
La pyrotechnie n’est pas le seul apanage des fêtes et autres manifestations revendicatives. En matière de navigation, les professionnels et les plaisanciers sont même tenus d’utiliser leurs fusées de détresse à mains et autres fumigènes ou fusées parachutes uniquement en cas de danger ou de détresse pour déclencher l’intervention des secours. Tout autre emploi constitue une infraction pénale.
Ces moyens pyrotechniques sont connus de tous les navigants. Ils font partie de l’équipement de base obligatoire. « Pour les plaisanciers tout dépend des catégories de navigation, indique le Lorientais Olivier Mongin, gérant d’AD Bretagne, l’un des magasins de la chaine Accastillage Diffusion. Jusqu’à six milles des côtes, le minimum est un kit de trois fusées vendu 39 € chez nous. Au-delà, pour la navigation hauturière, il faut compter 219 € de matériel ». Si ces fusées ne constituent pas l’essentiel de leurs ventes, les commerçants spécialisés sont amenés à les manipuler et à les gérer quasi quotidiennement. Notamment parce qu’elles ont une durée de vie limitée : elles sont périmées trois années après leur date de fabrication en moyenne. « Ensuite, les engins se dégradent, peuvent se corroder et devenir dangereux, ajoute le gérant. Certains les jettent à la mer ou dans la nature ce qui occasionnent des dégâts sur l’environnement. Nous sommes sensibilisés et faisons passer le message du recyclage à nos clients. »
Un dépôt libre et gratuit de ses signaux
En France, le recueil et le traitement de ces produits dangereux sont confiés à PYRéO (anciennement APER Pyro), un éco-organisme agréé par le Ministère de la Transition écologique. Depuis le 1er janvier 2022, les règles ont évolué : « Désormais tout détenteur d’engins pyrotechniques de signalisation, périmés ou non, peut ramener son matériel gratuitement au magasin d’accastillage le plus proche sans aucune obligation d’achat en échange », explique Jennifer Cornet, déléguée générale de PYRéO. Un changement de taille pour tous les utilisateurs, qui ne savaient que faire de leurs stocks. « En cas de découverte d’une quantité importante de fusées dans la malle du grand-père, par exemple, il est préférable de nous adresser directement un mail (contact@pyreo.fr). Car le stockage de grandes quantités peut poser des problèmes à certains petits magasins », précise la déléguée.
La filière s’organise dans le cadre de la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire). En 2021, elle a collecté 28 tonnes de produits ; elle espère atteindre les 35 tonnes cette année avec les nouvelles mesures. D’autant plus que PYRéO s’adresse désormais au monde maritime professionnel et peut également concerner d’autres secteurs comme le ferroviaire ou l’aéronautique.

Le métal des fusées valorisé
L’organisme fonctionne avec deux prestataires qui couvrent les 600 points de collectes répartis sur l’ensemble du territoire français. Ils mènent quatre campagnes de ramassage par an et confient les fruits de leurs récoltes à deux centres de traitement. L’un, Solamat Merex, situé à Fos-sur-Mer (13) et l’autre, Livbag, installé à Pont-de-Buis (29). « Nous avons répondu à l’appel d’offres de Pyréo voici quatre ans. Nous nous occupons à la fois de la collecte et du traitement sur toute la partie ouest, de Dunkerque à Hendaye », indique Benjamin Thomas, responsable de l’unité de désensibilisation pyrotechnique de AUTOLIV LIVBAG. « Sur une campagne de trois semaines nous desservons 70 magasins et recueillons 5 à 6 tonnes de signaux. » A Pont-de-Buis, les objets périmés sont introduits dans un four, soumis à une haute température qui provoque le déclenchement du principe actif. Les fumées sont traitées, le métal est ensuite récupéré et la boucle vertueuse de l’économie circulaire est bouclée.