Four Winns TH36 : le bon côté est au milieu des coques
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Nous l’avions découvert sous forme de prototype à Cannes en 2022, puis quelques impératifs de contrôle qualité et de mise au point pré-production ont retardé légèrement son lancement. Cette année, nous avons redécouvert le TH36 en version définitive pour son lancement officiel. Alors y aurait-il une similitude dans la stratégie des marques américaines, Wellcraft et Four Winns, au sein du groupe BENETEAU ? On dirait bien que oui, car les deux spécialistes de l’open dayboat de moins de dix mètres, orienté fishing pour la première et bow-rider pour la deuxième, se dirige tout droit vers des unités plus grandes et plus polyvalentes afin de correspondre à des programmes de weekender permettant de suivre l’évolution de leur propre clientèle. Mais là s’arrête la comparaison, car si Wellcraft est parti sur le baroudeur sportif, Four Winns pointe vers le power cat conscient du potentiel de développement et il n’y a qu’à regarder le nombre de marques nouvellement présentes sur ce segment pour s’en convaincre. Ce positionnement permet aussi de séduire une clientèle qui veut plus d’espace, de stabilité tout en consommant moins, oui, même aux États-Unis. Et puis, cela matche avec la politique d’éviter la redondance entre les marques du groupe, à chacun son jardin ou son plan d’eau, comme vous voudrez. Le TH36 (pour Twin Hull) ne vient, ni télescoper les monocoques du groupe, ni Prestige qui a démarré sa M Line avec le 48 puis le 72, des catamarans, certes, mais bien plus grands et orientés grande croisière.
Le style Four Winns à deux coques
La difficulté de l’exercice est de préserver le style Four Winns, car la marque a consolidé son identité depuis 1975 avec des plans de pont très ouverts et de bonnes carènes. Le style et la technologie doivent donc bien se marier. Pour parvenir au résultat, il a été fait appel à Marc Lombard (à qui nous nous tirons notre révérence, parlant ici d’une de ses dernières créations) pour les carènes, et à Camillo Garroni, qui a englobé tout le design et l’ergonomie du bateau. Le franc bord assez relevé affiche une tonture inversée qui affine la silhouette depuis les étraves droites. Martin Meyer, le Product Manager nous fait remarquer que les mains courantes des passavants, en verre et inox, épousent la même forme que les pare-brise des autres modèles de la marque. Mais c’est sur le pont que résident les bienfaits de la formule. Avec une largeur de 4,47 mètres, l’espace est moins compté, pour autant nous découvrons un petit bijou d’ergonomie ou chaque fonction a été choyée. Comme le bateau est destiné également à coloniser la Méditerranée, des passavants symétriques et généreux permettent de passer la pendille aisément. L’allée centrale, qui abrite un coin cuisine sous le hard-top, peut ainsi être libérée du passage, avant-arrière, pendant ou avant les repas ou quand le module de banquette arrière est centré. Ces banquettes, en forme de L reculées sur chaque bord, dégagent le passage du tableau arrière jusqu’au bow-rider avant, ou, quand on les fait coulisser au centre, forment une table de repas en U, transformable en bain de soleil. Cette dernière configuration procure aussi plus de sécurité en navigation avec de jeunes enfants. Difficile de trouver plus efficace comme circulation. Depuis le milieu de l’allée, on accède aux cabines, identiques. Une dans chaque coque, comprenant un dégagement, un lit double vers l’arrière et une belle salle d’eau à douche séparée vers l’avant avec une grande hauteur sous barrot et de bon rangement.
Stabilité et sobriété
Les carènes du TH36 ont été spécialement développées par Marc Lombard Design dans l’optique d’une motorisation hors-bord allant jusqu’à 700 cv. Elles plongent bien juste après le brion et l’élargissement vertical des coques est opéré par une succession de mini redans. Deux en face internes et trois sur le bordé externe, concilient ainsi des œuvres vives très fines avec un bon volume intérieur et un design moderne et racé amortissant bien le passage par mer formée. La motorisation prévoit, à partir de 2024, les nouveaux Mercury Cold Fusion en V8 pour les 300 cv et en V10 pour les 350 cv. Pour l’instant, celui-ci est équipé des anciens 6 cylindres de 350 cv avec le joystick, ce qui est sécurisant avec deux hors-bords pour les manœuvres de port. Le poste de barre est surmonté d’une console pour les écrans. Si la position debout est très bonne, une fois assis, le tableau se gâte un peu puisque le siège n’est pas réglable en hauteur et n’offre pas de visibilité dans cette position. Un point qui n’est pas difficile de corriger, mais indispensable pour faire un peu de miles en toute sécurité et confort. Le TH36 fait preuve d’une stabilité étonnante. Grâce à ses coques étroites et profondes, les courbes sont avalées à bonne cadence sans la sensation de déverser. La vitesse de pointe de 31,5 nœuds est atteinte en moins de trente secondes, c’est un amusement de courte durée, mais l’appétit des Verado affiche 180 l/heure à ce rythme. Redescendant de 6 000 à 4 000 tr/m, on se stabilise en vitesse de croisière entre 16 et 17 nœuds, ce qui semble être le meilleur rendement, offrant 258 miles d’autonomie avec une consommation de 70l/heures. Il est intéressant de noter que ces mêmes performances sont atteintes avec les nouveaux V8 de juste deux fois 300 cv. Martin Peter nous précise qu’avec les nouveaux V10 Cold Fusion de 350 cv, aux meilleures montées en régime, le bateau atteindra certainement 35 nœuds et surtout, consommera encore moins grâce à son couple plus généreux.
Notre avis
La marque américaine frappe fort avec un catamaran open offrant d’une part, les avantage du bow-rider version XXL et d’autre part, l’espace et l’équipement nécessaire pour passer le weekend à bord ou envisager de petites croisières côtières. Le confort en navigation est exceptionnel. En vitesse de croisière, il est possible de vivre presque normalement, les déplacements se faisant sans appréhension. Finalement, le bon côté de la vie, comme l’évoque le slogan du chantier, pourrait bien être au milieu… de deux coques.
Les +
Espaces sensationnel sur le pont
Agréable en navigation
Consommation très raisonnable
Les –
Fauteuil de barre non réglable en hauteur
Réservoir d’eau un peu juste en standard
Tarifs
A partir de (avec 2 x 350 cv) : 555 000 € HT
Prix version essayée : 620 477 € HT
Fiche technique
Longueur hors-tout : 11,71 m
Largueur : 4,47 m
Tirant d’eau : 0,98 m
Tirant d’air : 4,24 m
Déplacement lège : 7,2 t avec 2 x 350 cv
Capacité carburant : 2 x 465 l
Capacité eau : 2 x 95 l l
Cabines : 2
Couchages : 4
Motorisation maximum : 2 X 700 ch Mercury Verado
Vitesse max/croisière : 31/22 nds
Pers/catégorie : B-9/C-14