Comment protéger son bateau de la foudre ?

Equipements
Par Le Figaro Nautisme

Lorsque l’horizon s’assombrit et que le tonnerre gronde, les navigateurs savent qu’ils sont dans l’un des environnements les plus vulnérables face à la foudre. En mer, le mât d’un bateau devient une cible privilégiée, et l’impact d’un éclair peut détruire en un instant des systèmes électroniques coûteux, endommager la coque ou, pire encore, mettre en danger l’équipage. À partir des recommandations d’experts et des normes établies, voici comment préparer son bateau et réagir efficacement face à cette menace naturelle.

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Lorsque l’horizon s’assombrit et que le tonnerre gronde, les navigateurs savent qu’ils sont dans l’un des environnements les plus vulnérables face à la foudre. En mer, le mât d’un bateau devient une cible privilégiée, et l’impact d’un éclair peut détruire en un instant des systèmes électroniques coûteux, endommager la coque ou, pire encore, mettre en danger l’équipage. À partir des recommandations d’experts et des normes établies, voici comment préparer son bateau et réagir efficacement face à cette menace naturelle.

Créer un chemin sûr vers l’eau : une nécessaire dérivation
Le principe fondateur de la protection contre la foudre en mer repose sur un concept simple : il faut offrir au courant un chemin de moindre résistance vers l’eau, afin qu’il ne traverse pas des zones sensibles du bateau. En pratique, cela signifie créer une liaison électrique continue depuis le point le plus haut, souvent la tête de mât, jusqu’au plan d’eau. Sur un voilier métallique, cette protection existe souvent de manière implicite : le mât, les haubans et la coque assurent naturellement une conduction vers l’eau. Sur les coques en matériaux isolants (fibre de verre, bois, plastique), cette continuité doit être construite artificiellement à l’aide de câbles ou tresses en cuivre, reliés à des plaques de masse immergées. Les experts insistent sur un point : ce trajet doit être aussi court, droit et solide que possible, car tout détour ou contact avec des éléments internes peut créer des arcs électriques dangereux. Dans certains cas, on complète ce dispositif par un réseau de conducteurs sur le pont pour améliorer l’effet « cage de Faraday », protégeant ainsi les zones habitées.

Paratonnerres et tresses : renforcer la sécurité structurelle
Si la liaison vers l’eau constitue l’ossature du dispositif, certains équipements renforcent encore cette protection. Les chaînes, longtemps utilisées, tendent à être remplacées par des tresses de cuivre tressé : plus souples, plus légères et surtout plus conductrices, elles permettent de réduire les pertes et d’améliorer la rapidité de transfert du courant. L’installation de plaques de mise à la terre correctement dimensionnées et placées sous la ligne de flottaison optimise le contact avec l’eau salée, qui est un excellent conducteur. Quant aux paratonnerres ou dispositifs de dissipation installés au sommet du mât, leur efficacité fait débat dans la communauté nautique : certains marins y voient un moyen de détourner la foudre, d’autres estiment qu’ils ne garantissent pas une réelle protection en cas d’impact direct. Les spécialistes rappellent que leur utilisation n’a de sens que si elle s’intègre dans un système global de conduction vers la mer, et non comme un dispositif isolé.

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Sauvegarder l’électronique : parafoudres et liaison équipotentielle
Un impact de foudre n’endommage pas uniquement la structure : la majorité des dégâts proviennent des surtensions induites dans les circuits électriques. Celles-ci peuvent survenir même si l’éclair frappe à plusieurs dizaines de mètres. Pour protéger l’électronique embarquée, les experts préconisent l’installation de parafoudres adaptés à chaque type de réseau : 12 ou 24 volts pour les circuits de bord, mais aussi dispositifs spécifiques pour les antennes VHF, les capteurs météo ou les systèmes GPS. Ces parafoudres doivent être reliés à une liaison équipotentielle, un réseau conducteur commun qui met tous les éléments métalliques et circuits électriques au même potentiel, afin d’éviter que des différences de tension soudaines ne provoquent des arcs destructeurs. Dans certains cas, il est même conseillé de pouvoir isoler rapidement certains équipements critiques pendant l’orage, en les déconnectant physiquement pour éviter toute remontée de surtension.

À bord pendant l’orage : comportement prudent et gestes salvateurs
Même avec le meilleur dispositif technique, la sécurité finale dépend des gestes adoptés par l’équipage. Lorsque l’orage approche, il faut immédiatement se préparer : réduire la surface exposée en rejoignant l’intérieur du bateau ou en se plaçant au centre du cockpit, accroupi, en évitant toute partie métallique. Les contacts directs avec les haubans, la barre, les antennes ou les chandeliers doivent être proscrits, car ils peuvent devenir conducteurs en cas de décharge. Les spécialistes recommandent également de couper l’alimentation électrique, d’éteindre et débrancher les appareils électroniques, en particulier ceux reliés à des antennes non protégées. La prudence veut aussi que l’on évite de toucher aux cordages mouillés reliés au mât, car l’humidité améliore la conductivité et augmente le risque de choc. Un orage en mer est rarement long : mieux vaut suspendre temporairement toute activité que de courir un danger inutile.

En mer, la foudre représente un risque aussi spectaculaire que destructeur. Aucun système ne peut garantir une protection absolue, mais une préparation méthodique permet de réduire considérablement les conséquences d’un impact. En combinant une dérivation directe et solide vers l’eau, un blindage de l’électronique, un entretien régulier du dispositif et une discipline stricte lors des orages, le plaisancier transforme une menace imprévisible en un risque maîtrisable. Cette anticipation n’est pas un luxe : c’est la condition pour que la mer reste un espace de liberté, et non un terrain d’improvisation face aux colères du ciel.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...