
Fenêtres météo : rigueur et méthode
L’hiver supporte mal l’improvisation : on bâtit sa sortie autour d’un créneau aussi stable et lisible que possible, en privilégiant les vents établis, une mer ordonnée et... l’absence de tempête à venir ! Concrètement : un bulletin détaillé, zones côtières et larges, selon la navigation envisagée, avec une règle d’or : on consulte la météo quelques jours avant l’appareillage puis la veille et le matin même du départ. Enfin, une fois à bord, on se doit de suivre toutes les évolutions de la météo. Que vous naviguiez en France ou partout autour du monde, l’outil de référence reste METEO CONSULT Marine. Gardons à l’esprit que les « fenêtres » hivernales bien préparées sont souvent plus confortables qu’un thermique d’été mal anticipé !
Le froid : l’ennemi de la sécurité
La navigation hivernale expose moins aux coups de soleil. C’est un fait. La réalité de naviguer en hiver est de se confronter au froid et à la fatigue. Dans une mer dont la température est inférieure à 15°C, la chute à la mer est encore plus dangereuse. En dessous de cette température, l’immersion provoque un choc thermique : halètement incontrôlé, perte de contrôle respiratoire, tachycardie. C’est la phase la plus dangereuse, avant même l’hypothermie. Lors du briefing sécurité d’avant croisière hivernale, il est indispensable d’expliquer - en plus des règles classiques en cas « d’homme à la mer » - la consigne à tenir : flotter et se calmer pendant au moins 60 à 90 secondes avant toute action. En effet, dans une eau entre 10 et 15°C, on peut survivre plusieurs heures, même sans une combinaison. Le premier danger réside dans ce choc thermique contre lequel il convient de lutter.
En navigation hivernale, les fondamentaux de la sécurité restent globalement inchangés mais gagnent à être suivis à la lettre : port systématique du gilet (150 N, ISO 12402-3), harnais ajustés et lignes de vie capelées, tenues de navigation adaptées à la météo, etc. Les balises personnelles doivent être vérifiées avant l’appareillage et chaque personne à bord doit être capable de gérer le bateau en cas de besoin et savoir comment réagir en fonction des évènements. Ces balises individuelles sont devenues la norme dans la course au large et on les retrouve maintenant de plus en plus dans le monde de la croisière, qu’elle soit hauturière ou côtière. Elles ont l’avantage de combiner un AIS-MOB (alerte immédiate du bord et des navires proches) et un PLB 406 MHz (alerte satellitaire si personne n’a vu la chute à la mer qui reste le plus grand danger en navigation estivale comme hivernale).

Confort et fiabilité : s’équiper « comme un coureur »
En navigation hivernale, l’ennemi c’est le froid. Heureusement on peut aujourd’hui s’équiper pour rester au chaud et au sec sans dépenser des fortunes avec un peu de bon sens. Le principe des trois couches doit prévaloir : sous-vêtements respirants, couche chaude au-dessus et enfin une veste et un pantalon / salopette étanches. Les gants et le bonnet évitent les déperditions de chaleur par les extrémités et sont à porter dès qu’il fait moins de 10°C. On l’a vu, une balise personnelle est un vrai plus en termes de sécurité en cas de chute à la mer. L’AIS et ou le radar, qui permettent d’anticiper les collisions en mer sont aussi un gage de sécurité quand il fait froid et que la veille visuelle (obligatoire) depuis l’extérieure devient difficile à supporter... Le chauffage à bord est, en hiver, un équipement qui devient un véritable élément de sécurité et non plus seulement de confort. A choisir avec méthode ! Enfin, cela va s’en dire mais... votre bateau doit être en très bon état et capable d’affronter une météo qui pourrait dégénérer !
La lumière d’hiver : une esthétique... et un atout
La basse hauteur du soleil crée des reliefs lisibles, fait « sortir » les risées et les lignes de grains, et offre des couloirs d’ombre utiles pour faciliter la lecture de la mer. C’est aussi la saison où on peut profiter d’ambiances incroyables sans la foule de l’été, des mouillages solitaires et des balades dans des villages abandonnés par les hordes de touristes. Les navigateurs qui pratiquent l’hiver parlent d’une intensité différente. « On profite d’une crique sans devoir supporter la musique du voisin de mouillage et l’on croise enfin ceux qui vivent la mer douze mois sur douze », nous explique un lecteur assidu du Figaro Nautisme. Même tonalité du côté de forums de voile : « Très relaxant. Pas d’autres bateaux, un paysage totalement différent ». Ces clins d’œil disent l’essentiel : la mer est la même, le rapport change.

Un scénario type, concret
Imaginons un aller-retour de 60-70 M sur 2 jours, Bretagne sud ou Provence - peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse - , avec une fenêtre optimale, mer belle à peu agitée et vent de 10 à 15 nœuds. On va partir en fin d’après-midi pour profiter de la lumière du soir et des plaisirs de la navigation de nuit, bord au portant tranquille avec une arrivée tôt dans la matinée pour viser une entrée de port ou au mouillage de jour. Grand-voile hissée mais ris prêt en cas de besoin, génois déroulé et vous voilà partis. À bord tout le monde est équipé et a suivi le briefing sécurité. Les gilets sont capelés, l’AIS-MOB en état de fonctionner, les lignes de vie installées... Le repas chaud est prêt à être partagé, le thermos bien chaud rempli de thé ou de café selon les préférences de l’équipage les rôles de chacun bien définis et les quarts - courts pour éviter le froid trop mordant de la nuit - répartis entre les équipiers. Il ne reste qu’à profiter de la navigation, du ciel étoilé et des incroyables lumières que le petit matin apportera...
Bonne navigation hivernale et rendez-vous sur un mouillage pour en discuter...
Rappels opérationnels à ne pas négliger
o Avant : définir un go/no-go météo (et s’y tenir), communiquer un ETA à terre, établir un plan B abrité en cas d’évolution dangereuse de la météo..
o Pendant : On porte tout le temps son gilet et on s’attache. En hiver on pense moins à s’hydrater qu’en plein été, pourtant la déshydratation guette. Pensez à boire régulièrement une boisson chaude.
o Après : on va pouvoir raconter cette incroyable navigation au bistrot du port et surtout garder des souvenirs pour longtemps d’un moment unique, comme suspendu.
Pourquoi ça vaut la peine
On pourrait résumer les navigations hivernales à des check-lists de sécurité. Ce serait injuste. L’hiver donne du temps et surtout du temps utile au navigateur aventureux. En mer, en hiver, le marin progresse, anticipe, comprend son bateau... Surtout, la mer rend quelque chose qu’elle partage moins en haute saison : l’intimité. Ceux qui osent les navigations hivernales le répètent à l’envie : « Quel plaisir que de trouver des places dans tous les ports, quelle que soit l’heure d’arrivée, les échanges avec ceux qui naviguent, comme vous, en hiver, sont aussi plus franc. Le partage réel. Les navigations hivernales n’offrent pas l’aventure extrême mais simplement des bonnes navigations ! »
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.
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