
Depuis de nombreuses années, on sait que l’osmose est un mal qui attaque pratiquement tous les bateaux en polyester. Faut-il l’ignorer, le surveiller ou le traiter ? Nous donnons quelques éléments de réponses à ces interrogations.
Comprendre l’osmose
L’osmose est un phénomène dont le principe est qu’un liquide peu concentré migre naturellement vers un liquide plus concentré, à la condition que ces deux liquides soient séparés par une membrane semi-perméable. Dans la nature, on le rencontre au niveau des arbres, la sève absorbe l'eau à travers les feuilles ce qui leur permet de se développer. Dans le nautisme, pour bien le comprendre, il faut s’intéresser à la fabrication des bateaux. Au départ, nous avons un moule sur lequel est pulvérisé en premier le gelcoat puis en second la résine polyester (liquide visqueux) chargée de fibres de verre. Cette résine passe à l’état solide par l’adjonction d’un catalyseur. Il peut arriver que des brins de fibres soient projetés dans la résine sans avoir été parfaitement imprégnés par le catalyseur ou encore que d’infimes particules d’impureté empêchent la résine de durcir. En pratique, tous les ingrédients sont réunis pour développer l’osmose, un liquide peu concentré : l’eau, une barrière semi-perméable : le gelcoat et un liquide fortement concentré contenu dans la résine : le catalyseur. L’eau peut être amenée à traverser le gelcoat créant un déséquilibre (hydrolyse) au sein du polyester. Il en résulte, par réaction chimique, une formation d’acide acétique. Cet acide ne peut pas ressortir et forme des cloques entre le polyester et le gelcoat. L’osmose, dite naturelle, se manifeste visuellement (petites cloques) au bout de 7 à 10 ans. Son développement est très lent mais doit être surveillé. Si les cloques sont importantes, il faut s’assurer qu’il s’agit bien d’osmose et vérifier jusqu’où la structure est attaquée.
Comment la déceler ?
Pour déceler l’osmose, il faut ôter l’antifouling. Là, si vous constatez que des cloques se sont formées entre le gelcoat et le stratifié, il faut les percer pour déterminer la nature du liquide. Si celui-ci est visqueux et a une forte odeur de vinaigre (acide acétique), on est en présence d’osmose. Pour évaluer son importance, il faut examiner visuellement toute la partie immergée et noter l’emplacement des zones atteintes.
Doit-on traiter ?
La solution la plus raisonnable est de s’entourer d’un expert qui sera à même de vous donner un diagnostic. Comme nous l’avons dit, il faut s’assurer qu’il s’agisse bien d’osmose (acide acétique), au besoin mesurer l’humidité de la coque et surveiller le développement. L’expert devant l’étendue du phénomène (grosse cloques), peut être amené à vous conseiller un traitement curatif. C’est onéreux et cela doit être réalisé en suivant une procédure rigoureuse. Tout d’abord, il faut peler le gelcoat. La solution la plus efficace est le rabot électrique qui permet un pelage parfait avec une précision de l’ordre du 1/10 de mm. Une fois pelée, il faut laisser sécher la coque et mesurer régulièrement son taux d’humidité. Lorsqu’elle est sèche, on applique des produits spécifiques (époxy sans solvant) et un primaire pour la bonne tenue de l’antifouling.
Se préserver de l’osmose par un traitement préventif
Lorsque l'on parle de traitement, il faut dissocier le préventif du curatif. Le traitement préventif consiste à recouvrir le gelcoat sain d’une couche d’époxy pour faire une barrière efficace à l’eau. De l’avis des professionnels sérieux, ce traitement ne peut se concevoir que sur un bateau neuf qui n’a pas été mis à l’eau et qui est resté suffisamment à l’air pour que tous les solvants se soient évaporés. Sur un bateau qui a séjourné dans l’eau, on n’est jamais sûr que la coque soit parfaitement sèche lorsque l’on applique le traitement sur le gelcoat. Si elle ne l’est pas, on enferme de l’humidité qui ne peut qu’accélérer le phénomène d’osmose. En conclusion, le préventif consiste à soigner avant que la maladie se déclare. Quant au curatif, c’est un traitement lourd qui ne se conçoit que lorsque la maladie est clairement déclarée et il doit toujours se faire en suivant les conseils d’un spécialiste.