Vendée Globe : Duel à distance entre Richomme et Dalin, les poursuivants respirent

Par Figaronautisme.com

En mer aussi, les ennuis volent toujours en escadrille. Le fameux précepte de Michel Desjoyeaux – « une emmerde par jour au Vendée Globe » - s’est vérifié avec un peu plus d’acuité aujourd’hui. Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 2e) a perdu une de ses voiles d’avant (J0) qui pourrait s’avérer capitale pour la fin de course. Boris Herrmann, lui, a perdu son J2, autre voile essentielle pour aller au bout et qui pourrait compromettre sa place dans le ‘top 10’. Pour les autres, le groupe mené par Sam Goodchild (VULNERABLE, 4e) profite enfin de conditions plus clémentes et la forte dépression dans l’Atlantique Sud est désormais de l’histoire ancienne.


Richomme ralentit, Dalin progresse

L’information est tombée en début de matinée, à 7h30. Yoann Richomme a confié à la direction de course que son hook de voile d’avant (J0) avait cassé et que la voile était tombée à l’eau. Le skipper a dû s’employer pour remonter la voile à bord avant de constater qu’elle était déchirée et donc inutilisable. Conséquence : Yoann a été légèrement retardé de quelques heures. Cette avarie tombe mal à moins de cinq jours de l’arrivée. Certes, l’absence de J0 ne sera pas préjudiciable dans l’immédiat puisqu’il bénéficiera de vents portants une fois remonté au Sud-Est des Açores.. En revanche, ça pourrait être plus délicat en début de semaine, quand il faudra tricoter de la côte bretonne jusqu’à l’arrivée dans des petits airs… Quoi qu’il en soit, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) est toujours attendu dans la journée de mardi sur la ligne d’arrivée et Yoann Richomme entre deux et douze heures plus tard.

Enfin du soulagement dans le groupe des poursuivants

Pour Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), la dorsale anticyclonique remonte et pourrait légèrement lui barrer la route, ce qui l’obligerait à devoir se recaler. Pas d’inquiétude néanmoins pour sa troisième place, lui dont l’arrivée est plutôt estimée entre jeudi 16 et vendredi 17 janvier.

2500 milles plus au Sud, le groupe des poursuivants, qui mène à coup sûr l’un des « match dans le match » le plus intense de ce Vendée Globe, commence enfin à voir le bout du tunnel. Tous commencent enfin à s’extirper du front froid semi-permanent, la zone chaotique composée de grains, d’orages et de vent très instable. Les partisans de l’Ouest, Sam Goodchild (VULNERABLE, 4e) et Jérémie Beyou (Charal, 5e) ont pris un léger avantage, ce qui se constatait déjà hier. Si Paul Meilhat (Biotherm, 6e) est parvenu à se rapprocher, Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 9e) a été légèrement distancé. Jérémie Beyou (Charal, 5e) ne cache pas son plaisir, lui qui a d’abord un mot pour Nicolas Lunven avec qui il a fait un grand bout de chemin depuis le départ :
« Ce n’est vraiment pas payé pour Nicolas, c’était une option vraiment intéressante mais je sais qu’il a les ressources pour revenir. En tout cas, je suis content d’être enfin sorti de cette zone. Ça a été terrible et très intense pour attraper les alizés de l’Atlantique Sud. J’ai cassé ma tige de vérin de foil tribord, ce qui expliquait mon déficit de vitesse en bâbord amure. Ça m’a pris la journée pour réparer, c’était l’enfer. Avant, c’était impossible de dormir, là j’ai pu me reposer un peu, ça fait du bien.» Jérémie Beyou, CHARAL.

Boris Herrmann, une avarie de plus…

De son côté, Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer, 7e) a expliqué avoir cassé son hook de J2, ce qui rend pour l’instant impossible l’utilisation de cette voile d’avant. Or, elle doit servir puisque « plus de 70% de la route qui reste se fait normalement avec cette voile » comme le rappelle Boris. En IMOCA, l’étai de J2 est structurel et reste constamment à poste. L’Allemand avait mis en place un système propre qui lui permet de pouvoir descendre la voile en cas de nécessité. Avec son équipe à terre, il s’affaire à trouver une solution technique et espère continuer à pouvoir batailler pour rester dans le ‘top 10’ jusqu’à l’arrivée.

À leur tour, 500 milles plus au Sud, Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 11e), Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 13e) et Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 12e) sont confrontés au front froid permanent, à du vent très instable et des orages. Si les deux navigatrices ont pris un léger avantage par rapport à Benjamin, décalé plus à l’Ouest, tout reste encore à jouer. Clarisse Crémer l’évoque en vacation, tout en revenant sur son état de forme :
« J’ai hâte qu’on soit dans les alizés ! Le front froid est très dur à passer, on bute dedans et on n’a pas l’impression d’être très efficace. Physiquement, ça va beaucoup mieux même si je continue à prendre des médicaments (contre le mal de dos). Mais je suis cramée, je n’ai quasiment pas dormi depuis deux jours. Je dors un peu comme en Figaro !» Clarisse Crémer, L'OCCITANE en Provence.

Derrière, tous réunis ?

Poussés par les vents forts d’une dépression, Giancarlo Pedote (Prysmian, 18e), Yannick Bestaven (Maitre CoQ V, hors course), Isabelle Joschke (MACSF, 19e) et Benjamin Ferré (Monnoyeur – DUO for a JOB, 20e) continuent à grappiller des milles sur le quatuor qui les devance. Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armur Lux, 14e), Alan Roura (Hublot, 15e), Romain Attanasio (Fortinet Best Western, 16e) et Damien Seguin (Groupe APICIL, 14e) pointent en effet à moins de 500 milles. « Ils sont bloqués dans la dorsale anticyclonique, explique Basile. Ils vont retoucher du vent samedi soir mais seront à nouveau bloqués par le front froid semi-permanent à partir de dimanche. »

La recomposition est donc toujours en cours à cet échelon de la course mais difficile de savoir encore si d’autres marins parviendront à en faire partie. En effet, un anticyclone se décale vers l’Est et pourrait bloquer les autres. Conrad Colman (MS Amlin, 22e) et Sébastien Marsset (FOUSSIER, 25e) parviendront-ils à s’y faufiler ? Sébastien était circonspect à la vacation :
« Il va falloir ‘speeder’, il faut toujours speeder ! Je ne sais pas si je vais y arriver. En gros, soit tu arrives à rester dans l’Est de l'anticyclone et tu es au portant, soit il te passe dessus, tu as une zone de vent faible et tu dois faire du près… C’est très incertain parce qu’on a aussi tous nos petits pépins à bord.» Sébastien Marsset, FOUSSIER.

La dépression et les glaces, c’est fini

En revanche, Sébastien assure que le passage de la dépression, hier, qui « le préoccupait beaucoup », s’est « bien passé ». La direction de course n’a eu à déplorer aucun dommage ou avarie pendant la traversée de ce gros coup de vent qui concernant aussi Louis Duc (Fives group – Lantana Environnement, 23e), Guirec Soudée (Freelance.com, 24e) et Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 26e).

Éric Bellion (STAND AS ONE – Altavia, 27e), Violette Dorange (DeVenir, 28e) et Arnaud Boissières (La Mie Câline, 29e), eux, ont évité la dépression. Néanmoins, le vent va se renforcer progressivement avec des rafales à 50 nœuds alors qu’ils avancent au près. À noter enfin que dans le Pacifique, Oliver Heer (Tut Gut., 30e), Antoine Cornic (HUMAN Immobilier, 31e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 32e) sont sortis de la zone de vigilance des glaces et peuvent continuer sereinement à progresser vers le cap Horn.


Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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