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L’autonomie électrique au large
Le grand enjeu du moment concerne l’énergie. Héole travaille ardemment à la mise au point de la technologie OPV (Organic PhotoVoltaïc). « Notre start-up, créée en juillet 2021, a pour objet de donner leur autonomie énergétique à des objets mobiles ou isolés », nous apprend Jean-Marc Kubler, directeur général du projet. Il s’est associé à Guillaume Wantz, grand spécialiste du sujet. Il s’agit d’appliquer cette technologie à la voile en intégrant des cellules aux tissus souples pour en faire des textiles solaires qui produisent de l’électricité. Contrairement au photovoltaïque que l’on connait, l’OPV est souple, léger, transparent et peut donc s’utiliser sur les deux faces. « Son empreinte carbone est dix fois moins importante que le silicium, il est trente fois plus léger et il est fabriqué en Europe, sans utiliser de métaux rares », ajoute l’innovateur. L’application semble apporter toutes les garanties d’utilisation pour la voile. « Pour l’heure on peut rendre un catamaran de 50 pieds autonome à condition de ne pas être trop exigeant avec la clim’. On fait marcher les ordinateurs, le pilote, le frigo, l’éclairage. » Héole est en discussion avec des fabricants de grands yachts équipés de voiles de grandes surfaces. « Cela nous demande encore du développement ? Plus vous fabriquez de kw/heure, plus c’est compliqué ». La phase d’industrialisation a néanmoins démarré, c’est l’objet de la levée de fonds en cours.
Eloyot pour auto-diagnostiquer son bateau
L’innovation Eloyot présente elle aussi un fort enjeu environnemental. « Je vois tous les mois des bateaux qui coulent pour défaut d’entretien, présente Kevin Hénaf, expert maritime de métier. 40 % des interventions de la SNSM sont dues à un mauvais entretien du bateau, dont 70 % à une panne moteur. Si les propriétaires et leurs assureurs avaient eu connaissance de l’état de leur navire, la plupart aurait éviter un drame écologique et économique. » Avec Gaëlle Hénaf, sa sœur et Aurélien Clugery, ils ont mis au point une application pour auto-expertiser son bateau. Elle présente une cinquantaine de points de contrôle issus de la division 240 qui régit la sécurité en mer. « Eloyot ne remplace pas une expertise professionnelle, mais offre une approche, une sensibilité de son bateau pour les usagers et facilite la tâche des assureurs. » Contrairement au monde de l’automobile où le permis de conduire et les contrôles techniques permettent des bilans réguliers et une prise de conscience du fonctionnement du véhicule, la plaisance en est dépourvue. « Et pourtant, un bateau c’est hyper complexe avec potentiellement un moteur, des aménagements intérieurs, une coque soumise aux éléments, de l’accastillage, un gréement… » Avec Eloyot en accès gratuit les plaisanciers ont déjà accès à l’information et peuvent suivre le déroulé de l’état de leur bateau. Avec la version payante, ils profitent d’un carnet d’entretien et génèrent un rapport. « En 54 photos prises avec l’appli on peut cerner l’état du bateau et attester de son état », ajoute Kévin Hénaf. La base est posée, Eloyot n’en est qu’à ses prémisses, de nombreuses perspectives de développement sont en vue.
La salopette inclusive
Saluée comme Eloyot au Trophées innovation nautisme du Grand Pavois 2023, le projet de la société Sailiz devrait satisfaire les navigatrices. « J’ai reçu beaucoup de retours de femmes qui faisaient part de difficultés à trouver des vêtements techniques adaptés. Certaines m’ont avoué boire le moins possible lors de convoyage pour ne pas perdre quinze minutes en allant aux toilettes et devoir enlever leur veste, leur gilet etc. » Si le sujet peut paraitre trivial on peut le voir « comme un engagement pour la mixité dans un secteur qui a encore du mal à se montrer inclusif », explique Solène Saclier, la fondatrice du projet et plaisancière amateure. La première conception de Sailiz est une salopette dont la coupe est adaptée à la morphologie féminine et non pas un équipement homme en taille réduite. « Un vêtement qui peut s’adapter avec des pattes de resserrage, des renforts décalés, placés à des endroits spécifiques et dotée d’une ouverture arrière qui s’actionne d’une seule main, un design coloré, un produit qu’on a envie de porter. » Cette salopette en textile technique, légère et imperméable, est de plus recyclable et conçue de façon responsable. C’est l’autre volet de l’engagement de Sailiz. « Car dans ce domaine, le nautisme a 50 ans de retard sur le monde du ski. » Le vêtement est disponible en précommande sur le site de la marque et sera exposé en magasin à partir du premier trimestre 2024. Le co-développement d’une veste femme va commencer dans les prochaines semaines. Une campagne de financement participatif est en cours sur Ulule.
Le pare-battage pratique
Le projet Fendsea a lui aussi reçu les honneurs du salon rochelais en septembre. La start-up basée à Lorient exploite un brevet déposé il y a trois ans par Fabrice Dufour, créateur par ailleurs de la marque de bateaux Beacher. Les pare-battages sont ces boudins qui protègent les coques des chocs quand elles sont au ponton. Fendsea a imaginé à l’intérieur un espace de stockage étanche de vingt litres, avec un couvercle. « On peut par exemple y placer les poubelles qu’on ne sait jamais ou mettre quand on navigue, ou y ranger les chaussures », expose Guillaume Labrot, président de la structure. Le travail de R&D se poursuit pour développer d’autres fonctionnalités pratiques. L’idée parait toute simple, encore fallait-il y penser ! « Le nautisme a un peu en retard en termes d’innovations. Cela montre que la filière se remet en question », observe Guillaume Labrot. Idéalement positionné sur la coque du bateau, Fendsea s’engouffre dans la dimension support de communication. « Le pare-battage est un équipement qui se remarque dans un port. Nous proposons une forme rectangulaire plus moderne, un habillage personnalisable avec des couleurs, un logo, une phrase... Nous avons déjà plusieurs précommandes en ce sens. »
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