Le grand danger des conteneurs à la dérive

Economie
Par Figaro Nautisme

517 conteneurs tombés à l'eau lors de la tempête Ulla, sont partis à la dérive au large de la Bretagne. Quels risques représentent-ils et comment peut-on les repérer pour en parer les dangers ? Chaque année, des milliers de conteneurs abandonnés menacent la sécurité maritime.

517 conteneurs tombés à l'eau lors de la tempête Ulla, sont partis à la dérive au large de la Bretagne. Quels risques représentent-ils et comment peut-on les repérer pour en parer les dangers ? Chaque année, des milliers de conteneurs abandonnés menacent la sécurité maritime.

Le porte-conteneur Svenborg Maersk avait initialement annoncé avoir perdu 70 conteneurs au large de la Bretagne mais ce sont finalement 517 boîtes qui sont parties à la mer lors de la tempête Ulla. Ce chiffre a été communiqué après l'inspection du navire danois, lors de son escale à Malaga. La préfecture assure que 85% de ces conteneurs ont probablement coulé immédiatement (ils étaient vides et non étanches) mais cela signifie tout de même que près de 80 boites sont parties à la dérive. La préfecture explique que douze conteneurs ont été repérés par des survols et sont en cours de récupération, "aux frais et risques de la compagnie Maersk". 

Cette perte record de conteneurs s'ajoute aux milliers de chutes annuelles. Les experts estiment que sur les 200 millions de conteneurs transportés sur tous les océans du monde, environ 10 000 tombent à la mer chaque année. Ces boîtes, qui peuvent mesurer jusqu’à 40 pieds soit une douzaine de mètres, représentent un risque écologique. D'autant que des substances toxiques, inflammables ou explosives sont transportées par les mers. Mais ils alimentent aussi la terreur des marins, pêcheurs et navigateurs à la voile notamment, qui craignent pour leur embarcation. Chaque grande course au large est ainsi rythmée par les récits de collision. On évoque le plus souvent des OFNI,  objets flottants non identifiés, car il est rare d'identifier formellement les conteneurs qui dérivent entre deux eaux.

Or le problème des conteneurs à la dérive se fait de plus en plus présent, à mesure que les capacités de transport de chaque navire augmentent. La capacité maximale d'un porte-conteneurs est actuellement de 18.000 boîtes (Maersk Line) et lors de l'inauguration à Marseille de l'un des derniers géants, le Jules Verne, la CGT des marins du grand Ouest avait pointé "un moyen de gagner plus rapidement de l'argent en minimisant les frais de transport mais aussi en multipliant les risques".

 

Un repérage aléatoire

 

Lorsqu’une chute de conteneurs est signalée, des prévisionnistes et le Cedre (Centre de documentation, d’expérimentation et de recherche sur les pollutions en mer) déterminent une zone à risque, en fonction de la dérive due aux vents et aux courants. La Marine nationale et les Douanes effectuent des rondes pour tâcher de les repérer. De son côté, le Cross (centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage) alerte les navires croisant dans le secteur. Mais cette méthode reste aléatoire, d'autant que les pertes de conteneurs ne sont pas toutes signalées par les armateurs. L’ONG environnementaliste Robin des Bois a ainsi annoncé vendredi avoir porté plainte à Brest contre la compagnie danoise Maersk, qu’elle accuse d’avoir minimisé la perte de ses conteneurs en omettant d'en signaler 520 à temps.

A l'automne dernier, après la perte d'un lot de 45 conteneurs de la même compagnie, dans les hautes vagues du Golfe de Gascogne, l'ONG Surfrider avait exhorté l'Organisation mondiale du commerce et l'Europe à engager rapidement des réflexions sur la prévention de ce type d'incident. L'une des pistes est d'instaurer un système global de traçabilité des conteneurs. Une méthode jugée très coûteuse si l'on considère qu'il faut équiper chaque boîte. Surfrider a également demandé l'obligation d’adapter des équipements de sauvetage dans les ports afin de permettre une intervention rapide et optimale des secours. De plus, l’association souhaite que les autorités définissent le statut juridique des conteneurs perdus en mer, afin de définir la chaîne de responsabilité en cas d’accident.

 

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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