A l’essai : Leopard 52, électrique et éclectique !

Le Leopard 52 a été la grande surprise du dernier Cannes Yachting Festival où il n’était ni annoncé, ni attendu. Sa présentation a été l’un des évènements du salon et un essai s’imposait pour découvrir le nouveau navire amiral de la flotte Leopard.

Un volume impressionnant et une vue imprenable à 360°

Les catamarans Leopard, construits en Afrique du Sud en partenariat avec le chantier Robertson & Caine depuis 30 ans, sont réputés pour la qualité de la vie à bord qu’ils offrent aussi bien aux locataires des flottes Moorings et Sunsail, qu’aux propriétaires privés. Et le tout nouveau 52 ne déroge pas à la règle : le volume et la sensation d’espace sont vraiment impressionnants avant même d’embarquer. Grand, haut sur l’eau, le catamaran impressionne depuis le quai du port de Saint-Raphaël où nous avons rendez-vous pour un test par une belle journée ensoleillée d’octobre. La météo s’annonce parfaite : mer belle, peu agitée et un vent un peu léger - entre 10 et 15 nœuds établi - qui doit se renforcer au fur et à mesure de la journée.

Bienvenue à bord

L’accès à bord est grandement facilité par les jupes dont on apprécie la largeur. A bâbord, une échelle de bain conçue pour servir aussi d’appui permet, si besoin, d’aider à l’embarquement. Cette échelle de bain témoigne du soin apporté à la conception des Leopard : elle est imposante, solide et pratique. Les catamarans sud-africains, construits également pour les loueurs Moorings et Sunsail, doivent supporter de nombreuses saisons d’exploitation avec des équipages plus ou moins soigneux. Miser sur la robustesse est donc plus économique que de remplacer sans cesse le matériel. CQFD ! Ce qui vaut pour un loueur l’est tout autant pour les propriétaires privés, qui représentent aujourd’hui environ la moitié des Leopard produits.

Un grand catamaran pour vivre confortablement, au mouillage comme en navigation.
Un grand catamaran pour vivre confortablement, au mouillage comme en navigation.


Depuis la jupe, 3 marches vous permettent d’accéder au cockpit arrière, intelligemment complété par une plateforme électrique (en option) développée par le chantier. Cette véritable plage accueille l’annexe en navigation. Une annexe qui peut être plus large que l’espace disponible entre les coques grâce à son ingénieux système de déploiement. L’espace carré-cockpit a été conçu pour former un seul et vaste espace quand le temps le permet. La porte de séparation s’ouvre entièrement et différentes options d’aménagement laissent la possibilité d’organiser l’espace comme bon vous semble : 15 personnes peuvent ainsi prendre place autour des 2 tables qui peuvent se réunir. De quoi imaginer de beaux apéros ou diners dans les mouillages.
A l’avant du carré, on apprécie la nouvelle table à cartes face à la mer et dotée d’un siège de veille vraiment confortable. A tribord, l’espace cuisine est bien pensé, même si la table de cuisson 2 feux sera un peu juste pour nourrir tout l’équipage. En revanche, quelle bonne idée d’intégrer en standard un purificateur d’eau...
De l’intérieur, la vue à 360° est imprenable, d’autant plus que le chantier a réussi le tour de force de remplacer les vitrages classiquement en plexiglass par du verre. Une nouveauté directement issue du monde du motonautisme.
En continuant notre visite, on accède au cockpit avant par une porte depuis le carré, LA signature Leopard. Un espace toujours plébiscité au mouillage, bien abrité du soleil par l’excroissance du toit du roof.

L'espace carre cockpit, une fois ouvert permet d'accueillir de nombreux invites a bord.
L'espace carre cockpit, une fois ouvert permet d'accueillir de nombreux invites a bord.

Des aménagements pour tous !

La version essayée est dotée d’une cabine propriétaire qui donne de sérieuses envies de partir en grand voyage : nombreux rangements, lit confortable, superbe et très grande salle de bain, tout est fait pour offrir un espace de bien-être et un cocon reposant. Dix versions sont proposées par Léopard, toutes avec une salle de bain privative attenante aux cabines. Vous aurez donc le choix entre 3 à 6 cabines selon vos envies et votre programme. Dans la version 3 cabines, on appréciera aussi la coque bâbord avec une utility room, à la fois espace de rangement et buanderie et la cabine arrière bâbord équipée d’un accès personnel au cockpit arrière...

Un essai (vraiment) dynamique

Le poste de barre a été l’objet des plus grands soins : on y accède soit directement du cockpit, soit par le passavant tribord. Le large siège de barre est confortable pour 2 personnes et, cerise sur le gâteau, le barreur reste en contact direct avec les membres de l’équipage, qu’ils soient dans le cockpit ou sur le lounge situé sur le toit du bimini rigide (dont tout l’arrière est équipé de panneaux solaires - 4 x 400 W - très bien intégrés). Avec les 3 winchs électriques en standard et toutes les manœuvres qui reviennent au poste de barre, tout se gère en solitaire sans aucun souci.

Dans la version 3 cabines que nous avons essayee, la cabine arriere babord beneficie d'une sortie privee directe vers le cockpit...
Dans la version 3 cabines que nous avons essayee, la cabine arriere babord beneficie d'une sortie privee directe vers le cockpit...


Hisser la GV n’est donc qu’une formalité, bien aidé par le petit hublot inséré dans le toit de protection du poste de barre, offrant une visibilité suffisante. Dérouler le génois à recouvrement ne demande guère plus d’attention. Notre bateau d’essai est équipé du pack « performances » : voiles en aramide et grand-voile à corne. Par rapport au Leopard 50, produit à tout de même 246 exemplaires, le nouveau 52 gagne un mètre de mât et 17% de surface de voile supplémentaire. Annoncé pour un poids de 23 tonnes lège - grâce à une construction de la coque en une seule pièce en infusion - des coques à redans assez fines, le Leopard 52 se déhale rapidement malgré une brise timide qui ne dépasse pas les 10 nœuds. Nous naviguons tranquillement à 6 nœuds et enchainons les virements de bord avec facilité : pas de manque à virer, le catamaran se relance facilement à chaque fois. Sur un bateau de pratiquement 16m doté d’importantes surfaces de voile, il convient de bien réfléchir avant de lancer une manœuvre. L’ergonomie du poste de barre facilite grandement les choses : les boutons des winchs électriques, situés au sol, sont facilement et naturellement accessibles et les bouts trouvent naturellement leur place dans une baille suffisamment large et pratique.
Au fur et à mesure de la journée, le vent s’établit à 15 nœuds, nous permettant de naviguer à la vitesse de croisière de 7,5 à 8 nœuds hyper confortablement. A cette vitesse, un coup d’œil au tableau de bord nous surprend : nous générons 2 kW par moteur avec la seule régénération permise par les hélices.

Espace, rangements et luminosite : la cabine proprietaire.
Espace, rangements et luminosite : la cabine proprietaire.

Une motorisation hydride vraiment efficace ?

Notre bateau d’essai est effectivement équipé de la motorisation hybride proposée en option par le constructeur. Le système choisi par Leopard est celui proposé par Joool, avec 2 moteurs électriques de 25 kW chacun et 2 batteries lithium de 27 kWh. 1600 W de panneaux solaires et un gros groupe électrogène de 24 kW permettent une autonomie, on va le voir, plus que suffisante. En naviguant au moteur, à la vitesse de 5 nœuds, chaque moteur consomme 4 kW. Sur les batteries seules, l’autonomie est alors de plus de 5 heures d’après l’ordinateur du bord, grâce aux 1600 W de panneaux solaires et à la belle journée ensoleillée. Mais avec l’appui du groupe électrogène, l’autonomie devient pratiquement illimitée. À 6 nœuds, l’ordinateur de bord est formel : nous pouvons naviguer aussi loin que bon nous semble, dans la seule limite du fuel embarqué, le générateur consommant environ 8 l/h.


Pour les besoins de cet essai, nous tentons, sur les seules batteries, de pousser le bateau à fond : à 8 nœuds, les moteurs tournent à 900 tr/mn tandis que la consommation explose à 17 kW par moteur. A ce rythme, l’autonomie reste suffisante pour se sortir d’un mauvais pas, puisqu’en théorie, elle approche des deux heures... Evidemment, cette méthode est fortement déconseillée, et si vous avez besoin d’aller rapidement d’un point A à un point B, mieux vaut mettre en marche le groupe. Avec cette aide bienvenue, les moteurs tournent à 1050 tr/mn. Vent d’une quinzaine de nœuds dans le nez, nous atteignons les 9 nœuds pour une consommation par moteur de 24 kW.

Avec ce tout nouveau modèle, Leopard démontre sa capacité à répondre à différents programmes sur une même base. Motorisation diesel « classique » ou version hybride, le Leopard 52 saura aussi bien séduire une famille ou des amis en vacances, que des propriétaires exigeants cherchant le bateau de leur rêve pour partir, pourquoi pas, autour du monde.


Fiche technique Leopard 52
Longueur à la flottaison : 15,31 m
Longueur hors-tout : 15,75 m
Largeur : 8,16 m
Tirant d’eau : 1,70 m
Surface de voile : 168,3 m2

Déplacement : 20,5 tonnes
Capacité de charge : 7 tonnes
Eau : 700 l
Réservoir eaux noires : 230 l
Carburant : 900 l
Motorisation standard : 2 x 57 ch ou 2 x 80 ch
Motorisation électrique : 2 x 25 kW et 2 batteries lithium de 27 kWh + groupe électrogène de 24 kW + 1600 W panneaux solaires.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.