Navigation hivernale : cherchez la bonne fenêtre météo, savourez la belle lumière et… profitez !

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

L’hiver n’est pas forcément une punition pour les plaisanciers. C’est une autre saison de mer, avec ses règles, son rythme et une récompense que l’été n’offre presque jamais : des lumières uniques piquées de transparences, qui découpent les reliefs, lavent l’horizon et… les esprits. Naviguer en hiver vous permettra de découvrir des paysages et des plaisirs inédits.

L’hiver n’est pas forcément une punition pour les plaisanciers. C’est une autre saison de mer, avec ses règles, son rythme et une récompense que l’été n’offre presque jamais : des lumières uniques piquées de transparences, qui découpent les reliefs, lavent l’horizon et… les esprits. Naviguer en hiver vous permettra de découvrir des paysages et des plaisirs inédits.
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Fenêtres météo : rigueur et méthode

L’hiver supporte mal l’improvisation : on bâtit sa sortie autour d’un créneau aussi stable et lisible que possible, en privilégiant les vents établis, une mer ordonnée et... l’absence de tempête à venir ! Concrètement : un bulletin détaillé, zones côtières et larges, selon la navigation envisagée, avec une règle d’or : on consulte la météo quelques jours avant l’appareillage puis la veille et le matin même du départ. Enfin, une fois à bord, on se doit de suivre toutes les évolutions de la météo. Que vous naviguiez en France ou partout autour du monde, l’outil de référence reste METEO CONSULT Marine. Gardons à l’esprit que les « fenêtres » hivernales bien préparées sont souvent plus confortables qu’un thermique d’été mal anticipé !

Le froid : l’ennemi de la sécurité

La navigation hivernale expose moins aux coups de soleil. C’est un fait. La réalité de naviguer en hiver est de se confronter au froid et à la fatigue. Dans une mer dont la température est inférieure à 15°C, la chute à la mer est encore plus dangereuse. En dessous de cette température, l’immersion provoque un choc thermique : halètement incontrôlé, perte de contrôle respiratoire, tachycardie. C’est la phase la plus dangereuse, avant même l’hypothermie. Lors du briefing sécurité d’avant croisière hivernale, il est indispensable d’expliquer - en plus des règles classiques en cas « d’homme à la mer » - la consigne à tenir : flotter et se calmer pendant au moins 60 à 90 secondes avant toute action. En effet, dans une eau entre 10 et 15°C, on peut survivre plusieurs heures, même sans une combinaison. Le premier danger réside dans ce choc thermique contre lequel il convient de lutter.
En navigation hivernale, les fondamentaux de la sécurité restent globalement inchangés mais gagnent à être suivis à la lettre : port systématique du gilet (150 N, ISO 12402-3), harnais ajustés et lignes de vie capelées, tenues de navigation adaptées à la météo, etc. Les balises personnelles doivent être vérifiées avant l’appareillage et chaque personne à bord doit être capable de gérer le bateau en cas de besoin et savoir comment réagir en fonction des évènements. Ces balises individuelles sont devenues la norme dans la course au large et on les retrouve maintenant de plus en plus dans le monde de la croisière, qu’elle soit hauturière ou côtière. Elles ont l’avantage de combiner un AIS-MOB (alerte immédiate du bord et des navires proches) et un PLB 406 MHz (alerte satellitaire si personne n’a vu la chute à la mer qui reste le plus grand danger en navigation estivale comme hivernale).

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Confort et fiabilité : s’équiper « comme un coureur »

En navigation hivernale, l’ennemi c’est le froid. Heureusement on peut aujourd’hui s’équiper pour rester au chaud et au sec sans dépenser des fortunes avec un peu de bon sens. Le principe des trois couches doit prévaloir : sous-vêtements respirants, couche chaude au-dessus et enfin une veste et un pantalon / salopette étanches. Les gants et le bonnet évitent les déperditions de chaleur par les extrémités et sont à porter dès qu’il fait moins de 10°C. On l’a vu, une balise personnelle est un vrai plus en termes de sécurité en cas de chute à la mer. L’AIS et ou le radar, qui permettent d’anticiper les collisions en mer sont aussi un gage de sécurité quand il fait froid et que la veille visuelle (obligatoire) depuis l’extérieure devient difficile à supporter... Le chauffage à bord est, en hiver, un équipement qui devient un véritable élément de sécurité et non plus seulement de confort. A choisir avec méthode ! Enfin, cela va s’en dire mais... votre bateau doit être en très bon état et capable d’affronter une météo qui pourrait dégénérer !

La lumière d’hiver : une esthétique... et un atout

La basse hauteur du soleil crée des reliefs lisibles, fait « sortir » les risées et les lignes de grains, et offre des couloirs d’ombre utiles pour faciliter la lecture de la mer. C’est aussi la saison où on peut profiter d’ambiances incroyables sans la foule de l’été, des mouillages solitaires et des balades dans des villages abandonnés par les hordes de touristes. Les navigateurs qui pratiquent l’hiver parlent d’une intensité différente. « On profite d’une crique sans devoir supporter la musique du voisin de mouillage et l’on croise enfin ceux qui vivent la mer douze mois sur douze », nous explique un lecteur assidu du Figaro Nautisme. Même tonalité du côté de forums de voile : « Très relaxant. Pas d’autres bateaux, un paysage totalement différent ». Ces clins d’œil disent l’essentiel : la mer est la même, le rapport change.

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Un scénario type, concret

Imaginons un aller-retour de 60-70 M sur 2 jours, Bretagne sud ou Provence - peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse - , avec une fenêtre optimale, mer belle à peu agitée et vent de 10 à 15 nœuds. On va partir en fin d’après-midi pour profiter de la lumière du soir et des plaisirs de la navigation de nuit, bord au portant tranquille avec une arrivée tôt dans la matinée pour viser une entrée de port ou au mouillage de jour. Grand-voile hissée mais ris prêt en cas de besoin, génois déroulé et vous voilà partis. À bord tout le monde est équipé et a suivi le briefing sécurité. Les gilets sont capelés, l’AIS-MOB en état de fonctionner, les lignes de vie installées... Le repas chaud est prêt à être partagé, le thermos bien chaud rempli de thé ou de café selon les préférences de l’équipage les rôles de chacun bien définis et les quarts - courts pour éviter le froid trop mordant de la nuit - répartis entre les équipiers. Il ne reste qu’à profiter de la navigation, du ciel étoilé et des incroyables lumières que le petit matin apportera...

Bonne navigation hivernale et rendez-vous sur un mouillage pour en discuter...


Rappels opérationnels à ne pas négliger

o Avant : définir un go/no-go météo (et s’y tenir), communiquer un ETA à terre, établir un plan B abrité en cas d’évolution dangereuse de la météo..
o Pendant : On porte tout le temps son gilet et on s’attache. En hiver on pense moins à s’hydrater qu’en plein été, pourtant la déshydratation guette. Pensez à boire régulièrement une boisson chaude.
o Après : on va pouvoir raconter cette incroyable navigation au bistrot du port et surtout garder des souvenirs pour longtemps d’un moment unique, comme suspendu.

Pourquoi ça vaut la peine

On pourrait résumer les navigations hivernales à des check-lists de sécurité. Ce serait injuste. L’hiver donne du temps et surtout du temps utile au navigateur aventureux. En mer, en hiver, le marin progresse, anticipe, comprend son bateau... Surtout, la mer rend quelque chose qu’elle partage moins en haute saison : l’intimité. Ceux qui osent les navigations hivernales le répètent à l’envie : « Quel plaisir que de trouver des places dans tous les ports, quelle que soit l’heure d’arrivée, les échanges avec ceux qui naviguent, comme vous, en hiver, sont aussi plus franc. Le partage réel. Les navigations hivernales n’offrent pas l’aventure extrême mais simplement des bonnes navigations ! »

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.