
A l’occasion de la publication des chroniques d’Isabelle Autissier, Figaro Nautisme revient sur ses textes, jubilatoires, justes et précis. Interview de la navigatrice.
Figaro Nautisme - Qu’est-ce qui a guidé le choix de vos sujets, très variés, qui vont d’un rappel des règles de sécurité en mer au bonheur d’être seule de quart sous les étoiles de l’océan austral ?
Isabelle Autissier - J’avais à cœur de faire passer un certain nombre de messages aux lecteurs qui sont pour la plupart des plaisanciers. La navigation a considérablement évolué ces dernières années. Beaucoup de gens vont sur la mer et ils n’ont pas toujours une grande expérience. Sans faire des chroniques techniques de voile, je souhaitais allumer une petite lumière pour guider le plaisancier.
A la lecture de vos chroniques, on sent une véritable gourmandise de la mer…
Je ressens un vrai bonheur en navigation, toujours renouvelé, toujours différent, et c’est pour ça que je continue ! Je trouvais important de montrer, par des petits détails, le plaisir d’être sur l’eau. Il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde. La mer est accessible et nous ne sommes pas obligés de naviguer très loin, ni d’avoir un grand bateau, pour ressentir ce bonheur. En écrivant ces chroniques, je dis au lecteur : « allez-y, faites vous plaisir ! »
Comment avez-vous développé votre sens de l’observation qui caractérise tous vos écrits ?
J’ai forgé mon expérience du bateau très tôt, avec mon père. A l’époque, il n’y avait pas de GPS, pas de communication météo. On naviguait en Bretagne Nord, ce n’est pas une zone facile. J’ai appris à regarder autour de moi, à observer les nuages ou les changements d’orientation du vent. C’est un élément essentiel de sécurité et je pense que l’observation participe pour beaucoup au sens marin. Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut regarder autour de soi, même si les bateaux sont aujourd’hui bardés d’électronique.
Quand avez-vous commencé à écrire ?
J’ai toujours été une très grande lectrice, cela fait partie de ma vie depuis toujours. A l’époque où j’ai fait de la course au large, je n’avais pas le temps. Mais quand j’ai arrêté la compétition, j’ai été sollicitée par des éditeurs qui proposaient de mettre une plume à ma disposition. Je voulais écrire par moi-même et Grasset m’a fait confiance. Je me suis retrouvée dans une vraie situation professionnelle, avec l’exigence qui s’y rattache, pour écrire mon premier roman sur le chevalier de Kerguelen. J’ai ainsi raconté une histoire qui n’était pas la mienne, même si je me suis inspirée de mes navigations dans cette zone.
Quels sont vos projets littéraires à venir ?
Je travaille à nouveau avec Erik Orsenna sur un projet de livre à quatre mains. C’est un compagnon de voyage très agréable, toujours de bonne humeur, et nous nous étions beaucoup amusés à écrire « Salut au Grand Sud ». Nous avons navigué l’été dernier en Alaska car nous projetons d’écrire sur le détroit de Béring. Nous allons d’ailleurs bientôt repartir mais du côté russe. Et puis, j’ai aussi en chantier le projet d’un nouveau roman.
Naviguez-vous toujours chaque année dans le Grand Sud ?
Au printemps dernier, j’ai ramené mon bateau, qui hivernait à Ushuaia, jusqu'à La Rochelle. Il a trente ans et il avait besoin d’une bonne réfection. Cet été, je vais aller naviguer dans le nord, aux îles Féroé et au Groenland. Pendant huit ans, j’ai fait de magnifiques navigations dans l’océan austral, mais la mer est grande et c’est bien d’aller voir ailleurs.
Chroniques au long cours par Isabelle Autissier. Editions Arthaud. En librairie depuis le 1er mars.
LIRE AUSSI:
Jeanne Grégoire, pête pour la prochaine Volvo Ocean Race
Tempête du siècle: La France est-elle à l'abri ?