild (VULNERABLE) et Yannick Bestaven ont encore le choix de prendre un peu la tangente. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils auront le temps d’admirer le paysage ni de faire un arrêt pique-nique sur une aire aménagée. « On va prendre 40-45 nœuds, ce qui est fort mais finalement un peu le tarif de ces navigations australes », a résumé le skipper de Maître CoQ V qui se prépare au mieux à prendre la première « patate » de son tour du monde. « Aujourd’hui, c’est la journée inspection du bateau. La préparation au gros temps est en cours avec l’installation des voiles qui vont avec », a indiqué le Rochelais qui profite de zones de vents calmes actuelles sur sa zone de course pour bien verrouiller les portières. Le programme est identique pour les suivants qui vont logiquement se faire cueillir par la dépression en question les premiers. Pour l’heure, ils progressent en avant du système mais vont bientôt se faire rattraper et voir les conditions se muscler. Comme l'explique Alan Roura (Hublot) : " On rentre à présent vraiment dans le vif du sujet du Vendée Globe. Pour nous, le passage du cap de Bonne Espérance ne va vraiment pas être simple et en même temps, quand je vois ce que les premiers vont se prendre dans les dents, je constate que tout le monde est un peu dans la même galère. Avec un petit décalage, on va tout prendre cher."
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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