
Cet été, plusieurs ports méditerranéens emblématiques ont frappé fort. Frontignan la Peyrade a adopté un arrêté interdisant toute navigation de jet-skis du 1er juillet au 31 août 2025 dans l’enceinte du port et la cale de mise à l’eau, incluant le stationnement des remorques : motifs invoqués, sécurité des usagers et congestion estivale des bassins. Palavas les Flots, de son côté, applique depuis début juillet la même interdiction aux particuliers, pour garantir tranquillité et sécurité face aux excès constatés tels que vitesses élevées, nuisances sonores et accostages non autorisés.
Pourquoi ces interdictions ? Raisons et justifications
Les motivations sont fortes. À Frontignan, la ville évoque l’intensité de la circulation maritime estivale, professionnelle et de plaisance, incompatible avec l’usage sécurisé des jet-skis dans le port. À Palavas, la décision fait suite à « de nombreux excès constatés » : bruit, comportements dangereux et perturbations pour la cohabitation avec les autres usagers.
Ces mesures s’inscrivent aussi dans un contexte national plus large. Sur la façade atlantique, Arcachon et le Cap Ferret interdisent depuis 2024 les jet-skis privés du 15 juin au 15 septembre, ne laissant la navigation qu’aux professionnels, pour limiter nuisances et accidents. Ce même été, un accident mortel à Arcachon - une femme de 47 ans percutée - a marqué les esprits. Les opérations de secours liées aux jet-skis se sont multipliées : 55 en 2023 contre 34 l’année précédente, alimentant la lassitude des sauveteurs et des riverains. Dans la réserve naturelle des Sept Îles (Côtes d’Armor), le Conseil d’État, en réponse à un décret de juillet 2023, a validé en juin 2024 l’interdiction totale des VNM - jet-skis, scooters des mers, bouées tractées, ski nautique - sur près de 19 000 hectares : une décision fondée sur la protection de la faune marine (oiseaux migrateurs et phoques), perturbée par le bruit, les collisions et les vagues créées par ces véhicules.
2024 : les prémices d’un mouvement national
L’été 2024 marque un tournant symbolique : face à des accidents graves, des plaintes de riverains et des interventions de plus en plus fréquentes, plusieurs communes adoptent des interdictions saisonnières touchant les VNM, principalement les jet-skis privés. Arcachon, Cap Ferret, Argelès sur Mer - où l’enlèvement des rampes de mise à l’eau depuis 2022 rend toute navigation quasiment impossible - font le choix d’une restriction forte, défendant les usagers et l’environnement marin.
En mer, des zones très réglementées comme Port Cros et Porquerolles imposent des distances minimales de 600 m de la côte pour la pratique des jet-skis, nettement plus strictes que la réglementation générale qui fixe la zone interdite à 300 m sans chenal balisé.
Des initiatives pour une pratique plus responsable
Face à la multiplication des interdictions dans les ports et à la tension croissante autour des usages nautiques motorisés, Sea-Doo a choisi de prendre les devants en mettant en place un code de conduite responsable. Développé avec l’organisation Tread Lightly!, ce programme gratuit vise à promouvoir une navigation plus respectueuse à travers trois piliers fondamentaux : la sécurité, la préservation de l’environnement et les bonnes pratiques de conduite. La formation en ligne « Eau 101 », animée par l’ambassadeur Daniel « Aqua Dan » do Nascimento, s’adresse à tous les utilisateurs de motomarines soucieux de mieux partager l’espace maritime. Courte, claire et accessible à tous, elle propose des conseils concrets pour limiter les risques et les nuisances. Lire l’article complet sur le code de bonne conduite.
Interdictions générales : cadre réglementaire et contexte national
Au plan national, les Véhicules Nautiques à Moteur (VNM) sont soumis à une réglementation stricte : navigation de jour uniquement, limitée à 2 milles d’un abri pour un jet-ski monoplace ou à 6 milles pour les modèles pouvant embarquer deux personnes, équipements obligatoires, interdiction dans la bande des 300 m des plages sauf chenaux balisés, et permis spécifique dès 16 ans.
De surcroît, certaines zones sensibles ou protégées - réserve des Sept Îles, baie de Somme, parcs naturels - ont instauré des interdictions totales ou partielles : ces décisions reposent sur des motifs écologiques (sensibilité de la faune), sécuritaires ou de tranquillité publique.
Les interdictions de jet-skis dans certains ports illustrent un virage clair vers une gestion plus durable et sécuritaire du littoral français. Entre protection de la biodiversité, respect des riverains et sécurisation des bassins estivaux, élus et préfectures adoptent des mesures locales ou nationales pour encadrer un usage jugé excessif.
Dans cette dynamique, les arrêtés récents de 2025 à Frontignan et Palavas rejoignent un mouvement amorcé en 2024 à Arcachon et ailleurs, en réponse à des accidents, des nuisances et une pression environnementale croissante. Ces décisions pourraient devenir de plus en plus courantes, tandis que le débat sur l’usage des jet-skis - entre plaisir individuel et bien commun - s’intensifie.
Et pensez à consulter l'ensemble des informations sur les ports de plaisance, dans l'application gratuite Bloc Marine.