
Comment s'est déroulée la première édition de votre salon ? « La première édition qui s’est déroulée mi-juillet, a bien fonctionné malgré le fait qu’il y avait peu de monde mais c’était cependant très qualitatif avec beaucoup de contacts, de discussions… Avec l’annulation des salons d’automne, ce salon local répond à une vraie demande et le fait que Sillage Nautisme soit multimarques et qu’on présente une douzaine de bateaux neufs de cinq chantiers différents, le salon a une vraie raison d’être. Les chantiers font en parallèle leurs journées portes ouvertes mais je ne pense pas que les clients se déplacent et parcourent des kilomètres pour aller voir trois bateaux d’un même chantier. Le salon n’a de l’intérêt qu’à partir du moment où il y a du choix, c’est la base ! »
L'annulation des salons de Cannes et La Rochelle a-t-elle motivé votre choix pour une seconde édition ? « La décision d’une seconde édition a été prise avant même si on le sentait venir. Comme tous les chantiers font leurs événements privés je ne voulais pas les court-circuiter, c’est pour cela que le salon aura lieu la semaine suivante, du 16 au 20 septembre. Le concept sera le même qu’en juillet. »

Quel sera l'impact de l'annulation de ces salons d'après vous ? « Dans la profession, nous sommes dans l’expectative. Le salon de Cannes est un salon vraiment important, il lance la saison commerciale, il permet de renouveler le fichier clients et là, nous allons commencer le mois de septembre sans rien. C’est pour cela que je veux mettre le maximum d’atouts de mon côté en termes de communication pour que le salon se fasse connaître surtout avec le contexte actuel, nous sommes dans une zone rouge pour le Covid-19, la clientèle étrangère ne se déplacera pas... Il y a un impact économique auquel nous n’échapperons pas donc à nous de rester actif ! On a la chance d’avoir une clientèle locale, à moins de deux heures de route donc il y a eu beaucoup de gens dans le port et sur l’eau cet été. Mais pour le commerce, il faut susciter des envies de changement, de l’émotion et une grande partie de notre commercialisation a toujours été basée sur les salons nationaux. Nous devons absolument nous réinventer… »
Le système des salons que nous connaissons ne convient plus au marché ? « Je pense que nous sommes arrivés au bout d’un système. Les salons internationaux ont une vraie raison d’être pour les étrangers mais pour les plaisanciers français, je pense qu’on est arrivé un peu au bout… Je me souviens encore du salon de Paris qui se déroulait au CNIT où l’on pouvait accéder à tout comme on le voulait, sans filtres, c’était festif ! Le salon était une fête et aujourd’hui, on a perdu complètement cette notion. Et lorsque l’on est marchand de jouets, si on perd le côté festif, on perd des points… Lors de notre salon, nous laissons l’accès totalement libre aux bateaux, on organise des apéritifs midi et soir pour prendre le temps de discuter, il y a des interventions de professionnels… l’idée est de passer un bon moment et c’est essentiel. »
Le confinement, l'annulation des salons... La saison à venir s'annonce compliquée pour la profession... « Nous sommes dans un marché où il n’y a pas de volumes. Sillage Nautisme est une grosse concession pour la profession et si on vend 30 bateaux neufs à l’année c’est une bonne année. Cette année, nous avons tous été fermés entre 4 et 8 semaines, puis ensuite c’était la fin de saison, une période où on livre et qui est également bénéfique pour le marché de l’occasion, qui a du coup très bien fonctionné. La saison 2019-2020 était bien partie et elle restera correcte. Pour 2020-2021, nous sommes plus dans l’expectative… Mais ce qui est sûr, c’est que les gens se sentent bien sur un bateau et cela fait partie des rares loisirs qui permet de s’évader en toute sécurité pendant cette période de crise. Notre profession est dans une phase de renouvellement de la clientèle, des clients qui débutent en navigation mais qui sont attirés par le concept de vivre des moments sympas en toute liberté. Je pense que cela va nous aider à passer ces mauvais moments. »
Comment faire pour attirer et fidéliser cette nouvelle clientèle ? « Il faut communiquer, que l’on se fasse connaître et que l’on réponde à leurs attentes. Donc je pense que ce type d’événement local comme notre salon répond à cela. Au plus par jour, nous avions une quinzaine de personnes donc il y a de la place pour se balader et découvrir les bateaux sans faire la queue ou être entassé. Sur cinq jours, nous avons vu une centaine de personnes seulement mais qualifiées, nous avons vendu deux bateaux. Comparativement à ce que coûtent les salons de Cannes et La Rochelle, c’est bien plus rentable. »
Comment voyez-vous les prochaines années ? « Je pense que c’est la fin d’un cycle et toute la profession doit se remettre en question. D’autant plus que cette nouvelle clientèle n’est pas du tout nautique, donc comment faire pour les séduire ? Car si nous ne sommes pas bons, ils peuvent très bien décider d’acheter un camping-car plutôt qu’un bateau : ils ont de l’argent, ils veulent se faire plaisir et faire quelque chose de différent. Ils sont dans la notion de plaisir, dans le loisir. A nous d’être bons ! Le monde du bateau est désormais rentré dans le monde du loisir, il faut intégrer cela car c’est une super clientèle qui renouvelle, qui consomme. »

Informations pratiques
La 2e édition du salon de Sillage Nautisme aura lieu à Port Camargue, du 16 au 20 septembre 2020. Au programme : visite personnalisée des bateaux, essais en mer sur rendez-vous, rencontres et échanges avec des propriétaires, ateliers de formation. Pour prendre rendez-vous et obtenir votre invitation, contactez Alain Bourrust, Sillage Nautisme au 04 66 53 33 58, Zone Technique N°2, 30240 Port Camargue.