Le Cap Horn : dernier acte avant l'Atlantique

Par Figaronautisme.com avec METEO CONSULT

Dans l’épopée légendaire du Vendée Globe, le passage du Cap Horn représente bien plus qu’un jalon géographique. C’est un rite de passage, le moment où les skippers quittent l'immensité hostile du Pacifique pour entamer la remontée de l’Atlantique, ultime ligne droite vers Les Sables-d’Olonne. Cette étape, redoutée autant qu'attendue, est chargée d'une intensité unique, marquant la transition vers la dernière phase d’une course qui teste corps et esprit au-delà de leurs limites.

Le mythe du Cap Horn

Situé à l'extrême sud du continent américain, le Cap Horn est souvent enveloppé de conditions météorologiques dantesques : vents violents, vagues titanesques et une mer tourmentée par les courants antarctiques. Appelé parfois « cimetière des marins », il symbolise autant le danger que la gloire pour ceux qui réussissent à le franchir.
Pour les 36 skippers de la 10ème édition du Vendée Globe encore en course, atteindre la cap Horn est déjà un exploit. Ils viennent de parcourir des milliers de milles dans les mers du Sud, où la zone d’exclusion antarctique les oblige à naviguer sur le fil, entre sécurité et performance.
Passer le Cap Horn marque une première victoire psychologique. Les skippers savent qu’ils retrouvent des eaux légèrement plus chaudes et un climat théoriquement plus clément. Pourtant, la remontée de l'Atlantique est loin d’être une promenade de santé. Elle impose de traverser le Pot-au-Noir, cette zone de convergence intertropicale où calmes plats et orages soudains mettent à rude épreuve la patience et les nerfs des navigateurs. En 2024, la dynamique des vents promet une lutte acharnée pour conserver ou rattraper des positions clés dans le classement.

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Yoann Richomme premier skipper passant le Cap Horn © Vendée Globe


Une météo capricieuse et changeante

Les dépressions très creuses qui se succèdent dans cette région rendent les conditions de vent et de mer très particulièrement compliqués. Les skippers doivent jongler entre des vents violents avec de soudains changements de direction, imposant une vigilance permanente. De plus, la faible luminosité, due aux fréquents ciels nuageux, accentue la fatigue visuelle et mentale. Les grains, accompagnés de fortes précipitations, peuvent réduire la visibilité à quelques centaines de mètres, rendant ce passage encore plus intimidant.
La température oscille souvent entre 5 et 10°C mais le ressenti est glacial avec l’humidité et le vent qui souffle en violentes rafales. Des conditions météo particulièrement éprouvantes pour les organismes. La température de l’eau de mer varie entre 2 et 8°C en raison de la proximité des glaces antarctiques.
Les vagues peuvent atteindre des hauteurs spectaculaires, parfois jusqu'à 15 mètres, en raison des interactions entre vents puissants et courants marins intenses, notamment le courant de Drake. Ce dernier, canalisé entre l’Antarctique et l’Amérique du Sud, génère une mer croisée imprévisible, redoutée même des marins les plus expérimentés.
Charlie Dalin, l’un des favoris de cette édition 2024, expliquait dans une interview : « Approcher le Cap Horn, c’est comme plonger dans une tempête permanente. On navigue à l’instinct et à l’analyse météo constante, car chaque erreur peut être fatale ».

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Charlie Dalin au passage du Cap Horn, lors du Vendée Globe 2024© Vendée Globe


Une transition vers l’Atlantique

Passer ce cap mythique marque une double victoire : la fin de l’hostilité du Pacifique et l’entrée dans l’Atlantique. Les skippers savent qu’ils retrouvent des eaux légèrement plus chaudes, mais l’Atlantique réserve aussi ses défis. Traverser le Pot-au-Noir ou négocier les alizés demande des ajustements stratégiques précis, d’autant que les skippers sont épuisés physiquement et mentalement après plusieurs semaines dans le Grand Sud.
Le passage du Cap Horn symbolise également un moment introspectif. Ce lieu, chargé d’histoire maritime, est souvent décrit comme une épreuve à la fois personnelle et technique. Les skippers qui y parviennent, souvent avec des bateaux éprouvés par des milliers de milles, en ressortent transformés, avec un sentiment de triomphe et une motivation renouvelée pour l’ultime ligne droite vers Les Sables-d’Olonne.

Pour les skippers encore en lice, franchir le Cap Horn en 2024 n'est pas seulement un jalon géographique, c'est un moment d'équilibre entre la maîtrise de soi et la maîtrise des éléments, une confrontation ultime avec la nature et avec eux-mêmes.

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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